C’est la première fois dans l’Histoire qu’un ancien président de la République va en prison, après sa condamnation dans l’affaire du « financement libyen » de sa campagne présidentielle de 2007. Nous avons demandé aux Français de l’étranger ce qu’ils pensaient de cet événement inédit. 2 396 personnes y ont répondu du 19 au 22 octobre.
Premier enseignement, pour 75% des Français Nicolas Sarkozy doit être considéré comme un justiciable comme les autres, selon un sondage Toluna-Harris Interactive pour RTL. C’est d’ailleurs l’avis de 66,67% des consultés sur notre sondage. Mais dans le même temps, 33,7% des sondés remettent en cause la partialité du jugement et sont choqués par cette incarcération. Là où 31,14% la trouvent normale et en application avec la Loi.
Car si Nicolas Sarkozy a fait appel, et est donc toujours « présumé innocent », les chiffres du ministère de la Justice en 2024, montrent que « le taux de mise à exécution immédiate s’établit à 87% en comparution immédiate ». Le rapport indique même que plus le quantum de la peine est important, plus le taux de mise à exécution immédiate grimpe. S’il n’est que de 47% pour une peine inférieure ou égale à 6 mois, ce taux passe à 89% pour celles de plus de 24 mois. Le cas de Nicolas Sarkozy, condamné à 5 ans de prison, n’est donc pas exceptionnel. Une incompréhension, cependant pour les Français de l’étranger, qui sont 64,46% à trouver cette incarcération injustifiée. Et cela s’explique facilement, la France est le seul pays au monde à faire exécuter une peine avant que l’appel d’une décision ait été statué.
Et les médias étrangers n’ont pas hésité à décortiquer cette incarcération. La BBC ouvrait ses journaux d’information avec cette nouvelle, mardi. Rappelant que le seul précédent chef d’Etat français emprisonné était le Maréchal Pétain, en 1945, pour haute trahison et collaboration avec l’Allemagne nazie. The Economist y voit un « tournant par rapport à l’époque où les responsables politiques français étaient perçus comme bénéficiant d’une culture d’impunité ». Notre échantillon nous révèle, par ailleurs, que 82% des Français de l’étranger ont été informés par les médias de leur pays de résidence de cette incarcération. Et si les Britanniques, les Allemands et les Italiens applaudissent, les Américains – eux – font un parallèle avec Donald Trump, quand Nicolas Sarkozy dénonce un complot de la justice. Le New-York Times ne manque d’ailleurs pas de rappeler que Nicolas Sarkozy avait construit sa carrière politique sur la loi et l’ordre. Pourtant, près de la moitié des consultés, 47,43%, estiment que l’image de la France a été dégradée avec cette incarcération. Un épisode qui ne semble pas ébranler son image. 67% des sondés le juge dynamique, 58% courageux et 50% compétent, selon le sondage de l’AFP, auprès de 1 025 personnes représentatives de la population français.




