Le conseiller des Français de l’étranger à Moscou Franck Ferrari, dresse le bilan de la situation des Français de Russie, pour Lesfrancais.press. 

Dans une interview “coup de gueule”, l’élu consulaire dépeint la semaine de la communauté des Français en Russie. Il évoque les problèmes rencontrés pour partir du pays et avec les cartes bleues Visa et Mastercard, mais aussi la possibilité d’une prochaine fermeture du lycée français de Moscou à laquelle il s’oppose fermement. 

Un vent de panique chez les Français de Russie

Le 2 mars, le ministère des Affaires étrangères a conseillé aux Français résidant en Russie que si “[leur] présence et celle de leur famille n’est pas essentielle” de quitter le pays. La déclaration a déclenché une vague de panique et de départs au sein de la communauté française, avoue Franck Ferrari au micro de Lesfrancais.press. 

D’après lui, si une partie des entreprises à tirer le rideau, une autre s’est seulement mise en pause afin d’évaluer la situation au jour le jour. Effectivement, comme l’affirmait le président de la chambre du commerce franco-russe Emmanuel Quidet, le lundi 7 mars sur le plateau de TF1, les Français s’en étant allés pourront difficilement revenir ensuite. Par conséquent, le conseiller considère que la décision de partir définitivement du pays a été prise dans la hâte. 

L’état de la communauté des Français de Russie

A l’heure actuelle, il est impossible d’établir combien de Français sont encore sur place, car la situation évolue quotidiennement. Cependant, l’élu suppute que plus de la moitié est partie du territoire et qu’il reste essentiellement des familles bi-nationales. 

Aussi, les relations franco-russes “sont toujours bonnes” dans la République fédérale, estime Franck Ferrari. Par ailleurs, il observe des tensions à l’égard des Français de Russie arrivés dans l’hexagone. En effet, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, nous observons un climat hostile envers les restaurants russes, mais aussi contre nos concitoyens revenant d’expatriation. 

Vers une possible fermeture du lycée français de Moscou ? 

“On ne touche pas les enfants !” Si la question se pose, aux yeux du professeur, il est hors de question de fermer le lycée français. Pour l’instant du moins, les cours reprendront en distanciel à compter du 15 mars et en présentiel début avril en fonction de la décision prise le 25 mars. Au même titre que les ressortissants français, les enseignants résidents ont été invités à quitter le pays. 

Actuellement, près de 500 à 600 enfants et 90% des professeurs attendent la rentrée des classes. Ainsi, fermer le lycée reviendrait à trahir toutes les familles qui ont fait le choix de l’enseignement à la française d’après l’élu consulaire. 

Les difficultés pour quitter la Russie

De son côté, le consulat est passé en “mode crise” et a mis en place une hotline d’écoute pour la communauté française. Si ses employés sont submergés d’appels téléphoniques concernant la régularisation des familles françaises, Franck Ferrari salue la flexibilité dont ils font preuve en cette période. 

En plus des convois organisés pour passer les frontières, plusieurs lignes ferroviaires et aériennes sont ouvertes, comme en direction de l’Estonie, du Qatar, du Maroc ou encore d’Erevan en Arménie. En outre, l’élu s’insurge que le train entre Helsinki et Saint-Pétersbourg soit uniquement accessible aux Russes et aux Finlandais. En effet, le gouvernement du pays du nord bloque l’accès aux autres nationalités selon Monsieur Ferrari. 

Le problème des cartes bleues Visa et Mastercard

“Ça aussi c’est magnifique, c’est génial, c’est grandiose” ironise le professeur vis-à-vis des problèmes liés aux cartes bleues. Depuis le lundi 7 mars, les géants des cartes bancaires ont imposé des sanctions à l’encontre de la Russie, en bloquant les cartes bancaires russes à l’étranger et inversement. Seulement, les premiers à pâtir des décisions sont les personnes fuyant le plus grand pays du monde. Par exemple, de nombreux Français exilés dans les pays limitrophes n’ont pas accès à leur compte bancaire et se retrouvent bloqués sans un sou. Le problème est encore plus difficile à gérer pour les réfugiés politiques russes qui sont dans l’obligation de retourner dans leur pays pour avoir accès à leur épargne. Finalement, Franck Ferrari juge que cette décision est une aubaine pour l’administration de Vladimir Poutine, et un problème majeur pour les victimes de sa politique.