Les Français de l’étranger sont particulièrement attentifs à la politique internationale, les crises et les coups de force ont des impacts souvent importants pour nos compatriotes installés dans les pays concernés. Cette année 2022 fut marquée par une montée des tensions internationales, en Afrique mais et c’est le point de bascule de la période, la guerre qui a fait son retour en Europe. 

La guerre en Ukraine

Le 24 février, Vladimir Poutine envahit l’Ukraine, plongeant le monde dans une crise inédite depuis la fin de Guerre froide. Face aux pays de l’OTAN qui affichent leur soutien à l’Ukraine, le président russe agite le spectre de l’arme nucléaire, en se disant prêt à utiliser “tous les moyens” dans son arsenal.

La guerre entraîne le plus important afflux de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et coûte la vie à des milliers de soldats et de civils. Les témoignages abondent accusant l’armée russe d’exactions, dont des meurtres de civils, des actes de torture et des viols.

Poutine – qui affirme vouloir “dénazifier” l’Ukraine – se retrouve très isolé diplomatiquement. Les Occidentaux infligent à la Russie des sanctions économiques, durcies au fil du temps, tout en livrant des armes à l’Ukraine qui obtient aussi le statut de candidat à l’UE.

Côté français, les premières semaines de la guerre furent marquées par le “sauve qui peut” de l’ambassade de France qui indiquait aux Français sur place qu’il fallait ne pas partir du pays alors que le personnel diplomatique et consulaire était évacué par le GIGN. Il aura fallu attendre début mars pour qu’un convoi soit enfin organisé par les civils.

Depuis la guerre fait aussi planer la menace d’une crise alimentaire mondiale, en raison du blocus maritime imposé par la Russie en mer Noire. Un accord conclu en juillet permet à l’Ukraine de progressivement recommencer à exporter son abondante production de céréales.

En septembre, Poutine décrète la mobilisation de quelque 300.000 réservistes et signe l’annexion de quatre territoires ukrainiens occupés dans la foulée de “référendums”, alors que l’armée russe accumule les revers sur le terrain.

Après l’abandon de la région de Kharkiv (sa première prise), Moscou ordonne début novembre le retrait de ses forces de Kherson (Sud). La Russie lance des centaines de frappes de rétorsion contre les réseaux énergétiques ukrainiens, plongeant des millions d’Ukrainiens dans le noir à l’approche de l’hiver.

Chine: la politique zéro Covid”

Le président chinois Xi Jinping est reconduit en octobre à la tête du Parti communiste, à l’occasion du 20e congrès du PCC, s’entourant de fidèles alliés pour devenir le dirigeant le plus puissant de la Chine moderne. Pays-continent qui fut encore tout au long de l’année soumis aux diktats sanitaires liés à la pandémie.

Au point que la stratégie “zéro Covid” du pays a encore entrainé des confinements de quartiers ou villes entières dès l’apparition de foyers, ce qui a finit par déclencher fin novembre des manifestations d’une ampleur inédite depuis des décennies. Les autorités y réagissent par la répression, mais aussi par un assouplissement de leur politique sanitaire. 

Une bonne nouvelle pour les expatriés qui étaient encore isolés du reste du monde il y a encore quelques semaines. En tout cas pour ceux qui ont décidé de rester, car l’année 2022 fut surtout celle des départs en masse de Hong-Kong comme de Chine. Lors de la publication des chiffres 2023 du registre consulaire, l’étendue de l’hémorragie sera connue, à ce jour, on évoque de 20 % à 40 % des Français qui auraient quitté le pays. 

Recul en Afrique 

Cette année acte aussi le déclin de la France en Afrique ! En sus, il s’observe d’abord dans les pays francophones. Les principaux partenaires commerciaux africains de la France sont aujourd’hui le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, suivis par le Nigeria et l’Afrique du Sud. Les pays de l’ancien d’Afrique de l’Ouest ne représentent plus, quant à eux, que 1% des parts de marché hexagonales.

Il faut dire que le sentiment anti-français n’y a jamais été aussi puissant. Parti du Mali, il s’est étendu en Centrafrique et au Burkina Faso où les leaders d’opinion accusent l’ancienne puissance coloniale de vouloir profiter de leurs ressources. 

Un sentiment anti-français largement instrumentalisé par Moscou qui, depuis plusieurs années, cherche à accroître son influence en Afrique et à remplacer Paris dans son ancien « pré carré ». Des situations qui ont eu des conséquences pour la sécurité et la qualité de vie de nos compatriotes installés, souvent depuis des générations, dans ces pays. Même nos ONG sont désormais chassées alors que le soutien aux populations est encore indispensable. 

Une situation pour le moins paradoxale. Alors que la présence de Paris n’a jamais été aussi faible en Afrique depuis la colonisation, notamment en matière économique.