Infatigable Pape François vient de signer un nouveau document qui ne peut rester sans écho ni réaction. 

 

C’est une Lettre apostolique sous forme de motu proprio (qui veut dire écrite par la volonté du souverain pontife lui-même) intitulée Ad theologiam promovendam (Promouvoir la théologie), par laquelle sont approuvés les nouveaux statuts de l’Académie pontificale de théologie fondée au début du XVIII siècle à Rome. 

 

L’Académie est considérée comme l’outil théologique de gouvernance du pontife romain, avec comme visée le bénéfice pour toute l’Église catholique, pour assurer le dialogue entre la foi et la raison, et approfondir certaines données de la foi chrétienne afin de s’assurer de leur pertinence pour le monde contemporain, avec une visée apologétique indéniable. 

 

L’objectif du changement des statuts est de donner une nouvelle orientation à la recherche théologique, la sortir du débat entre spécialistes pour rejoindre la rue. C’est un court document de 10 paragraphes.

 

Le pape y appelle à « discerner de nouveaux itinéraires pour l’avenir, à la lumière de la Révélation ».

 

La théologie selon le pape devra affronter de profondes transformations culturelles, consciente que « Ce que nous vivons n’est pas seulement un temps de changement, mais un changement d’époque » (Discours à la Curie romaine, 21 décembre 2013).

 

« Ne vous contentez pas d’une théologie à table. Que votre lieu de réflexion soit les frontières ». 

 

De fait, il le démontre dans l’organisation du synode sur la synodalité, en choisissant des membres de sorte que par leur présence, ils recouvrent la plus grande réalité des lieux théologiques, ce qui suppose d’aller chercher des représentants qui viennent de telles frontières. 

 

« Même les bons théologiens, poursuit le pape, comme les bons pasteurs, sentent le peuple et la rue et, par leur réflexion, versent de l’huile et du vin sur les blessures des hommes ».

 

Donc la ligne entre les bons et les autres (les moins bons ?) est nettement indiquée, entre ceux qui sentent et ceux qui ne sentent pas, question de flair, et d’odorat avant tout. 

 

Évidemment, dans la pratique pastorale de la théologie, on n’a pas attendu les consignes du pape pour sentir le peuple et la rue. Les missionnaires partis pour évangéliser sur les terres lointaines, ou ceux restés dans leur pays, tous avec leurs limites, sans aucun doute ont su évangéliser. Si souvent, ils savaient sentir et verser de l’huile et du vin sur les blessures des hommes. 

 

Mais là, dans ce que le pape entrevoit pour la théologie, c’est une perspective nouvelle, qui consiste à prendre en compte, et ce dans le plus grand respect pour la situation rencontrée au moment de l’annonce de l’Évangile prêchée et mise en pratique. 

 

Plus question de brûler ce que soi-même ou les autres ont adoré, déjà les jésuites dès le XVI siècle, arrivés en Chine, parmi les premiers, semblaient prendre en compte la richesse de la civilisation qu’il n’était pas question de brûler, comme essayeront de le faire des puissances coloniales, mais brûler, et ce malgré les soupçons des accueillants, seulement de la puissance du feu d’amour. Cette confusion est encore parfois entretenue dans certains pays, où milieux, l’Église n’est pas innocente ni dans les débordements idéologiques ni dans la manière de gérer la mémoire. 

 

Désormais, pour le pape François, c’est une évidence, le respect pour ceux que l’on rencontre est à l’ordre du jour de toute action pastorale que la théologie doit prendre en compte et faire sien, Il s’agit du respect libéré de toute ruse tentée pour arriver à ses fins (amener par ruse sinon par force à l’obéissance au salut par la foi). Ce respect est la condition pour qualifier un théologien de bon.

 

À cet égard, le pape prévient que « l’ouverture au monde, à l’homme dans le concret de sa situation existentielle, avec ses problèmes, ses blessures, ses défis et ses potentialités, ne peut se réduire à une attitude « tactique », adaptant de manière extrinsèque des contenus désormais cristallisés (au sens de figés et rendues dures=RK) à de nouvelles situations, mais doit pousser la théologie à une refonte épistémologique et méthodologique, comme l’indique le Proemio de la Constitution apostolique Veritatis gaudium. » 

 

C’est au changement de paradigme que le pape fait appel en dénonçant la théologie qui, dans une attitude tactique, se contenterait d’adapter de manière extrinsèque des contenus désormais cristallisés à de nouvelles situations. Ce n’est pas seulement insuffisant, c’est même contre-productif. 

 

Pour rendre compte de ce caractère dépassé, presque exotique d’exercer la théologie de façon traditionnelle en termes de méthode, tout comme pour gouverner l’Église, depuis bien longtemps j’ai en tête cette image de montagne rocheuse qui, comme une immense cheminée, se détache de la plaine pour la surplomber de son regard pénétrant et appelant à l’obéissance.

 

L’Église comme institution, est telles les montagnes karstiques qui se dressent en cheminées inébranlables, insensibles à toute érosion ou autre corrosion, d’autant plus que les dogmes sont devenus inaccessibles à l’intelligence du croyant contemporain, car indigestes à cause de leur contenu compact ; peu de croyants disposent du suc nécessaire pour les assimiler, peu aussi prennent du temps pour voir dans les détails, dans l’espoir que cela leur parle. La foi du charbonnier est, pour la plupart des cas dans l’Occident tout au moins, un souvenir du passé simple, ce qui par ailleurs rend d’autant plus difficile le saut dans la foi que le christianisme suppose. Donc il faut changer de méthode.

 

Mais il y a plus, nos contemporains n’attendent plus qu’on les instruise, même par une nourriture plus digeste, avant tout ils attendent qu’on les accueille là où ils sont, tels qu’ils sont, dans ce qu’ils sont. Tout ceci en effet constitue un lieu théologique, un lieu où la conversation avec Dieu est possible, quitte à procéder par la suite à la purification nécessaire pour faire briller de son éclat la grâce de la foi, et ce par la grâce du feu de l’Esprit Saint qui seul rend aux yeux de Dieu, plausible, l’image de l’enfant de Dieu qui est en eux. L’image que par la foi “ils découvrent avec étonnement et accueillent avec joie”.

 

C’est ainsi que je tente à mon tour de décrire ce que le pape pointe du doigt, telles des cheminées rocheuses, des contenus cristallisés qui témoignent d’un passé plus ou moins glorieux, mais qui sont inopérants pour l’époque actuelle, à moins de se contenter d’être considérés comme des pièces d’archives gardées au Vatican ou dans un autre musée prestigieux ou quelconque. 

 

On a compris, le pape plaide en faveur d’une théologie fondamentalement contextuelle, « capable de lire et d’interpréter l’Évangile dans les conditions de vie quotidienne des hommes et des femmes, dans les différents milieux géographiques, sociaux et culturels ». 

 

Au nom de la foi en l’incarnation du Fils de Dieu, il y voit une possibilité pour l’accueil de la vision du monde et de la tradition religieuse quelle qu’elle soit d’un peuple ou d’un groupe culturellement identifié dans sa singularité. L’accueil comme lieu de dialogue, donc lieu théologique. 

 

Il poursuit, « À partir de là, la théologie ne peut que se développer en une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions, se confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants. »

 

Si la culture du dialogue est un sujet très important pour le christianisme qui se veut ouvert à une telle dynamique (j’y reviendrai juste après ceci), il semble cependant un peu audacieux de mettre sur le même plan les différentes traditions chrétiennes et les autres traditions religieuses etc. 

 

C’est sans doute une approche technique (stratégique ? on espère que non) pour mettre à profit l’ouverture sans jamais perdre de vue sa propre religion. Ce qui semble évident car clair pour le pape, l’est sans doute moins pour le lecteur quel qu’il soit. Alors que pour celui qui se sent concerné (tout théologien professionnel ou « amateur », un terme impropre pour désigner tout baptisé), il est de son devoir de se situer en connaissance de cause. 

 

Le besoin de dialogue, j’y reviens, est en effet intrinsèque à l’être humain et à toute la création. Le pape voit ce besoin dans la relation entre le monde et le regard posé sur lui par la théologie. C’est la tâche particulière de la théologie que de découvrir « l’empreinte trinitaire qui fait du cosmos dans lequel nous vivons « un tissu de relations» dans lequel « il est propre à tout être vivant de tendre vers une autre chose» (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proemio, 4a).

 

Derrière ce constat, se laisse percevoir une vision du monde qui, bien que marquée par le péché, garde suffisamment de traces de cette empreinte trinitaire pour que la vision négative ne prévale pas sur la vision résolument positive, seule capable de rejoindre les aspirations humaines au bonheur dans ce qu’elles ont de pur, tout en leur apprenant à purifier ce qui doit l’être, permettant à cette image trinitaire en eux d’être la véritable matrice pour le dialogue avec Dieu trinitaire et par conséquent avec leurs semblables. 

 

On comprend mieux l’intention du souverain pontife qui plaide en faveur d’un redéploiement d’attention renouvelé sur l’empreinte trinitaire dans le cosmos. Si Dieu est partout, il est aussi dans des situations qui à première vue ne sont pas ce que les apparences portent à croire. 

 

Une telle vision du monde bien connue dans la théologie du moyen âge avec ses Semina Verbis (Semences du Verbe) induit la nécessité de reconnaître dans le cosmos la présence d’un tissu de relations marquées par le désir de transcendance, le désir de tendre vers cette autre chose

 

Le pape fait le grand ménage avec les produits qu’il a surtout lui-même préparés. De l’empreinte trinitaire méconnue, mais à faire valoir, vers l’empreinte carbone connue, mais à faire diminuer, il n’y a qu’un pas. C’est d’une écologie holistique, celle qui comprend tous les aspects de la réalité du cosmos et de ses vivants, qu’il est question. 

 

Dans ce document, le pape François ne cite que lui-même (certaines citations sont mentionnées dans ce podcast), sauf deux fois, lorsqu’il évoque le docteur angélique (saint Thomas d’Aquin) et un autre, illustre inconnu théologien, vers qui je reviendrai plus loin.

 

Le motu proprio est signé du 1 novembre 2023, la date n’étant jamais une simple affirmation chronologique, il est donc légitime de chercher une coïncidence symbolique, sans doute celle de l’appel à la sainteté dans l’exercice de la théologie, sinon à un jour près le contenu du document serait en dialogue avec la pratique d’Halloween et un jour après, en connivence avec la commémoration de nos fidèles défunts. 

 

“Enterrer”, plutôt orienter différemment l’actuelle manière de faire de la théologie pour entrer en dialogue avec la vie quotidienne jusqu’à entrer en dialogue avec les autres cultures et traditions, constitue l’axe principal de ce document. 

 

C’est une poursuite logique de nettoyage d’abord, et de rangement ensuite, d’une nouvelle disposition enfin, tout ceci afin de pouvoir permettre de respirer un air plus pur, porteur davantage d’oxygène, celui de l’Esprit Saint en somme, auquel des « particules » poussiéreuses qui s’échappent des vieux manuels ne donnent comme référence nourrissante, seulement une répétition aménagée de façon moderne, mais répétition tout de même, sans répondre aux attentes, ni les nourrir. 

 

Il faut distinguer entre répétition des évidences chrétiennes, comme celle où on affirme que Jésus est ressuscité, qu’il est vraiment ressuscité, et la nécessité de la contextualisation d’une telle affirmation à visée missionnaire. Sans méconnaître la première, c’est sur ce second terrain que se situe l’insistance du pape.

 

Il incite à rejoindre la vie quotidienne des croyants et non croyants, de tous ceux dont la vie constitue le lieu théologique en dialogue avec la foi chrétienne. Le Mouvement De Parvis de l’Église lancé en France au début de ce troisième millénaire, parmi bien d’autres initiatives, a permis d’essayer de sortir de la cathédrale (de Paris, même si abondamment visitée) pour rejoindre ceux qui restent sur le parvis. 

 

Rejoindre la vie quotidienne dans la vérité et dans la charité qui ne font qu’un et qui obligent à quitter le champ d’investigation intellectuelle abstrait, dont la fonction était de rendre plus pure la pureté de la foi.

 

Le pape préconise que la théologie, tout en gardant sa propre virginité, n’ait pas peur de se laisser salir par la vie quotidienne à la suite des confrontations avec d’autres points de vue et ainsi se laisser atteindre par les particules de la vie venant d’endroits qui étaient jusqu’alors inconnus à la théologie, afin qu’elles puissent enrichir et façonner celle-ci. 

 

C’est un appel à l’appel d’air pour dépoussiérer les vieux manuels, ou plutôt carrément à les remplacer par des nouveaux.

 

C’est très exigeant, car obligeant à tenir en éveil (plus qu’en équilibre) l’attention à ce qui est donné de vivre aux autres et à ce qui dans ce qui est donné, est encore à recevoir dans l’attitude croyante par la théologie, donc par l’intermédiaire des autres, quitte à accepter de se faire bousculer dans la clarté logique et donc univoque, et déplacer les lignes qui séparent ce qui est admis de ce qui ne l’est pas.

 

L’attention aux « pauvres » théologiens du sens de la foi et de l’espérance chrétienne ou simplement humaine, ceux qui sont sans voix alors qu’ils portent silencieusement les aspirations qui sont à respecter, fait partie du Credo du pape. Elle ne semble ni disparaître (sauf peut-être avec lui) ni flétrir, forte d’une conscience que le pape François acquiert à genoux, et annonce debout (même étant assis dans le fauteuil roulant). Debout, même si parfois on voudrait le mettre à genou pour qu’il cesse de répandre un enseignement « indigne » d’un responsable religieux et qu’il parvienne à reconnaître sa faute et se repentir.

 

Son insistance sur la nouvelle manière de faire de la théologie en dit long sur la nécessité d’adaptation du langage théologique au contexte pour faire ressortir avec plus de force la présence de Dieu en toutes choses. Théologie, non pas celle habillée des circonstances qui attirent, arrangent et finalement gauchissent, mais qui sont le lieu de résonance où vibre la vie qui ne demande qu’à se laisser prendre en compte dans les considérations théologiques. 

 

On n’a pourtant pas attendu le pape François pour contextualiser la théologie en essayant de mettre en connivence avec la vie quotidienne, une résonance qui fait valoir le dialogue entre la création et le créateur, ce dont la théologie, tel un sismographe, a à rendre compte. L’exemple du Parvis, parmi tant d’autres, en témoigne. Ce qui change, c’est la systématisation de l’orientation donnée à la théologie, le caractère totalement séparé d’un stade de travail théologique antérieur à son application pastorale, si abondamment pratiquée, qui est ainsi dénoncée. 

 

Deux exemples de la contextualisation en cours, un sur le terrain liturgique, l’autre sur le terrain pastoral.

 

La récente modification de certaines traductions en français des textes de la liturgie visant davantage de conformité avec l’original latin. « Prions au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église », que le prêtre disait dans la version précédente et les fidèles répondaient : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde », pour être plus fidèle à l’original, est désormais: « Priez frères et sœurs: que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant », et les fidèles répondent : « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice a la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Église ». C’est l’exemple d’une contextualisation interne à la théologie elle-même, sans pour autant éloigner de la culture ambiante par un langage peu accessible. 

 

Ce qui n’est vraiment pas le cas du changement opéré dans le credo : de même nature que le Père, en parlant de la relation entre le Père et le Fils, est devenu consubstantiel, pris du latin consubstantialis, pour que ce soit plus près du sens original. À défaut de chercher mieux, on se rabat sur les termes qui rassurent les spécialistes en pensant que cela n’entraîne pas de risque d’incompréhension. Hélas, c’est une sorte de paresse intellectuelle par souci de ne pas tomber dans une autre approximation comme celle que l’on veut bien quitter, car dénoncée à cause de la confusion philosophique qu’elle entraînait. Finalement garder le mot technique consubstantiel empêche d’aller plus en profondeur dans la contextualisation présente. 

 

Alors que les formules de genre frères et sœurs ont étaient intégrées sous la poussée des tendances féministes présentes chez certains membres de la commission préparatoire, même si parfois en donnant une priorité grammaticale à frères tout en ayant l’intention de désigner nos frères et nos sœurs défunts de la prière de la messe, on a l’impression d’un arrangement à mi-chemin. 

 

Deuxième exemple, celui qui est pris sur le terrain pastoral de la théologie contextuelle, je le puise dans ma propre expérience. 

 

Tout d’abord rappelons le, on n’a pas attendu le pape François pour chercher à inscrire la théologie dans un paysage concret réel de la vie des paroissiens même de différentes communautés, pour mettre en dialogue la théologie avec la vie quotidienne. 

 

Je donne juste un exemple très concret. Depuis tout jeune prêtre, sans en être capable de mesurer à l’époque tous les tenants et aboutissants de mon attitude, j’ai toujours été partisan d’une présence du prêtre que je suis, dans la vie quotidienne familiale et sociale et même professionnelle parfois. D’où ce besoin de se faire inviter pour partager un repas en famille ou tout simplement passer du temps ensemble, marcher ensemble. 

 

Et ceci m’a toujours permis de contextualiser ma théologie, à Hong Kong par exemple j’ai développé tout un système qui m’autorise à être dans les lieux de vie pour préparer les mariages, pour préparer les baptêmes célébrés à Hong Kong et certaines situations particulières. Sans quoi une initiative libre de la part des membres de la communauté ferait que ce contact se réduirait à des exceptions presque insignifiantes. La même chose pour l’intégration dans la vie sociale, culturelle (même si cette dernière est la plus présente) etc.

 

Sans aucun doute, ceci n’est aucunement une expression de mauvaise volonté, comme souvent d’ailleurs, mais tout simplement l’expression d’une douce et innocente ignorance des enjeux, et donc des appels du pied samedi soir après la messe ou autre restant pour la plupart sans effet. Pour pondérer mes propos, on ne saurait méconnaître le rythme de vie professionnel et social, déjà bien plein et la lassitude d’en faire plus, surtout si une efficacité immédiate d’un service qu’un prêtre peut rendre n’est pas à l’horizon d’une telle initiative. 

 

Si le prêtre peut décider de son propre chef, au profit de son inscription dans le tissu social local, de participer ou non à diverses activités culturelles ou sportives, il ne peut être dans les lieux qui requièrent une invitation (événement, rassemblement de quelque nature que ce soit et dans la mesure où sa conscience personnelle et professionnelle le lui permette). 

 

Et s’il n’a pas de volonté de s’y rendre présent même par invitation, son isolement assumé parce que recherché, et ceci parce que correspondant à sa personnalité, risque de lui porter préjudice, à lui en tant qu’homme et chrétien, à son activité et à sa mission, et de l’enfermer dans le cercle des “poètes disparus”, ceux du spirituel, cercle dans lequel il va finir par disparaître lui-même, car rien de ce qui n’est pas incarné n’est chrétien.  

 

En résumé de ce qui précède pour arriver à une longue conclusion en trois temps, la mienne, celle du pape lui-même et celle d’un internaute. 

A.          Celle du développement.

Comme pour la démocratie actuelle, la diversité culturelle est la valeur intrinsèque de la diversité comme lieu théologique. D’où la nécessité d’une relation dialoguante de la religion chrétienne pour rendre compte de la présence des traces trinitaires dans le monde.

 

Reconnaître de telles traces conduit à reconsidérer les données théologiques obtenues dans les lieux déconnectés d’une telle base de dialogue (universitaires ? mais sans doute pas uniquement, il y a aussi certains salons qui délivrent des produits semblables), préservant des activités soliloques, conduit à une théologie qui n’a pas peur d’aller prospecter dans des zones grises. 

 

Ce n’est pas tant l’époque du changement, c’est le changement d’époque. 

B.  Laissons le pape lui-même de conclure”

 

l’attention nécessaire au statut scientifique de la théologie ne doit pas occulter sa dimension sapientielle, comme l’a déjà clairement affirmé saint Thomas d’Aquin (cf. Summa theologiae I, q. 1, a. 6). 

 

C’est pourquoi le bienheureux Antonio Rosmini (cf., cet illustre théologien inconnu-RK : prêtre fondateur de l’institut de la Charité, et un penseur, pionnier du concept de justice sociale, et figure du catholicisme libéral italien, béatifié le 18 novembre 2007 par Benoît XVI.) considérait la théologie comme une expression sublime de la « charité intellectuelle », tout en demandant que la raison critique de toute connaissance soit orientée vers l’Idée de Sagesse. 

 

Or, l’Idée de Sagesse tient intérieurement la Vérité et la Charité ensemble dans un « cercle solide », de sorte qu’il est impossible de connaître la vérité sans pratiquer la charité : 

 

« Parce que l’une est dans l’autre et qu’aucune des deux ne se trouve en dehors de l’autre. C’est pourquoi celui qui a cette Vérité a avec elle la Charité qu’il accomplit, et celui qui a cette Charité a la Vérité accomplie ». 

 

La raison scientifique (y compris celle appliquée à la théologie=RK) doit élargir ses frontières en direction de la sagesse, sous peine de se déshumaniser et de s’appauvrir. 

 

De cette façon, la théologie peut contribuer au débat actuel de « repenser la pensée », en se montrant une véritable connaissance critique dans la mesure où elle est une connaissance sapientielle, non pas abstraite et idéologique, mais spirituelle, élaborée à genoux, imprégnée d’adoration et de prière ; une connaissance transcendante et, en même temps, attentive à la voix du peuple, donc une théologie « populaire », s’adressant avec miséricorde aux plaies ouvertes de l’humanité et de la création et dans les plis de l’histoire humaine, à laquelle elle prophétise l’espérance d’un accomplissement ultime.” 

 

Tel est le « cachet » pastoral que doit assumer la théologie dans son ensemble.” Fin de citation.

 

C’est une théologie apprise à genoux, en dialogue avec le monde, une théologie synodale. 

C. Un internaute le résume si bien dans un commentaire trouvé sur les réseaux sociaux, cela ressemble bien au pape François : 

La théologie doit toujours être une théologie à deux pieds :

 

1° Un pied droit stable et traditionnel (la doctrine universelle du salut), selon la méthode développée par saint Thomas d’Aquin (ou autre=RK).

 

2° Un pied gauche qui, à la lumière de la doctrine, est capable de prendre des décisions adaptées au concret et de conduire l’homme à s’améliorer peu à peu. C’est la théologie pastorale. 

 

Les DEUX doivent être gardées selon cette parole de Jésus : 

 

Jean 8, 10 Alors, se redressant, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? »

Jean 8, 11 Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas (AMOUR). Va, désormais ne pèche plus (VÉRITÉ). »

 

Comme disait un théologien : “La vérité sans amour est comme un glaive. Elle peut tuer en transperçant ; L’amour sans vérité est comme une mare fangeuse. Il peut tuer car on s’y noie”.

 

***

Et donc, ceci est de moi, une bonne marche (synodale) dépend d’un bon point d’appui d’un pied (la théologie) et de l’élan que l’on impulse avec l’autre pied (la mise en pratique, dite pastorale)

 

Longue marche à la révolution culturelle dans l’Église, pourrait-on paraphraser sous forme d’un souhait la position du pape François qui n’a pas peur d’utiliser les termes équivoques (révolution culturelle), on sait que cette révolution va s’opérer au cours d’une longue marche synodale, qui va aller bien au-delà des années du synode sur la synodalité. La durée dépendra de la volonté, de l’équipement et de la météo. 

 

L’académie pontificale de théologie dotée de nouveaux statuts se voit renouveler l’équipement, sa volonté de s’en servir dépendra de la météo. 

 

Dans ce texte, François développe sa vision du travail des théologiens, s’inscrivant dans une Église catholique synodale et sortant dans le monde.