Entre la nomination d’un nouveau PDG, la grève due à la réforme des retraites, la modification du statut des nouveaux entrants et l’ouverture à la concurrence, cette fin d’année s’annonce explosive pour le réseau ferré français.

Notons tout d’abord qu’au 1er janvier 2020, la SNCF devient une société anonyme à capitaux publics, intégrant SNCF Réseau (qui gèrent les locaux et les infrastructures) et SNCF Mobilités (les trains). Contrairement à son prédécesseur, le nouveau PDG, Jean-Pierre Farandou, devra composer avec les dirigeants des 2 structures pour gérer le groupe. Mais il devra aussi composer avec le gouvernement, qui reprend 35 des 50 milliards d’€ de la dette de SNCF Réseau. Ce-dernier exige donc de la SNCF une plus grande efficacité et de sérieuses économies pour réduire l’écart de compétitivité, de l’ordre de 30%, par rapport aux concurrents. Le tout, sans s’endetter davantage, et avec un plan d’austérité, comme la SNCF n’en a jamais connu.

Et si l’ouverture à la concurrence est effective depuis le 3 décembre, les autres compagnies n’ont pas encore émergées. La SNCF doit cependant défendre ses lignes Intercités et TER, qui feront rapidement l’objet d’appels d’offre. Ainsi, les premiers concurrents devraient rouler dès 2021-2022. Le TGV, eux, devraient voir la concurrence des compagnies italiennes Trenitalia ; espagnoles Renfe ; et allemandes FlixTrain, rouler dès décembre 2020.

Dans le même temps, la SNCF doit poursuivre son programme de rénovation du réseau, en mettant l’accent sur la sécurité. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’Etat, tout en gérant l’épineux dossier des petites lignes. De lourds investissements sont nécessaires pour maintenir la circulation ferroviaire. Autre investissement conséquent, celui pour sauver le FRET, qui accuse une dette de plus de 4milliards et demi d’€. Il faudrait donc recapitaliser et filiariser le fret ferroviaire, mais en obtenant le feu vert de Bruxelles. Seule conditions, pouvoir grantir les bénéfices.

Et si Guillaume Pepy part sur de bons résultats commerciaux, Jean-Pierre Farandou devra gagner la bataille de la relation clientèle. Entre la fermeture des guichets, la variabilité des tarifs selon les régions, les mauvaises surprises de oui.sncf, les suppression de trains et l’insuffisance de certaines dessertes, les clients sont un peu perdus, et le font savoir, notamment sur les réseaux sociaux.

Enfin la modification des statuts s’annonce périlleuse. Passant d’1 demi-million d’agents en 1938, à 142 000 aujourd’hui, la fin du statut de cheminot entraîne une perte de repère, renforcée par la concurrence. La SNCF va donc devoir, non seulement attirer les meilleurs éléments, mais savoir les garder. Voici donc quelques pistes du nouveau « package social » pour les futurs embauchés de la SNCF :

De meilleures rémunérations dans les zones de vie chère /

une grille des salaires assouplie /

plus de polyvalence, en ramenant le nombre de métiers à une centaine, contre plus de 500 actuellement /

Et enfin, un accès à la mutuelle complémentaire afin de ramener, cheminots sous statut et contractuels, vers les consultations médicales gratuites de la SNCF.