En France, l’encours des produits de retraite par capitalisation est l’un des plus faibles des pays de l’OCDE, et ne s’élève qu’à 230 milliards d’€. Loin derrière l’Assurance vie et ses 1 700 milliards d’€. Leur poids est ainsi inférieur au Livret A.

Dans les Pays de l’OCDE, la capitalisation représente en moyenne 17% des revenus des retraités… En France, seul 10% de la population active est couverte par un produit d’épargne retraite, là où il est de 100% en Suède et aux Pays-Bas, 60% au Canada et aux Etats-Unis, 50% au Royaume-Uni et près de 40% en Allemagne.

Ainsi, c’est le fonds de pension du Régime Additionnel de la Fonction Publique qui est le plus important dans notre pays. Il est alimenté par les cotisations assises sur les primes perçues par les fonctionnaires, soit plus de 4 millions et demi de personnes. L’encours de ce fonds atteint 30 milliards d’€.

Or on se rend compte qu’une majorité des Français est favorable à un système de retraite comportant une dose de capitalisation. Ils sont 57% selon l’enquête du Cercle de l’Epargne/Amphitéa. Plus de 55% des Français déclarent même épargner en vue de la retraite pour améliorer leur niveau de revenus.

Mais pour justifier le choix de recourir aux fonds de pension, ou de la retraite par capitalisation, le directeur de recherche et d’études chez Natixis – Patrick Artus – rappelle que le rendement réel de la répartition était en moyenne de 1,8% par an, depuis 1982. En revanche si la France s’était dotée de fonds de pension, les actions et obligations auraient apporté un rendement de plus de 8% sur la même période. Ainsi, 1€ cotisé en 1982 aurait fournit une richesse de 1€90 en répartition, et près de 22€ en capitalisation, avec un fonds de pension investit égale partie entre les actions et les obligations. Or, le rendement de la retraite par répartition, conjugué à un faible nombre de retraité et la croissance de la masse salariale, ont fait penché la balance en faveur de la répartition des années 50 à 70. Mais depuis, les facteurs se sont inversés, favorisant les calculs de Patrick Artus.

Or, l’hostilité aux fonds de pension est farouche dans notre pays. Avec pour conséquences, que nos entreprises françaises financent les pensions des retraités des Américains, des Britanniques, et des Néerlandais, plutôt que les Français. Car pour attirer les investisseurs étrangers, les entreprises françaises sont prêtes à offrir des dividendes plus élevés, car ces-derniers font pesé l’adage du « ce qui est loin est moins bien connu ». Sur le long terme, les pays dotés de fonds de pension ont tendance à avoir des taux de croissance supérieurs à ceux qui en ont peu, comme la France et l’Italie.

Ainsi, 42% de la capitalisation des entreprises françaises du CAC40 sont détenus par des non-résidents. Or les investisseurs auront toujours tendance à défendre les intérêts des entreprises de leur pays, que l’inverse.