C’est une décision récente qui a été prise pour se caler sur le découpage des circonscriptions consulaires, qui permettra au Consulat de France à Buenos Aires, de réunir les deux pays. Et si, vu de Paris, ce rapprochement semble pertinent, il l’est beaucoup moins quand on connaît l’Histoire qui unit ces deux pays. 

Rappelons d’abord que 20 000 français sont concernés, avec 15 000 français en Argentine, et moins de 5 000 au Paraguay. Mais les tensions entre les deux pays remontent à la fin du XIXè siècle, lorsque le dictateur paraguayen, Francisco Solano Lopez, décide d’envahir une partie du Brésil, soupçonnant des velléités impérialistes sur l’Uruguay. Au passage, ses troupes traverse une province argentine, ce qui fait se former une coalition entre Brésiliens, Urugayens et Argentins, qui se conclut par la défaite du Paraguay.

Les différences entre les deux pays se creusent alors, et en 2021, elles atteignent un paroxysme, tant sur le niveau de vie, que l’accès aux ressources primaires, aux technologies et vis-à-vis des régimes politiques. Des différences qui touchent aussi les Français installés sur place, quand on sait que 88% des français du Paraguay, sont des descendants des colons de la fin du XIXè siècle. Le seul conseiller consulaire du Paraguay, Edmond Suchet (LR), a donc fait part de son incompréhension auprès du Secrétaire d’Etat des Français de l’Etranger – Jean-Baptiste Lemoyne – alors que sur place, l’Ambassade de France est noyée parmi les autres représentations européennes. Que le Consule honoraire ne parle pas français, et qu’Edmond Suchet connaît parfaitement les rouages et les spécificité du pays. Dans une lettre adressée à Mr Lemoyne, Edmond Suchet craint que « cette manière dictatoriale (…) donne la possibilité de modifier les contours » des responsabilités des élus consulaires, sans consultation préalable. Tout devrait donc se jouer le 13 septembre, date fixée par le Consul adjoint de Buenos Aires, pour convoquer les conseillers des deux circonscriptions. Ces-derniers voteront-ils alors pour un président du conseil consulaire unique, afin d’entériner la décision ? Rien n’est moins sûr, car Edmond Suchet a décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif de Paris, dans le cadre d’un référé-liberté. 

Et en pleine campagne des Sénatoriales, Edmond Suchet a déjà reçu le soutien de Ségolène Royal, qui évoque une « fusion irrespectueuse et illégale », car seule un décret publié par le gouvernement peut décider d’un tel regroupement. Et si en France, les circonscriptions sont définies au terme d’un long processus, ici l’administration s’attribue ce droit.

Le président d cela fédération des expatriés, Christophe Frassa (LR) a également apporté son soutien à Edmond Suchet. Une affaire qui va donc se terminer devant un juge, et qui ne fait pas les affaire du parti présidentiel. À suivre…