Ce sont ainsi plus de 30 000 Français qui travaillent actuellement aux Etats-Unis avec un visa H-1B. Mais le décret signé vendredi par Donald Trump risque de bouleverser leur quotidien. Le salaire minimum est désormais porté à 100 000 dollars annuels, avec des critères d’éligibilité resserrés, et des frais en hausse. De quoi rendre l’Amérique comme une forteresse. 

Le taux de refus de visas avaient déjà bondi à 24% en 2020, avant que Biden ne rétablisse un certain équilibre. Mais Trump, lui, « veut protéger les emplois américains », tout en renforçant la polarisation de la société sur l’immigration. Notamment dans les États clés comme le Michigan, la Pennsylvanie et l’Ohio, largement hostiles à l’immigration qualifiée. 

La Silicon Valley concentre, en effet, 55% des Français détenant un visa H-1B, selon l’US Citizenship and Immigration Sur vices (USCIS). Les GAFAM emploient plus de 15 000 Français. Avec ce durcissement, les Etats-Unis entendent garder les meilleurs profils, en limitant les postes intermédiaires. Aussi, près de 70% des bénéficiaires sont Indiens, avec 60 000 des 85 000 visas H-1B délivrés en 2023, et seulement 3 000 Français. 

Les nouvelles mesures prendront effet au 1er janvier 2026, et voit le revenu minimum passer de 60 000 à 100 000 dollars annuels, alors que le salaire moyen dans la Silicon Valley oscille entre 85 000 et 95 000 dollars par an. Il supprime également le droit aux conjoints de pouvoir travailler. Et les contrôles en entreprises seront renforcés. D’autant que les sociétés devront observer un délai de 30 jours pour publier l’offre sur des plateformes américaines avant de recruter un étranger. Ironique dans le pays se voulant le plus libéral du monde. L’avantage donné par un Master ou un doctorat s’annihile pour les Français candidats à l’expatriation aux Etats-Unis. 

Des modifications qui ont également sur le visa L-1, utilisé par de nombreux cadres français pour se faire muter aux Etats-Unis. Désormais, l’entreprise devra démontrer qu’aucun candidat américain ne peut occuper ce poste pour pouvoir recruter un Français. Sa durée de validité est également réduite 7 à 5 ans, en ayant une seule possibilité de le reconduire. 20 à 30% des demandes de L-1 seront ainsi rejetées à partir de 2026. 

Enfin, les J-1, qui visent 3 000 français en stage chaque année, sera réduit de 18 à 12 mois. Les employeurs récalcitrants risquent une amende de 5 000 dollars, et une interdiction de recrutement de J-1 pendant 2 ans. 

Seuls les visas EB-6, visant l’installation des investisseurs étrangers fortunés semblent épargnés. Mais il faudra investir au minimum 5 millions de dollars aux Etats-Unis, dans un fonds d’infrastructure américain, ou une entreprises créant au moins 50 emplois aux États-Unis. Le délai d’obtention est de 6 mois, et la Green Card sera immédiate pour conjoint et enfants de moins de 21 ans. Sans exigence de salaire minimum, et un accès à la citoyenneté américaine après 5 ans. 

Alors si les États-Unis restent le premier marché mondial pour les talents, le jeu en vaut-il encore la chandelle ?