Une phrase prononcée la semaine dernière, lors du 107è Congrès des Maires de France, évoquant un monde « qui se dégrade », et des Français devant « accepter l’idée de perdre des enfants » et « de souffrir économiquement ». Le général a également donné une trajectoire. Enjoignant les Français à « être prêts dans 3 ou 4 ans ».
Jamais un haut gradé de l’Armée n’avait été aussi direct. Une façon très cash d’informer que l’époque où la France pouvait croire que son environnement stratégique resterait stable est révolue. L’alliance américaine est fragilisée. La Chine s’est hissée au rang de puissance militaire. Le Moyen-Orient est entré dans une zone de turbulence durable. Et le Sahel est de nouveau un foyer florissant pour les terroristes.
Et la menace la plus proche est celle de la Russie. Car, selon le général Mandon, Moscou ne limitera pas ses ambitions à l’Ukraine. Il prévoit donc une confrontation avec les pays européens et les membres de l’OTAN d’ici 2030. Car la Russie dispose de ressources, de capacités d’armement, d’une industrie orientée vers l’effort de guerre, et de dirigeants prêts à assumer le coût humain d’un tel dessin. Et si la France possède l’Industrie, la technologie et l’expertise, il ne semble lui manquer que « la force d’âme ». Et notamment sur le fait de comprendre que la paix nécessite un effort et une cohésion. Et en s’adressant aux Maires, le général Mandon s’adresse à l’ensemble du pays. Ses prédécesseurs avaient, eux aussi, alerté en leurs temps. Ainsi, le général Burkhard, juste avant de quitter ses fonctions, alertait sur la rapidité du réarmement russe, plus dynamique que celui des Européens. La différence, aujourd’hui, est que le discours ne se limite plus aux institutions.
Et de nombreux dirigeants politiques ont critiqué le côté « va-t-en-guerre » de cette déclaration. Or, cela peut traduire une méconnaissance d’un principe pourtant fondamental : le soldat choisit son métier, mais pas sa mission. Il sert la Nation, et ne décide pas du moment, ni des raisons qui le poussent à être envoyer en opération. Une inculture militaire favorisée par la disparition du service national depuis plus de 25 ans. Et où moins d’1% de la population porte l’uniforme. Or, la célèbre citation « Si tu veux la paix, prépare la guerre », est le fondement même de la dissuasion. Elle suppose aussi que les adversaires perçoivent une cohésion nationale, une solidarité entre civils et militaires, une absence d’ambiguïté dans l’engagement du pays à défendre son territoire et ses alliés.
Et vue de l’étranger, cette controverse semble difficile à comprendre. L’Amiral Patrick Chavallereau, lui-même Français de l’étranger, comprend les propos du général Mandon, dans la mesure où la Russie « menace notre sécurité et nos intérêts ». Un discours qui appelle à reconstituer une culture de sécurité nationale, à renouer le lien entre l’armée et la société, à regarder le monde tel qu’il est devenu. Le discours en entier est à retrouver sur lesfrançais.press.




