Les discussions ont repris lundi, mais c’est un évènement de politique intérieur au Royaume-Uni, qui a relancé les hostilités. La chambre haute du Parlement – les Lords – a expurgé un projet de loi du gouvernement conservateur, qui lui permettait de passer outre ses engagements sur le protocole nord-irlandais, conclu avec l’UE. Concrètement, il s’agit d’éviter un retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord, britannique, et la République d’Irlande, qui fait partie de l’Europe des 27.

Or l’un des porte-parole du Gouvernement a immédiatement expliqué que la mouture d’origine serait présentée à la Chambre des Communes, qui offre une large majorité à Boris Johnson. Selon ce porte-parole, les clauses enlevées représentent « un filet de sécurité juridique pour protéger l’intégrité » du marché intérieur entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, ainsi que le processus de paix mis en place en 1998.

Mais Bruxelles, elle, ne souhaite pas entendre parler de ces clauses, et a déclenché une procédure d’infraction face au refus de Londres de les retirer. Et il s’agit de préciser qu’en cas d’accord commercial post-Brexit, elles n’auraient plus lieu d’être, mais qu’en attendant, Boris Johnson les considère comme une assurance dans l’hypothèse d’un échec. Et notez que le nouveau Président américain – Joe Biden – les rejettent aussi, au moment où le Royaume-Uni tente de négocier un nouveau traité de libre-échange avec Washington. Joe Biden ayant, notamment, fait jouer ses origines irlandaises, dans un discours en septembre dernier.

En attendant le temps presse, et il faudrait parvenir à un accord avant la mi-novembre, pour qu’il entre en vigueur le 1er janvier 2021. Le négociateur en chef pour les Européens – Michel Barnier – est donc arrivé à Londres lundi, pour poursuivre les discussions. Et pour lui, 3 clés sont à lever pour débloquer les négociations, dont « le respect de l’autonomie de l’UE et de la souveraineté britannique ». Il faut également des « garanties solides d’un commerce et d’une concurrence libre et équitable ». Or, de grandes divergences apparaissent toujours sur la pêche notamment. Un secteur dans lequel Londres pourrait faire preuve de souplesse. Et en cas d’échec, les relations entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni seront régis par l’Organisation mondiale du Commerce, synonymes de droits de douane et de quotas.