La guerre en Ukraine, la transition énergétique, et le vieillissement de la population contraignent les Etats européens à accroître les dépenses publiques. Alors face à ces défis, est-ce encore compatible de maintenir des politiques budgétaires et monétaires orthodoxes ?

Se pose alors le dilemme de la meilleure politique à adopter pour faire face . L’augmentation des factures énergétiques a conduit les Etats à multiplier les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages. En France, il a atteint 40 milliards d’€, et près de 200 milliards en Allemagne. La transition énergétique pourrait ainsi atteindre plus de 4 points de PIB. Mais il faudra aussi absorber les dépenses en lien avec le vieillissement. 

Une concomitance de dépenses qui pourrait donc obliger les Etats européens à sortir du cadre. Et si les banques centrales ressèrent leur politique monétaire, elles entraîneront une augmentation des taux directeurs, et donc mettre en danger la transition énergétique. 

Le gouvernement français a ainsi décidé de lancer un programme de construction de centrales nucléaires, moderniser sa Défense, et maintenir un volant de sécurité pour la population face à l’augmentation des prix. Mais ce surcroît de dépenses doit être possible grâce à des taux d’intérêts réels faibles. Sinon, les marchés se montreront intransigeants. Or, face à la stagnation de la population active, il y aura une faible rémunération de l’épargne. 

Or, en économie de guerre, il n’y a pas de marges pour augmenter les prélèvements. Notamment en France, où le taux de prélèvements obligatoires est de 45% du PIB. L’autre tentation de l’économie de guerre est le protectionnisme. Des voix se font ainsi entendre pour relocaliser certaines productions et pour interdire ou taxer des importations en provenance de pays ne respectant pas certaines normes environnementales. Or, l’exclusion d’un pays comme la Russie, acteur majeur de l’énergie, des matières premières et de produits agricoles, n’étaient plus arrivés depuis la seconde guerre mondiale. Mais ces mesures protectionnistes sont inflationnistes, et pèsent sur la croissance. 

Les économies de guerre pouvant amener à la banqueroute sont donc dangereuses sur le long terme. La dernière grande banqueroute française date de 1797 (banqueroute des deux tiers). Elle avait été provoquée par la multiplication des assignats, logiquement gagés sur la vente des biens du clergé et des aristocrates qui avaient émigré. Une coordination européenne sera donc indispensable pour éviter l’anarchie financière.