Le Président français ne souhaite pas que l’Europe reste « spectateur » d’un environnement international de plus en plus instable. Le chef de l’Etat s’est donc adressé à de nombreux officiers de l’Ecole de Guerre de Paris, vendredi dernier, pour « décrire le monde tel qu’il est, est donner son ambition » et les moyens du sursaut en matière de Défense. Un discours traditionnel pour les Présidents français, d’une heure, afin de rappeler que la dissuasion nucléaire est « la clé de voûte » de sa stratégie, et la garantie de « ses intérêts vitaux ». Et pour moderniser l’arsenal nucléaire français, Paris souhaite consacrer 37 milliards d’€ à la dissuasion d’ici 2025, soit 12,5% de l’enveloppe globale de la Défense, d’ici là. Une nécessaire adaptation au monde post-Guerre Froide, dans lequel des rapports de force existent entre puissances nucléaires, notamment en Syrie, en Libye ou encore en mer de Chine.

Et face à cela, le contrôle des armements en Europe semble s’effriter, après la dénonciation du traité russo-américain sur les armes nucléaires de portée intermédiaire. Ce-dernier interdit les missiles d’une portée de 500 à 5 500km. Washington menace donc de ne pas renouveler le traité New Start qui prend fin en 2021. Emmanuel Macron rêve donc d’une autonomie européenne en matière de Défense, et souhaite proposer « une offre de dialogue » et de « service » aux Européens.

Mais pour ne vexer personne, le Président français a promis de prendre en compte les intérêts des autres pays européens, alors que beaucoup d’alliés dépendent du parapluie nucléaire américain. Ils s’inquiètent donc du désengagement de la scène multilatérale menée par Donald Trump. Le dessein français souhaite donc l’émergence d’une « culture de dissuasion nucléaire commune, sans l’ami américain au bout de la table », selon un expert proche du dossier. Un avis partagé par un responsable des conservateurs allemands d’Angela Merkel. Emmanuel Macron souhaite donc une réflexion « juridico-éthique » sur la dissuasion française, alors le Pape François a qualifié de « crime » l’usage d’atome à des fins militaires, lors d’une visite à Nagasaki en novembre. Et alors que la France s’apprête à célébrer le 60è anniversaire du 1er essai nucléaire français et les 50 ans du traité de non-prolifération, à New-York.