Et notamment du ministre de l’Économie, Roland Lescure. Il s’agit en effet d’un député des Français de l’étranger, ancien banquier, et ministre de l’Industrie, sous Élisabeth Borne. Ce Québécois, à la fois technocrate et politique, supervise 80% de l’activité du CDPQ, l’un des fonds de pension les plus puissants d’Amérique du Nord. Il a donc, à priori, le profil pour affronter des crises économiques, une inflation persistante et la désindustrialisation. 

Il a également un profil et un parcours atypique, mélange d’Europe et d’Amérique du Nord. Né le 15 juin 1966 à Paris, il est le fils d’un professeur d’université qui enseignera à Montréal dans les années 70. Ce qui expliquera en grande partie son engagement pour les Français de l’étranger et sa défense des accords commerciaux entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Roland Lescure a un parcours professionnel hybride, entre les arcanes de Bercy et les salles de marché de Londres. 

Il choisit donc une carrière dans la finance internationale, acquérant une expertise reconnue entre gestion des risques et investissements stratégiques. Directeur général adjoint de Natixis à partir de 2001, il supervise des activités de marché et de financement des entreprises. Mais aussi l’un des premiers acteurs dans la restructuration des actifs toxiques. Et c’est en 2016 qu’il bascule en politique, séduit par le projet d’Emmanuel Macron, qu’il rencontre dans des cercles libéraux. Il deviendra député des expatriés résidant aux USA et au Canada, dès 2017, avec près de 80% des voix. À l’Assemblée, il portera la création d’un guichet unique numérique pour les démarches fiscales. Mais aussi l’extension du chômage partiel durant la crise COVID, pour les Français travaillant pour des entreprises françaises à l’étranger. Il défend aussi un plan de soutien aux lycées français à l’étranger à hauteur de 50 millions d’€. S’engageant en faveur de la simplification des visas pour les travailleurs qualifiés, et le crédit d’impôt recherche pour les anciens expatriés.

Nommé ministre délégué, chargé de l’Industrie, le 4 juillet 2022, Roland Lescure oeuvre à l’accélération de la réindustrialisation par la décarbonation, la souveraineté par la relacolisation, ou encore l’attractivité de l’industrie auprès des jeunes. Roland Lescure a également co-piloté le volet industriel France 2030, avec Bruno Le Maire, pour que la France devienne l’un des leaders dans les semi-conducteurs, le nucléaire et les biotechnologies. « Libéral » en matière économique, il estime que le rôle de l’État n’est pas de gérer les entreprises mais d’apporter son soutien, aux côtés des actionnaires privés, notamment par la commande publique.

Roland Lescure sera également visé par une enquête de Médiapart pour dénoncer la conservation d’actions chez Natixis. Et critiqué pour ne pas avoir anticipé les pénuries de semi-conducteurs entre 2021 et 2022. 

Avec ce nouveau poste, Roland Lescure va devoir faire face à de nombreux défis. Notamment l’inflation persistante, dette abyssale, concurrence américaine et chinoise, et montée des tensions sociales. Avec 2 800 milliards d’€, et 112% du PIB, la dette publique atteint un niveau historique. Il devra donc réduire les dépenses, sans étouffer la croissance. L’inflation aussi est rampante avec 3,5% en 2025. Il devra aussi faire face à une Assemblée nationale fragmentée, ou aucune majorité absolue ne se dessine… Affaire à suivre…