Notons d’abords, qu’avant la crise sanitaire, le niveau de chômage, dans le monde, était inférieur à celui de 2008. En France, par exemple, le marché de l’emploi repartait grâce au dynamisme des créations d’emploi. Aux Etats-Unis, le taux de chômage était de 3,5%. Mais face au confinement, de nombreux Etats ont fait le choix du chômage partiel, garantissant un maintien des revenus des salariés, et un redémarrage plus rapide à la sortie.

Mais il est d’ores et déjà à prévoir que cette-dernière va entraîner entre 5,3 et 24,7 millions de chômeurs supplémentaires, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Pour mémoire, la crise financière, avec mis 22 millions de personnes sans emplois, en 2008. L’OIT évalue aussi la perte de revenus, de l’ordre de 860 milliards (pour le scénario le plus optimiste) à 3 400 milliards de dollars, à cause – notamment – de la chute de consommation de Biens et Services, se répercutant sur les entreprises.

Et l’ampleur de hausse du chômage touche tous les pays d’Europe. En Allemagne, la baisse du PIB pourrait atteindre entre 2 et 5%, et une augmentation du nombre de chômeurs entre 100 et 700 000. En Italie, le MEDEF local, prévoit un recul de 6% du PIB en 2020, et un taux de chômage passant de 9,7 à 11,2%. Plus de 300 000 espagnols supplémentaires pourraient se retrouver au chômage si le confinement dure plus d’1 mois. Et combien à l’avenir ? Tant le pays dépend de l’activité touristique. En Autriche, le nombre d’inscrit au pôle emploi local, a bondi de 40% en 10 jours. Même tendance en Suède, avec 8 600 emplois en moins, essentiellement dans les secteurs de l’hôtellerie et la restauration. Alors qu’en Norvège, c’est spectaculaire, le taux de chômage est passé de 2,3% de la population active, à 10,4% en 1 mois. Enfin, en Belgique, 20% de la main-d’œuvre pourrait se retrouver au chômage temporairement.

Face à cette situation, le chômage partiel à l’Allemande est essentiellement privilégié. À savoir que l’employeur verse 70% du salaire brut par heure chômée, soit 84% du salaire net. Un système, qui avait permis à l’Allemagne, de maintenir son taux de chômage à 7,5% durant la crise de 2008. En France, le salarié perçoit donc 84% de son salarie net par heure chômée, et l’employeur est indemnisé à 100%, dans la limite de 4,5 smic. Au 1er avril, 3,9 millions de salariés sont ainsi concernés par la mesure. 425 000 entreprises en ont fait la demande. Et ce sont majoritairement les établissements de moins de 20 salariés qui en ont fait la demande. Seuls 13% des salariés d’entreprises de plus de 250 salariés sont concernés. Essentiellement dans la réparation automobile, l’hébergement et la restauration, mais aussi la construction. L’Île de France et Auvergne-Rhône-Alpes sont les 2 régions qui ont reçu le plus de demandes. Pour ce qui est des autres pays d’Europe, le principe est sensiblement le même, seule la méthode de calcul change. De 80% du salaire pris en charge par l’entreprise en Italie et au Royaume-Uni, à 70% en Espagne et en Belgique, 75% aux Danemark, 90% en Suède, aux Pays-Bas et près de 85% en Autriche. Ce sont ainsi près d’1 salarié sur 5 qui sont au chômage partiel en Europe.

Mais cette solution ne peut être que transitoire, au vu du coût pour les finances publiques. Il pourrait atteindre 11 milliards d’€ en France, soit une hausse de 3,5 milliards par rapport à ce que prévoyait la loi de finances rétroactive votée fin mars. En Allemagne, il est de 10 milliards. Cependant, l’activité complète n’est pas à l’arrêt. Les secteurs de la grande distribution et la logistique fonctionnent au Royaume-Uni. Plusieurs constructeurs automobiles tentent de fabriquer des respirateurs artificiels. Le constructeur poids-lourd suédois – Scania – fabrique des masques, avec le leader mondial d’équipement médicaux – Getinge. L’Industrie française, elle, est passée de 50% de production la première semaine de confinement, à 56% durant les 2 premières semaines d’avril.

Aux Etats-Unis, la relance s’appuie sur une partie de la théorie économique de l’hélicoptère monétaire qui a été choisi, avec pour objectif de relancer la consommation, et donc la demande, à travers l’amélioration du pouvoir d’achat. Un pécule monétaire est alors octroyé aux ménages pour faire face à la perte de salaire. Or, si elles permettent une relance plus rapide, ses revers sont de priver les banques commerciales de leur rôle. Une concurrence directe s’ouvre alors entre ces établissements et les administrations publiques. Pas sûr non plus que les ménages le consomment, mais épargnent cette manne financière tombée du ciel. Un adulte américain seul pourrait ainsi toucher 1 200 dollars, en-dessous d’un certain montant de revenus ; 2 400 pour un couple, et 500 dollars par enfant, distribué par le Trésor américain.

Ce n’est donc pas la voie suivie en Europe. L’ancien président de la BCE – Mario Draghi – préférant la cantonner à « un évènement exceptionnel qui ne se répètera pas ».