La consommation a bondi de 25% en 2018, selon le Ministère de l’Agriculture

C’est pour protéger contre les effets nocifs des produits phytosanitaires, que les Zones de Non-Traitement (ZNT), ont vu le jour. Mais dans le même temps, elles entraînent une perte de surface d’exploitation des vignerons, alors que la société civile les juge insuffisantes. Dans les chiffres, on constate que la France a du mal à se passer des pesticides, puisque leur consommation a bondi de 25% en 2018, selon le Ministère de l’Agriculture. Le Gouvernement a donc dégainé l’arme des ZNT, sous la pression d’une partie de la société, afin de définir des espaces de sécurité entre les zones agricoles et les habitations. Cet arrêté, publié au Journal Officiel le 29 décembre, fait suite à une consultation publique menée à l’automne. Ainsi, les zones minimales pour les Zones de Non-Traitement, seront donc de 5 mètres, pour les cultures dites basses (légumes, céréales). Et de 10 mètres pour les cultures hautes (arbres fruitiers et vignes).

Autant « d’avancées », selon Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture, qui permettent à la France de rejoindre l’Italie, la Slovénie et quelques Landers allemands, qui l’on déjà mis en place en Europe. De leur côté, les associations écologistes réclamaient une distance d’au moins 150 mètres, pour éviter tout risque de propagation en cas d’épandage. Europe Ecologie Les Verts a donc déclaré que le parti « continuera de soutenir les maires prenant des arrêtés interdisant l’utilisation de pesticides à proximité des maisons d’habitations ».

En face, la FNSEA (premier syndicat agricole de France), déplore qu’avec ces « distances incompressibles », « le Gouvernement laisse place à l’idéologie et abandonne de nombreux agriculteurs sans solution ». Ces ZNT ne regardent pas en effet, s’il s’agit de recours intensif aux phytosanitaires, ou si l’agriculteur n’en utilise qu’occasionnellement. Les syndicats agricole dénoncent aussi le manque de compensation pour les terres qui ne seront plus exploitées. La FNSEA pourrait donc décider d’éventuelles actions de blocage au mois de janvier.

Et parmi les premiers concernés par les ZNT, le vignoble français. Les vignes sont souvent très proches des habitations en Champagne, en Bourgogne, ou encore en Alsace. D’après les estimations des viticulteurs d’Alsace, 300 hectares de vignes pourraient être supprimées, soit 2% du vignoble. En Champagne, il s’agirait de 1 000 hectares, soit 3% du vignoble, dans une région où le prix de la terre avoisine 1 millions d’€ l’hectare. Enfin, 5% du vignoble de Bourgueil pourrait perdre sa surface, le long de la Loire.

Les viticulteurs ont des marges de manœuvre limitées

Notez enfin que les viticulteurs ont des marges de manœuvre limitées, car le recours aux traitements est quasi obligatoire, même en agriculture biologique. Le cuivre permet ainsi de lutter contre le mildiou, et devrait être le seul à ne pas être soumis aux ZNT. Mais son traitement n’est pas encore complètement mis au point.