Car les deux pays les plus touchés par le coronavirus sont l’Italie et l’Espagne, qui avaient déjà été touchés de plein fouet par la crise de 2008. Et même si les 2 poids-lourd européens, que sont la France et l’Allemagne, sont moins impactés, leur économie est en train de s’arrêter. Pour l’instant, la Banque Centrale Européenne s’est engagé à injecté 750 milliards d’€ dans l’économie continentale d’ici la fin de l’année. Cependant, il faudra aussi que les autres institutions prennent le relais, et surtout retiennent les leçons des erreurs faites pendant la crise de l’€, où des aides spécifiques à chaque pays avaient été apportées trop tardivement. C’est justement le sens des travaux qu’ont mené plusieurs économistes, comme Daniela Schwarzer, Shahin Vallée, Lucas Guttenberg ou encore Luis Garicano.

Contrairement, à une crise classique, l’activité n’a pas été arrêtée, mais réduite au minimum. La mise en place du chômage technique bien rémunéré, permet donc d’éviter les licenciements, d’éviter les petites entreprises et les indépendant de faire faillite, et d’éviter aux banques d’être étranglées. En revanche, il faut veiller à ne pas laisser aller la spéculation sur les marchés financiers. Notamment contre la dette des Etats les plus fragiles. Mais difficile de compter sur le budget européen, qui ne pèse qu’1% du PIB de l’UE, et à la mécanique trop complexe pour un plan de relance massif. Seuls 65 milliards d’€ ont pu être débloqués, via des fonds structurels.

Cette crise a cependant permis de lever le tabou des « Eurobonds », des titres de dette publique, peu moraux, visant à financer son action. Surprise, aucun des grands dirigeants ne s’y est opposé. Pas même la rigoriste Angela Merkel. Seul le Premier ministre néerlandais – Mark Rutte – est contre pour le moment. Seul l’endettement des Etats membres, peut donc faire face à la crise actuelle. Le tout, dans le but de maintenir le revenu des européens, de lutter contre la faillite des entreprises, et de faciliter les crédits et dépenses de santé, ou de maintien de l’ordre. Les Etats pouvant alors sortir des clous des 3% de déficit public, et des 60% de dette publique.

Les Etats peuvent donc aider massivement leurs entreprises, sans que cela ne soit considéré comme de la concurrence déloyale pour une fois. L’Allemagne annonce donc un plan d’aide de 500 milliards d’€, contre 300 milliards pour la France, 250 milliards pour l’Italie et 200 milliards pour les Espagnols. Ce qui ne manque pas de faire exploser certains taux d’intérêts pour rembourser les dettes nationales. Ainsi, en un mois, le taux d’intérêt de l’Italie à l’égard de l’Allemagne, est passé d’1,3 à 2,6% par an. D’où la nécessité de trouver des réponses collectives… Parmi lesquelles :

Un accord massif de prêts de la part de la Banque européenne d’investissement pour les PME. Elle va ainsi accorder 20 milliards d’€, là où l’économiste espagnol – Luis Garicano – propose 275 milliards.

Ensuite, recourir sans condition aux fonds du Mécanisme Européen de Stabilité. Il est doté d’une capacité de 410 milliards d’€, et a été créé en 2010, après la crise.

3è possibilité, la Banque Centrale Européenne peut acheter des titres d’Etats les plus en difficultés. L’achat de titres de dette permet ainsi de faire baisser les taux d’intérêts.

4è point : renforcer les moyens de l’Union bancaire, pour éviter que les difficultés des banques d’un pays ne pèsent sur ses finances publiques. Mais là aussi il est limité, avec une capacité de 33 milliards d’€.

Enfin, la possibilité de financer le chômage partiel à l’échelle européenne. Une idée qui a déjà commencé à germer avant la crise.

L’Europe a donc le défi de réagir autrement que ce qu’elle a fait jusqu’à présent : « trop peu, trop tard ».