Un coup de cœur artistique
Vanessa Franklin a découvert le travail de Takanori Suga lors d’une petite foire à Tokyo, à Nihonbashi. « J’ai eu un grand coup de cœur pour son œuvre, notamment ses squelettes de cerfs peints, qui m’ont immédiatement captivée. » Après une visite de son atelier, situé à une heure de Tokyo, elle lui propose un solo show à Hong Kong. « Il a accepté, et nous avons travaillé ensemble pour créer cette exposition, où il a même résidé dans la galerie pendant plusieurs semaines. »
Une philosophie ancrée dans les cycles de la vie
Les œuvres de Suga explorent des thèmes universels : la vie, la mort, et la renaissance. « Il a passé du temps avec les Navajos en Arizona, où il a collaboré avec un chamane pour créer une œuvre monumentale de 25 mètres de diamètre, peinte avec du sel, » explique Vanessa. « Ses créations reflètent une énergie vitale, une connexion profonde avec la nature et les animaux. »
Suga travaille sur divers supports : soie, kimonos hérités de sa grand-mère, squelettes, et même des maisons abandonnées. « Il n’y a pas de frontières dans son art. Il aime aussi travailler avec des objets trouvés dans des temples, ce qui ajoute une dimension spirituelle à son travail. »
Une exposition immersive et jubilatoire
L’exposition « Of Silk and Soil » est une célébration de la vie et de la créativité. « C’est un artiste plein d’énergie, et cela se ressent dans la galerie, avec toutes ces couleurs chatoyantes, » souligne Vanessa. « Il y a un vrai bonheur à découvrir son travail, qui va au-delà de l’esthétique. »
Suga utilise souvent la technique du négatif, invitant le spectateur à voir les choses différemment. « Il travaille autour des formes, pas seulement à l’intérieur. Cela stimule nos deux hémisphères cérébraux et change notre façon de percevoir l’art. »
Une performance live mémorable
Lors du vernissage, Takanori Suga a réalisé une performance live en peignant sur le dos de trois modèles, représentant trois nationalités différentes : sa compagne japonaise, une amie hongkongaise, et Vanessa elle-même. « Cette performance a été capturée en photo par le photographe français Harold de Puymorin, » précise Vanessa. « Une édition unique de cette œuvre sera exposée le 20 septembre, lors du South Side Saturday, un événement mensuel qui rassemble les galeries de Wong Chuk Hang. »
À venir : des projets ambitieux
Vanessa Franklin ne compte pas s’arrêter là. « En décembre, j’exposerai l’artiste français Antoine de Saint Vaulry, avec le soutien de la Banque Transatlantique. » Elle prépare également une exposition collective pour les 20 ans du salon Fine Art Asia, en octobre, ainsi que plusieurs projets à Paris, dont une collaboration avec la Galerie Kraemer et l’Hôtel Crillon.
« De soie et de terre » est une invitation à découvrir un art qui transcende les frontières, où chaque œuvre raconte une histoire de vie, de mort et de renaissance. « Travailler avec Takanori Suga, c’est comme redécouvrir le monde avec des yeux d’enfant, » conclut Vanessa Franklin.
Photo peinture sur femmes : ©harold de puymorin
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« Of Silk and Soil » (De soie et de terre) – Takanori Suga
Jusqu’ au 11 octobre, la galerie Boogie Woogie Photography et MUG à Tokyo accueillent la première exposition solo de l’artiste japonais Takanori Suga.
Né en 1985 à Nagasaki, Suga a grandi dans un environnement artistique, entouré d’une famille passionnée par les langues et les arts. Formé à la peinture classique à l’université d’art de Nagoya, il repousse constamment les limites de sa pratique, dépassant le cadre traditionnel.
Suga utilise des supports variés et non conventionnels : corps humains, fresques murales sur des bâtiments abandonnés, kimonos en soie de sa grand-mère, sculptures de temples, et même des os d’animaux. Son travail mêle matériaux et histoires, intégrant les souvenirs et les émotions des lieux et des personnes qu’il rencontre. Il a notamment réalisé des œuvres dans des grands magasins voués à la démolition et dans des paysages naturels.
Le titre « Of Silk and Soil » reflète la dualité centrale de son œuvre :
« Soie » : symbolise les kimonos de sa grand-mère, transformés en toiles porteuses de mémoire familiale et d’héritage culturel.
« Terre » : représente le sol, les crânes de cerfs qu’il peint, et une métaphore des cycles de vie, de mort et de renaissance.
Pour Suga, la beauté et la laideur, la vie et la mort, le raffiné et le brut sont indissociables. Son art explore ces contrastes, révélant leur profonde interdépendance.
L’exposition à Hong Kong, ville de contrastes, met en avant des kimonos peints, des peintures sur chaussures, et des pièces de sa célèbre série de crânes de cerfs. Ces œuvres illustrent la tension entre l’apparence et la réalité, le sublime et l’impur.
Suga montre que rien n’est unilatéral : la beauté et la laideur, la vie et la mort coexistent et se complètent.
Boogie Woogie Photography Gallery -The Loft
8F, E. Wah Factory Building,
56-60 Wong Chuk Hang Rd, Wong Chuk Hang, Hong Kong
Sur rendez-vous : Vanessa.franklin@bewephoto.com
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Pour en savoir plus :
Live streaming archive ”[LIVE] IRORI TALK vol.1 Living with Art, Living by Art”, KAMADO JAPAN, May 5 2020, https://www.youtube.com/watch?v=rzY5hS-He5A
Production record ”House Painting Project in Komagome ver2020 Entropy”, RESORT FUTOYU Studio, Nov. 11 2022, https://www.youtube.com/watch?v=v0-0lR5NIpc
Production record ”20200825 TAKANORI SUGA promotion video”, RESORT FUTOYU Studio, Jan. 10 2021, https://www.youtube.com/watch?v=SWXwQB6MyUU