Une date symbolique, puisqu’elle marquait le 44è anniversaire de l’abolition de la peine de mort, obtenue par l’ancien avocat, alors ministre de la Justice de François Mitterand. Une cérémonie à laquelle la veuve de Robert Badinter, Elisabeth, a participé. Retraçons désormais le parcours de François Badinter.

Né dans une famille juive d’origine moldave, le jeune Robert a cependant grandi à Paris. Mais en 1943, son père est arrêté sous ses yeux, alors qu’il n’a que 14 ans. C’est le SS Klaus Barbie qui ordonnera la chasse aux juifs, à Lyon. Le père de Roibert Badinter sera assassiné au camp de Sobibor. La famille Badinter, elle, aura trouvé refuge en Savoie, à Cognin, à côté de Chambéry. D’ailleurs, s’il a toujours refusé toutes les décorations, il acceptera uniquement d’être fait citoyen d’honneur de Cognin. À la fin de la guerre, Robert Badinter attendra le retour de son père, son oncle et sa grand-mère maternelle, en vain. Il reprend alors ses études, et s’oriente rapidement vers le droit, pour devenir avocat d’affaires, puis pénaliste.

Et c’est au moment où il est ministre, que Klaus Barbie est arrêté en Bolivie, en 1983. C’est Robert Badinter qui insistera pour que le SS soit incarcéré à la prison de Montluc, à Lyon, où il avait torturer tant de gens. Mais Rober Badinter se tiendra à distance, lors du procès de Barbie, en 1987, et ne se constitue pas partie civile. 

Mais le combat de sa vie sera donc celui abolissant la peine de mort. Admirateur sans borne de Victor Hugo, Robert Badinter a toujours estimé que « la mort ne peut être un outil de justice ». Notamment après avoir assisté à l’exécution, le 28 novembre 1972, de l’un de ses clients, Roger Bontemps, accusé d’avoir participé à une prise d’otage meurtrière à la centrale de Clairveaux. Il défendra également Patrick Henry, accusé de l’enlèvement et le meurtre du petit Philippe Bertrand, âgé de 8 ans. Militant contre la peine de mort pendant plus de 10 ans, avant de devenir ministre, avec l’accession au pouvoir de François Mitterand. Son discours à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981 restera célèbre. Quelques semaines plus tard, le 9 octobre, la loi était promulgué, après un vote favorable des députés et sénateurs. 

La cérémonie d’hier soir a débuté à 19h, par un discours du Président de la République. Puis le cercueil de Robert Badinter est arrivé sur la nef du Panthéon. Julien Clerc a interprété sa chanson « l’Assassin assassiné », inspiré d’un procès où plaidait Robert Badinter, en 1980. Puis Guillaume Galienne, de la Comédie Française a lu des textes de Victor Hugo. Les anciens présidents de la République, ainsi que Sébastien Lecornu, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, ont également été invités lors de cette cérémonie solennelle, montre l’accueil de la Nation, pour l’éternité.