Et tous les Français ont été touchés et se rappellent ce qu’ils faisaient ce soir-là. Les Français de l’étranger aussi. Et 10 ans, quel est l’héritage resté de cette funeste soirée ?

Fondatrice du Chelsea Film Festival à New-York, Ingrid Jean-Baptiste se souvient juste que sa mémoire a fait un blocage sous le choc de l’annonce. Et malgré l’émotion collective et les hommages initiaux, elle estime que « la mémoire des victimes n’a pas suffisamment été honorée ». 

Ludovic, lui, était à Bruxelles, et n’a appris les attentats que le lendemain. Il a d’abord ressenti de l’incrédulité, avant d’être « rattrapé par l’angoisse de s’assurer que ses proches en France étaient sains et saufs ». 10 ans après, il se remémore la tension des heures qui ont suivi les attentats et « la traque en direct à la télévision et les réseaux sociaux ». D’autant que Ludovic connaîtra la même angoisse, six mois plus tard, avec les attentats du à l’aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016, tuant 32 personnes. 

Philip Cordery, député des Français du Benelux entre 2012 et 2017, estime que « cette journée a laissé une empreinte indélébile ». L’ancien élu se remémore qu’il avait organisé un séminaire avec des proches de sa circonscription, avec qui il dînait dans un restaurant de Bruxelles, ce soir-là. Tous sont restés ensemble, sous le choc, mais unis et soudés. Et une fois passée la tristesse, c’est l’inquiétude qui lui succéda 10 mois après l’attaque de Charlie Hebdo. Puis la responsabilité l’a rattrapé dans la nuit de vendredi à samedi, lorsqu’il a su que les assaillants venaient de Belgique. Philip Cordery a contacté l’ambassade, le Consulat et le ministère de l’Intérieur, pour sécuriser les Français de Belgique. Il retiendra « l’extraordinaire élan de solidarité et de soutien qui s’est manifesté à travers l’Europe ». Mais aussi la « nécessite absolue de ne jamais céder aux amalgames, de distinguer la lutte contre la haine de toute forme de stigmatisation. C’est donc cette vigilance et cette fraternité qui doit continuer à nous guider ». 

À Londres, le conseiller des Français du Royaume-Uni – Samy Ahmar – se rappelle qu’il était chez lui, lorsque les alertes infos ont afflué. Il se remémore aussi que l’ampleur de l’attaque n’a pas tout de suite été connue. Et c’est l’effroi qui l’a saisi, lorsque tout cela s’est dessiné. Il a « participé à un rassemblement spontané à Trafalgar Square » le lendemain. La conseillère des Français du Royaume-Uni, Patricia O’Connelle était également présente. Et selon elle, « toute une génération de jeunes » a connu la fin de l’insouciance. Elle considère que 10 ans après, « nous devons continuer à défendre notre unité, notre liberté et notre capacité à vivre ensemble malgré la peur ».

Florence, elle, était à Athènes et participait à une soirée conviviale, au Lycée Franco-Héllénique de la capitale grecque lorsque les téléphones ont commencé à sonner. Et au Maroc, Sophie raconte sa stupéfaction, et son angoisse alors que ses enfants s’apprêtaient à faire leurs études en France. Également installée au Maroc, Nathalie Charpentier a éprouvé une grande angoisse alors que sa sœur habitait le 11è arrondissement, près du Bataclan. Elle a longtemps eu du mal à aller au spectacle ou au restaurant. Mais « la vie a repris son cours, et la solidarité s’est exprimée dans le monde entier ».

En conclusion, Frédéric Le Vouedec, professeur des écoles à Bratislava, considère « qu’il faut éduquer sans trêves, et défendre nos démocraties contre tous les fanatismes ».