Bonjour à tous,

 

Il y a un motif qui revient souvent dans les séances avec mes clients c’est celui de l’imposteur ; des garçons et des filles brillants, occupant des places de choix dans les organisations, qui connaissent de belles réalisations, dont les équipes sont fidèles et heureuses, à qui on offre des promotions, … et qui pourtant, doutent de leurs capacités, remettent en cause leurs compétences et leur place.

Ce que j’entends le plus souvent ? « j’ai eu de la chance, beaucoup de chance ! » « j’ai rencontré les bonnes personnes » « j’étais là au bon moment, au bon endroit » « ils se trompent sur moi, ils me croient plus doué(e) que je ne le suis » « un jour ils vont s’en rendre compte et me démasquer » …

 

Il aurait mieux fait d’appeler ce phénomène « l’expérience de l’imposteur ». Car, il ne s’agit pas en effet d’une maladie, de quelque chose à soigner mais plutôt de l’expérience d’une forme de dévalorisation excessive et tenace qui touche aussi bien les hommes que les femmes. En 2011, une étude a montré qu’on moins 70% de la population a ressenti ce phénomène dans sa vie.

 

Cette dévalorisation excessive se nourrit de la croyance « je ne suis pas à la hauteur » et produit des effets délétères comme le stress, la difficulté à demander de l’aide et recevoir les compliments et autres retours positifs. Les émotions associées à cette expérience sont la peur, voire l’anxiété, la honte, le doute. Elle provoque une estime de soi fragile, un sentiment d’infériorité, la peur intense de l’échec et la difficulté à reconnaitre sa propre valeur.

 

Chez mes clients atteints de ce sentiment d’imposteur j’observe, de façon alternée (ou simultanée selon la tâche à accomplir), 2 comportements qui ont pour but inconscient de masquer cette croyance de pas être à la hauteur : en faire toujours plus ou bien ne plus rien faire du tout !

Le 1er comportement est donc un surinvestissement se traduisant par de longues heures passées à peaufiner son travail, lire, rechercher de nouvelles sources et ainsi compenser le manque prétendu de compétences. Cette attitude peut à terme produire un épuisement massif et provoquer un burn-out.

Le 2ème comportement est l’autre face de la même pièce : celle du désinvestissement. La personne s’arrête, comme paralysée, elle procrastine, se met en mode échec toujours pour prouver sa croyance initiale. Parfois elle se reprend à la dernière minute et se met à courir partout pour remplir l’objectif à atteindre.

 

Que ce soit l’une ou l’autre de ces stratégies le résultat est le même, la personne a renforcé sa croyance et s’est isolée encore plus …

 

Alors que faire ? Comment atténuer ce sentiment d’imposture, ce malaise et surtout arrêter de creuser le sillon du doute et de la dévalorisation ?

Le 1er pas, comme toujours, est de mettre de la conscience sur le phénomène que vous traversez : nommez-le, autorisez-vous à prendre du recul sur cette situation. Rendez-vous compte que cette petite voix intérieure négative qui vous juge durement est le produit de votre peur, ce n’est pas vous ! Parlez-vous gentiment, soyez bienveillant, pratiquez l’auto-compassion.

 

Ouvrez la porte aux autres, ne restez pas isolé, échangez avec les personnes de confiance dans votre entourage, parlez leur de votre sentiment d’imposture, vous serez surpris de leur réaction, de la résonnance que cela crée en eux … Qui n’a pas ressenti de vertige à la prise d’un nouveau poste, l’annonce d’une promotion … Echangez, partagez, vous n’est pas seuls !

 

Très souvent associé avec le syndrome de l’imposteur se trouve le perfectionnisme … celui qui vous fait relire un mail ou un document 15 fois, repérer les coquilles, aller chercher toujours plus d’infos, de sources et de preuves … Après réflexion et plusieurs essais pour moi et mes clients, je crois aujourd’hui que la bataille contre le perfectionnisme ne doit pas être menée ! Elle est finalement très similaire à l’injonction du « lâcher prise » lancée à la personne ultra stressée … Cela prend trop d’énergie pour un piètre résultat finit par   nourrir la dévalorisation. Voyez plutôt le perfectionnisme comme un indicateur : s’il diminue c’est que vous être sur la bonne voie d’une meilleur estime de vous-même.

 

Je vous propose maintenant quelques exercices à faire seul ou à deux, avec votre coach ou un proche ! Ils ont pour but de renforcer l’estime de soi et donner un éclairage « objectif » de votre réalité.

 

Le 1er exercice s’appelle le 5-5-5 : demander à 5 personnes de passer 5 minutes pour répondre à 5 questions sur vous. La 1ère étape est d’envoyer les questions par mail à des personnes que vous estimez et dont vous partagez les valeurs. L’exercice est encore plus puissant si vos correspondants prennent le temps de vous lire à voix haute leurs réponses.

Voici les 5 questions :

1-   Quel serait le mot ou la phrase qui me décrirait le mieux ?

2-   Quel est mon plus grand accomplissement selon toi ?

3-   Qu’est-ce que tu apprécies le plus chez moi ?

4-   Quelle serait la chose que je pourrais changer dans mon intérêt ?

5-   Quelle est ma plus grande force selon toi ?

Savourez les réponses !

 

Un 2ème exercice que vous pourriez faire est celui qui constitue selon moi le cœur du réacteur de la Psychologie Positive : le travail sur les Forces. J’en ai détaillé les bienfaits dans un podcast précédent. Avec un coach ou un ami, partez à la recherche des traces fines communes à tous vos récits de réussite, ce qui vous plait le plus, ce qu’il y a de meilleur en vous, ce que vous attendez le plus pour l’avenir… Pour matérialiser cette recherche, vous pouvez utiliser les cartes de Forces de Boniwell et Martin-Krum ou répondre au questionnaire en ligne de VIA Character. Une fois vos 5 forces principales reconnues et nommées, profitez-en, ressentez ce que cela vous fait de les voir, d’en parler, de vous remémorez vos souvenirs … Puis passez à l’action et déterminez les changements que vous pourriez mettre en place pour utiliser davantage vos forces.

 

Le 3ème exercice que je vous propose est celui du chemin de vie professionnelle. Vous pouvez le faire seul ou à deux. Prenez le temps de relater vos étapes professionnelles puis celles de vos accomplissements : qu’avez-vous accompli, terminé, réalisé, achevé ? Quelles sont les actions, projets, missions, formations menées à terme dont vous êtes contents et/ou qui provoquent chez vous une émotion agréable ? Ecrivez chacune de ces étapes sur une feuille de papier libre, posez-les au sol de la plus récente à la plus ancienne et remontez le temps ! A chaque étape, positionnez-vous sur la feuille et ressentez … quelles images, odeurs, sons, détails vous reviennent ? Quelles sont les forces et compétences utilisées à cette période ? Savourez … et passez à l’étape suivante. Une fois le parcours terminé, retournez-vous … qu’observez vous ? avec quoi repartez-vous ? … Profitez…

 

Enfin, une dernière recommandation pour ramollir ce syndrome de l’imposteur est de vous choisir un mentor, une personne avec qui vous échangeriez sur vos préoccupations et difficultés, avec qui vous créez un lien de soutien et de confiance mutuelle.

 

Voilà, j’espère que vous repartez avec quelques pistes !

 

Je vous souhaite de bonnes expérimentations !

 

À bientôt

 

Sophie Aballain in Asia

Executive Coaching and Business Performance

sa@sophieaballain.fr

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linkedin.com/in/sophieaballain

 

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Étude sur le phénomène de l’imposteur : https://so06.tci-thaijo.org/index.php/IJBS/article/view/521

Le jeu des cartes de Forces de Positran : https://www.positran.fr/produit/cartes-des-forces/

Via character : https://www.viacharacter.org/survey/account/Register