Si sa victoire face à Marine Le Pen a été accueillie avec soulagement dans de nombreux pays européens, ce deuxième mandat d’Emmanuel Macron pourrait aussi réduire le leadership politique de l’Allemagne au sein de l’UE. C’est notamment l’analyse qu’a livré Henning Vöpel, directeur du Centre de politique européenne, à Berlin. La France peut désormais avoir un vrai rôle de leader en Europe, grâce à plusieurs facteurs.

La position hésitante du gouvernement allemand, et du nouveau chancelier Olaf Scholz, sur la guerre menée par la Russie en Ukraine, est un premier argument. Berlin a notamment freiné les choses concernant les sanctions de l’UE, et refusé d’armer lourdement l’Ukraine. Alors que la France a toujours alerté sur la dépendance induite par la construction du gazoduc Nord Stream 2, l’Allemagne voyait en se rapprochement avec la Russie, un moyen d’avoir des relations économiques plus étroites. Une approche qui a échoué. 

L’Allemagne semble également isolée sur le plan des règles de la dette européenne. Là où la Emmanuel Macron a cherché l’alliance avec l’Italie de Marco Draghi. Et bien que l’Allemagne ait hésité à soutenir une réforme des règles, celle-ci a finalement eu lieu.

En revanche, des point de convergence persistent. Notamment sur la volonté de favoriser la souveraineté européenne. Une question, restée lettre morte en 2017, qui ressurgit dans le débat allemand. Mercredi dernier, par exemple, le ministre des Finances du pays, Christian Lindner, a appelé à une réinitialisation stratégique complète de la politique allemande. Il a notamment estimé que son pays était devenu « trop dépendant de l’énergie russe, la sécurité américaine et le commerce avec la Chine ». L’Allemagne doit donc « redéfinir son modèle économique », selon lui. Un argument de la souveraineté appuyé par l’eurodéputé SPD allemand, Udo Bullimann, dans un entretien accordé à EURACTIV. Point de vue partagé par le directeur du CEP Paris, Marc Uzan, qui considère également que « la France a un rôle clé pour l’Allemagne », dans ce bouleversement politique.