L’Union européenne joue un rôle majeur dans la vie des expatriés, nombre de compétences dépendent directement de Bruxelles. La mise en place du certificat européen a permis de retrouver une quasi liberté de circulation, mais cette année 2021 a aussi marqué un bond fédéral avec le lancement de l’emprunt européen. Tandis que l’immigration entraine encore de fortes tensions sur le continent et avec le Royaume-Uni dont les relations sont marquées par un Brexit chaotique. Cependant l’année se conclut sur une promesse, celle de la France pour une Europe plus solidaire et plus forte. On parcourt ensemble cette année 2021.

Succès pour le premier emprunt européen

Les titres de dette européens sont partis “comme des petits pains”, rapportait La Croix le 16 juin. En effet, le mardi 15 juin, l’Union européenne “a réussi à lever 20 milliards d’euros sur les marchés financiers pour commencer à financer le plan de relance européen de près de 700 milliards d’euros.

“La Commission a levé 20 milliards d’euros sur les marchés financiers via une obligation à 10 ans. C’est la plus grande opération’ de ce type jamais réalisée en Europe et l’une des plus importantes émissions de dettes jamais lancées en une seule tranche dans le monde”

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

Après un premier accord de principe autour du plan de relance Next Generation EU en juillet 2020 et malgré les blocages politiques survenus en décembre, les Etats membres “avaient achevé fin mai le processus de ratification de la décision les autorisant à s’endetter en commun”. Cette étape franchie, Bruxelles a donc pu lancer l’emprunt commun et commencer à distribuer les 672 milliards d’euros aux Vingt-Sept de la facilité pour la reprise et la résilience, pilier central du plan de relance européen, sous forme de subventions et prêts.

Tensions entre le Royaume-Uni et l’Europe

Un “cadeau” de Noël à l’heure du réveillon. Il y a un an, le 24 décembre 2020, Boris Johnson dévoilait un document de plus de 1200 pages dans une vidéo adressée au peuple britannique. Le pavé brandi tel un trophée par le dirigeant conservateur est le fruit de longues heures de négociations entre Londres et Bruxelles pour enfin parvenir à un accord commercial post-Brexit qui entrera en application une semaine plus tard, le 1er janvier.

Et depuis la catastrophe redoutée par certains et qui se serait traduite par un net décrochage du Royaume-Uni par rapport à ses voisins n’a pas eu lieu. Mais le Brexit n’a pas non plus été totalement indolore, selon l’Office Budget Responsibility (OBR), un organisme indépendant fournissant des prévisions aux pouvoirs publics, lequel estimait en mai que la sortie de l’Union européenne avait amputé le PIB britannique de 0,5% rien qu’au premier trimestre 2021.

Lors de l’entrée en vigueur de l’accord commercial en janvier dernier, les exportations britanniques vers les pays membres de l’UE ont par ailleurs dégringolé avant de se reprendre. Sans doute en raison du manque de préparation des entreprises d’outre-Manche qui ont dû s’habituer aux nouvelles formalités administratives rendues nécessaires pour commercer avec les 27.

L’emploi britannique a bien résisté au Brexit et à la pandémie. A la fin du troisième trimestre, le taux de chômage outre-Manche s’établissait à 4,3%, soit près de deux fois moins qu’en France (8,1%). Autrement dit, le Royaume-Uni est en situation de plein-emploi.

Tout cela serait parfaitement réjouissant si le pays ne faisait pas face à d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Lesquelles se sont aggravées depuis le début de la crise sanitaire et la sortie de l’Union européenne. Les chauffeurs poids-lourds manquent tout particulièrement à l’appel. Les ressortissants qui exerçaient cette profession en Grande-Bretagne ont non seulement été contraints de retourner dans leur pays d’origine pendant les périodes de confinement décrétées à travers l’Europe, mais ils ont aussi été empêchés de revenir en raison du renforcement des règles d’immigration post-Brexit.

Ce manque de bras, toujours prégnant, a eu des conséquences directes sur le fonctionnement de l’économie du pays sur la seconde moitié de 2021. Aux quatre coins du Royaume, il a accentué les difficultés d’approvisionnement liées à la reprise économique mondiale post-Covid et la perturbation des chaînes de valeur. Résultat, les entreprises britanniques n’ont pu se fournir en quantités suffisantes et les délais de livraison se sont allongés. Les consommateurs, eux, n’ont pu que constater l’absence de nombreux produits dans les rayons de supermarchés.

La forte inflation et les pénuries qui frappent le Royaume-Uni laissent à penser que la reprise économique y est peut-être plus fragile qu’ailleurs. Quoi qu’il en soit, évaluer les effets économiques du Brexit à court terme demeure complexe.

En clair, les effets, positifs ou non, du Brexit pour le Royaume-Uni ne s’observeront que dans plusieurs années. Mais les organismes chargés de faire des prévisions sont plutôt pessimistes. Selon l’OBR, le retrait de l’Union européenne aura à long terme deux fois plus d’impact sur l’économie britannique que la pandémie de Covid-19, avec une perte de PIB de 4%.

On en reparlera tout au long de l’année 2022 sur Lesfrancais.press et la French Radio.

L’immigration à l’Est

L’année 2021 a été marquée par un chantage inédit de la Biélorussie qui a organisé l’arrivée de demandeurs d’asile aux frontières de l’UE. La réponse coordonnée des 27 a eu raison de la tentative de déstabilisation. Mais si le consensus sur la fermeture des frontières est total, les divisions entre les 27 bloquent toujours l’adoption du pacte migratoire de Bruxelles et tout projet politique d’envergure.

La réponse apportée par l’Union européenne à la manœuvre biélorusse a montré combien l’unité des 27 États membres peut être efficace. Elle l’a été sur le plan extérieur en imposant des sanctions à la Biélorussie, en exerçant des pressions diplomatiques concertées sur les compagnies aériennes nationales et les pays d’où partaient les vols organisés par Minsk.

En conséquence, la réponse globale de la Commission européenne, incluse dans le projet de réforme de l’espace Schengen de libre circulation, va « vers une réduction que vers un renforcement des droits que l’on peut accorder à des personnes instrumentalisées, massées et parfois coincées à cette frontière », remarque Yves Pascouau. S’il est adopté, le texte présenté sera une avancée sur le plan sanitaire : l’UE pourrait avoir tiré les leçons de la cacophonie qui a suivi le début de la pandémie de Covid-19. Les règles d’entrée de citoyens étrangers à l’Union européenne pourraient ainsi devenir les mêmes pour tous.

En ce qui concerne la question migratoire, cette réforme pose question : la Commission remet sur la table une ancienne proposition qui autoriserait des patrouilles volantes de contrôle dans les zones frontalières :

 « Qui opérerait ces patrouilles ? La commission dit clairement que ce seraient les autorités de police mais pas uniquement. Donc qui sont les autres autorités qui seront amenées à exercer des contrôles volants ? Deuxième problème, la Commission prévoit pour des personnes en situation irrégulière dont les patrouilles considèrent qu’elles viennent directement d’un autre État membre. Il pourrait y avoir un accord de réadmission automatique, qui n’existe pas aujourd’hui. »

Contrairement à ce qu’avancent certains responsables politiques, les mécanismes de fermeture des frontières extérieures fonctionnent. En 2020, le nombre de franchissements irréguliers des frontières, 125 100, était le plus bas en 7 ans. Quant aux demandes d’asile, elles ont baissé de 26% début 2021 par rapport à 2019. La Commission, comme Frontex, remarquent toutefois une hausse des entrées ou tentatives d’entrée dans l’Union européenne en 2021 par rapport à 2020, sachant que l’an dernier la pandémie a réduit les mouvements de population.

Cependant ces derniers continuent comme l’a démontré les tragiques accidents au Sud comme au Nord. Le naufrage qui a fait au moins 27 morts dans la Manche le 24 novembre dernier, alors que les migrants avaient appelé les secours en France et au Royaume-Uni, a suscité des réactions indignées. Il illustre parfaitement les conséquences d’une politique du « chacun pour soi ».

La présidence française se dévoile

Au premier janvier, c’est la France qui prend les rênes du continent !

Pendant un semestre, la mission de la France à la tête du Conseil de l’UE est d’organiser et de présider toutes les réunions des ministres. C’est en fixant les ordres du jour de ces réunions que la présidence française peut peser sur l’agenda législatif européen. Au-delà des ordres du jour, le pouvoir d’une présidence consiste aussi à rédiger les propositions de compromis. Ces compromis doivent correspondre non seulement aux voeux de la majorité des États mais aussi convaincre la Commission européenne.

Une présidence est un moment exceptionnel pour l’État membre qui endosse cette responsabilité. Il est alors placé au premier plan de la scène européenne et bénéficie à cette occasion d’une visibilité renforcée.

Durant ses six mois de présidence, la France est appelée à faire progresser le projet européen, en lien avec les autres institutions européennes (Conseil européen, Commission et Parlement), sur la base du programme élaboré conjointement avec la Suède et la République tchèque.

Un secrétariat général de la présidence française du Conseil de l’UE a été installé auprès du Premier ministre. Il assure la coordination entre les ministères et les entités qui en relèvent.

C’est la treizième fois que la France est en charge de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne depuis les années 1950. Sa mission qui s’étend du 1er janvier au 30 juin 2022, se déroule en même temps que l’élection présidentielle, en avril 2022, et les élections législatives, en juin 2022.

Une chose est sûre, le programme est ambitieux et chargé. Le discours du président regroupe les priorités en trois rubriques qui ne font pas l’unanimité. Parmi les défis les plus urgents, une crise sanitaire à l’issue encore incertaine, la relance économique et les grandes transitions dans les domaines de l’écologie et du numérique.

L’année 2022 s’annonce charnière pour l’UE avec des défis comme surmonter la crise Covid, mettre en place un vrai contrôle des frontières extérieures et avancer dans l’intégration de toutes les économies du continent.