Quand la famille est loin.

Rentrer en France pour les fêtes de Noël, quand la famille est loin. Un dilemme qui pour certains ne semble pas en être un, alors qu’il est  très éprouvant pour d’autres. Pour les plus chanceux, faire du ski au Japon ou dans les Alpes tient au choix entre deux plaisirs. 

Apparemment seulement, car derrière cette décision se cache toujours (?) une bonne dose d’hésitation avant de prendre la bonne décision. Sans jamais savoir si elle est vraiment la bonne. Décidément, Noël rend souvent fragiles ceux qui ont une connexion plus ou moins affective, sensible avec le sens profond de la fête. 

Sauf les endurcis et enfermés dans leur existence personnelle. Pour leur bien évidemment, pas de jugement moral, juste le constat d’une déconnexion consommée. “Ma femme est partie en  stage de Yoga et je vais la rejoindre pour Noel”. Cela concerne des catholiques dont le souvenir de Noël de leur enfance est bien rangé dans la catégorie des dossiers classés sans suite.

Pour beaucoup, les parents vieillissants, les enfants déjà presque totalement autonomes, la tentation de prendre du temps pour soi, enfin! peut être, plus que légitime. D’autant que parfois cette tentation est motivée par le vrai besoin de se poser, surtout en sentant que les forces physiques diminuent avec l’âge. Et le mental parfois suit en parallèle ou devance le déclin physique.

Prendre soin de soi.

Tout cela de façon préventive, pour éviter de se retrouver dans une situation similaire à cet homme, dont l’histoire m’a marquée comme exemple pour savoir comment éviter de telles situations. Connue à HK, et de là partout ailleurs ou presque, là où il se trouvait pour ses activités professionnelles tout aussi enivrantes que débordantes. 

Je ne savais pas, lui non plus sans doute, que ce serait notre dernière rencontre, lors d’un dîner pour échanger des nouvelles. Puis quelques mois plus tard, j’apprends sa disparition soudaine à cause d’un malaise mortellement foudroyant. Le visage émacié portant des stigmates de la fatigue n’est pas toujours bien vu par le porteur d’un tel masque, qui pourtant ne trompe pas.

Pour lui aussi, la famille était loin, certes! géographiquement, à laquelle pourtant il était très attaché. Est-ce pour elle qu’il se tuait au travail? Sans doute en partie. Une fois la machine en route, elle aura du mal à s’arrêter, la dépendance au travail est comme toute une autre addiction. 

Cela se vérifie une fois la retraite sonnée. Profitons des occasions que constituent les temps d’arrêts comme celui offert dans la période de Noël. Et peut-être surtout, puisque à Noël tout porte à se regarder en face dans un environnement professionnel et surtout familial favorisant ce genre de réflexions. C’est un temps béni pour faire mûrir des projets pour savoir quoi faire après. Après les fêtes et après le départ à la retraite. 

Tiraillement toujours.

La réalité provoque le tiraillement qui n’apaise pas et éprouve les nerfs déjà bien sollicités par ailleurs. C’est le cas surtout de la génération des seniors dont certains ont encore des parents plutôt très âgés. Génération, dont je fais partie, génération qui se pose éventuellement ce genre de questions. 

Alors que les plus jeunes sont dans une dynamique du merveilleux à susciter et ou à entretenir pour remplir le foyer familial, en pleine croissance, d’une ambiance de rêve. On prend les bagages et on y attache les enfants pour passer du temps dans un cadre enchanté des campagnes françaises. 

Une excellente occasion pour faire goûter aussi à la progéniture la saveur des produits locaux du terroir. Il est si riche en variété et de très  haute gamme en termes de qualité. 

La joie partagée de la rencontre à l’occasion de Noël est parfois ternie par les désagréments saisonniers qui vont jusqu’à faire clouer au lit pour faire passer la fièvre et la faiblesse. C’est plutôt l’hôpital de campagne que la campagne de Noël en bonne et due forme.

Ceux qui restent.

Ceux qui décident de rester se retrouvent dans une des catégories suivantes. Ils restent pour accueillir d’autres qui viennent leur rendre visite. Ils semblent un peu plus disponibles pour passer du temps ensemble de façon utile et agréable. 

Ou alors, ils restent entre eux, pour prendre du temps à eux, pour se reposer sans courir ni derrière les devoirs, ni derrière les avions qui déplacent les problèmes, mais ne les résolvent pas. Ils restent pour enfin avoir du temps pour eux-mêmes. 

C’est plutôt le lot de ceux qui sont en couple ou en famille. Les solitaires mais sociables potentiellement cherchent à se trouver une compagnie pour ne pas trop gâcher la joie de la fête. Mais tous n’auront pas cette chance. 

Car il y en a qui restent sans que l’on le sache. Et forcément sans que l’on les cherche. Alors qu’ils ne demandent pas mieux que cela.  Que l’on les inclut dans un cercle plus large que leur propre solitude. Ou que l’on leur fiche la paix, surtout dans cette période. Ce sont  des éclopés de Noël.

Les éclopés de Noël.

Il y a des solitudes qui sont plus difficiles que d’autres. Et il y a des périodes où la solitude pèse plus qu’à d’autres moments. Nombreux sont les éclopés de Noël. Habituellement on les voit dans les prisons et/ou sur le lit d’hôpital. Ils sont aussi sur la route et dans le lieu de travail. 

Je ne sais pas si, durant les fêtes, on soumet à une sorte d’astreinte  uniquement ceux qui ne se sentent absolument pas concernés par Noël et ses résonances? Serait-ce alors une discrimination positive ou négative? Mise à part cette question plutôt  rhétorique, un peu décalée par rapport  au sérieux de la question générale, toute situation mérite attention.

Dans la CCFHK nous avons aussi cherché à savoir comment répondre à des situations de solitude le soir de Noël. Les solitaires du monde entier, unissez-vous! La bénédiction est venue de la part d’un jeune couple, qui, sans enfant et sans famille sur place, se rendit disponible à une telle initiative. 

Le soir de Noël devient alors une rencontre insolite entre les personnes que ni les origines ni le niveau social n’auraient naturellement mises ensemble. Le miracle de Noël est aussi là.

Vous faites quoi à Noël?

Une question aussi banale que parfois un peu intrusive, surtout si la volonté mal cachée de se comparer motive un tel interrogatoire. En toute innocence on me la pose aussi, en général  elle n’a rien de comparative comme arrière-plan. Elle révèle plutôt un peu de souci pour le repos du pasteur.  

Parfois, il est vrai, la question porte un brin de curiosité comparative. Mais est-ce pour justifier l’absence à HK et aux fêtes de Noël, par laquelle, dans leur esprit,  je suis censé être concerné, tout au moins pour la préparation. Je reste, car je travaille! Oui bien sûr!, on acquiesce sans sourciller. 

Depuis mon départ de la maison familiale, j’ai passé une fois le lendemain de Noël dans la famille en Pologne. Mais plusieurs fois dans la famille en France. Ici à Hong Kong, les membres de la CCF et d’autres amis, c’est ma famille. Ma mission est de me laisser intégrer dans une fête de Noël quelque part. Cette année, cela va se faire dans le cadre de la soirée avec d’autres  éclopés de Noël.

Cela rapproche des bergers qui, pas loin de Bethléem, se sont sentis invités à la fête avec tous les anges et d’autres comme eux. Cela rend plus attentif à l’égard de ceux qui n’auront personne pour leur communiquer le sourire d’un enfant. Et transmettre l’ambiance de la crèche, où un bébé dort en rêvant des oiseaux du paradis qui papillonnent sur les prairies en fleurs. 

Connaissez-vous la dernière pub de Noël?

Je ne vois pas très bien. Ah! Oui, c’est autour du méchant loup qui devient végétarien! En effet, il y a des miracles qui font plaisir plus que d’autres. Surtout le soir de Noël! Et tout le monde se met à rêver de voir tous les méchants loups devenir de gentils amis des autres animaux. Le temps de la pub qui fait du bien, surtout là où ça fait très mal. 

Le succès d’une pub commerciale est dû à la vague culturelle porteuse des valeurs actuelles. Elles s’expriment dans l’attention pour l’environnement. Y compris de pauvres bêtes, victimes de féroces appétits des carnivores qui cherchent, là où ils le peuvent, des ressources en protéines indispensables pour leur bien-être référencé sur la virilité qui n’est pas réservée qu’aux virus probati (ces hommes dignes de foi et de confiance), mais à tous ceux qui ne jurent que par la force des muscles. 

Un imaginaire un peu trop musclé de certains fait oublier que parmi les grands sportifs professionnels ou amateurs et des gens ordinaires comme vous et moi, il y en a beaucoup qui sont des vrais végétariens qui trouvent des protéines dans les plantes. Ne me demandez pas de savoir si cela est suffisant pour l’équilibre  nutritif. Je ne suis pas nutritionniste, mais je serai ravi d’apprendre un peu plus sur cette question.

Je ne sais pas comment le commanditaire et ou le concepteur de la pub était capable de trouver une inspiration qui fait le Buzz. Le thème est archi connu. Il est même consigné dans la Bible. C’est le rêve de vivre en paix qui motive cette image. Une bête féroce se convertit pour devenir doux et inoffensive comme un agneau.

Évidemment les spécialistes de la communication vont dénicher dans la pub une moralisation. Sans parler de la manipulation, un terme qui est réservé à la description de basses œuvres de promoteurs de certaines vérités qui ont pour vocation ainsi étayée d’être  plus vraies que d’autres. 

Christmas Ads.

La pub de Noël de la chaîne alimentaire française a rendu jaloux les Américains. Pour une fois, ils se sont vu doubler par une initiative venue de la vieille Europe, dont le déclin ne cesse d’être annoncé avec des preuves irréfutables à l’appui. 

En fait, l’initiative n’a rien d’original, elle est comparable au succès des premières  décennies de transfert des technologies de l’Occident en Asie et Chine en particulier. Ce sont les Américains qui ont inventé ce mode de communication qui fait ses preuves en France. Rien de plus. 

Il serait intéressant de voir comment ce mode de communication prend souche partout ailleurs.

Interview La pub de Noël d’Intermarché, carton mondial : «On double le discours commercial par un discours moral»

Par Emilia SpadaPublié le 12/12/2025 à 17h41

Sa force est aussi ailleurs.

“Un clip publicitaire d’animation de la chaîne de grands magasins Intermarché, -note la presse française (Libération)- mis en ligne le 6 décembre, est en train de faire le tour du monde. Louée pour sa non-utilisation de l’IA, en miroir des critiques adressées à certaines multinationales, la publicité cumule déjà plus de 600 millions de vues sur les réseaux sociaux.”

« Ce Conte de Noël, réalisé par un studio d’animation montpelliérain, met en scène un loup qui apprend à cuisiner des légumes car il est rejeté par les autres animaux de la forêt .” 

Un loup qui se met à cuisiner et à manger des légumes. Le loup méchant, cela va de soi, il n’a pas de vie facile. Il a été ostracisé par les autres animaux, surtout les herbivores. Les carnivores comme lui disparaissent de la scène, de la forêt, de la jungle de la société des nations d’animaux. Et de la nôtre par la même. 

Sous la pression de l’entourage, et surtout pour vivre dans la bonne entente avec qui il partage l’environnement, il décide de changer d’avis sur son mode alimentaire. Ce fait démontre que le loup est déjà atteint d’un syndrome de transhumanisme, si présent dans tous les contes. 

Et pour bien évoluer dans la direction désirée par les autres, non seulement il prend une décision radicale le concernant de changer d’alimentation. Il décide d’être proactif en apprenant à cuisiner. Les légumes!

Évidemment, les autres animaux non carnivores ne cuisinent pas. Mais c’est parce qu’ils ne sont pas assez proches de leur congénère qui finalement le premier a compris comment se comporter pour être bien vus par tous les humains aussi. 

Le repentir qui vaut une confession. 

Et surtout! Le méchant loup, repenti comme un mafieux honteux de ses basses œuvres, est plus proche des agneaux qu’il dévorait naguère, que des autres végétariens, vaches ou autres boeufs. 

Même si ces derniers sont aussi dans la crèche, c’est un conte de Noël, rappelons-le, destiné  surtout à ceux qui ne l’auraient pas noté, distraits  par l’adjectif “ads” de Christmas qui parfois ne fait pas le poids, comme dans la discrimination positive ou négative.

C’est un méchant loup, tout penaud, mais qui retrouve sa fierté devant la casserole de cuissons des cucurbitacées et d’autres radis(caux). Non, la pub n’est pas moralisante, contrairement à ce que présente l’éminent spécialiste de la communication. 

Elle vise à attraper dans le filet de la consommation tous ceux qui seront sensibles au charme. La moralisation peut être éventuellement identifiée dans le regard de certains consommateurs des Christmas ads  amusés par le charme d’évocation d’un monde idéal qui les tente aussi. Tout au moins parfois, tout au moins à cette occasion, celle de Christmas day. 

Mais songent-ils déjà au boxing day pour solder les affaires de Noël au meilleur prix, en se débarrassant ainsi de tous ces cadeaux, surtout celui de l’Enfant, dont le souvenir émoustillé va traîner parmi les affaires quotidiennes qui vont vite remplir le temps et l’espace des encombrants nettement plus faciles à produire et surtout à intégrer dans leurs vies que celui de l’Enfant à la stature d’un géant qui en attendant mieux demeurera farouchement gênant. 

Longue vie à tous ceux qui y voient un danger pour leur liberté. Longue vie pour la trouver enfin. Il n’y a rien de moralisateur dans ceci. Un constat simple dans lequel chacun peut trouver sa réponse. Le temps aidant, ce qui est nécessaire dans une durée longue mais finalement  très appréciée à cause du résultat final. 

Noël, paix entre les vivants.

A certaines époques, certains belligérants arrêtaient les hostilités pour respecter la trêve de Noël. La Bible est truffée d’appels à faire la paix, qui finalement prévalent sur les appels à la conquête et la défense musclées.  Mais restons sur le plan du merveilleux qui finalement n’alourdit pas trop notre conscience, au contraire allège le poids des jours et des années. 

Le livre d’Isaïe contient un texte particulièrement explicite, porteur d’une telle utopie. C’est au chapitre 11,1-10. Voici des extraits entrelardés de mes commentaires.

“Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira.”  

Les antinomies sont ainsi gommées, les faibles ne seront plus des victimes et les forts seront libérés de leur besoin de détruire d’autres vivants pour exister. Tous deviendront dociles à la volonté d’un petit garçon qui va les promener ensemble pour son amusement et leur bien-être. Pas de jalousie, pas de frustration, pas de complication, tout est simple comme une application qui se laisse remplir et enregistrer du premier coup.

“La vache et l’ours auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion comme le bœuf mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra; sur le trou de la vipère, l’enfant étend la main.”

Cependant le réalisme pousserait à faire des objections. La sécurité des enfants y est ainsi exposée au danger, dont aucune naïveté ne pourra gommer la réalité. Mais la véritable pointe est au-delà de l’image, au demeurant très suggestive. Elle porte sur ce qui précède et suit cette description idyllique. 

Il s’agit de la promesse qui est faite au descendant de David qui sera capable de mettre de l’ordre dans les affaires du monde.

 “La justice est la ceinture de ses hanches, la fidélité est la ceinture de ses reins.”

Ce sont ses qualités inégalées pour les autres humains. D’autant plus que

“Il ne jugera pas sur l’apparence…Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute  la montagne sainte; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux couvrent le fond de la mer.” 

La perspective spirituelle car croyante y est clairement affichée. 

Noël c’est cela “les nations (la racine de Jessé symbolisant les origines de l’annonce messianique) chercheront, et la gloire sera sa demeure”. 

De prêt et de loin, 

Joyeux Noël!