Le ministre délégué des Français de l’étranger devait réconcilier la République française avec le Royaume chérifien, alors que Paris a décidé de diviser par 2 l’octroi de visas en provenance du Maroc. Un point de crispation dans la population marocaine, tandis que la politique s’inquiète d’un glissement de la position d’Emmanuel Macron en faveur de l’indépendance du Sahara occidental.

Une visite annoncée dès le 18 octobre sur les réseaux du ministre, en qualifiant le Maroc de « partenaire d’exception de la France ». Mais comme c’est le cas depuis plusieurs mois, cette publication, au même titre que toutes celles que poste l’ambassade de France au Maroc, a suscité bon nombre de commentaires négatifs sur la toile marocaine. Cela aurait pu en rester là… Mais, à l’étonnement général et en contradiction avec les usages diplomatiques, l’ambassadrice de France, Anne-Sophie Avé, qui occupe ce poste depuis septembre 2022, est rentrée dans un ping-pong de tweets avec les opposants à la France, lorsqu’un internaute marocain a demandé le départ des entreprises françaises. Olivier Becht est donc arrivé au Maroc alors que l’opinion publique est déjà chauffée à blanc.

Pourtant, il faut rappeler que la France est le premier investisseur étranger au Maroc. Avec des échanges entre les deux pays estimé à 10,7 milliards d’€. Olivier Becht a donc rencontré le ministre délégué chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques – Mohcine Jazouli – et Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce. À Casablanca, Olivier Becht a rencontré les représentants de la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc. Enfin, une visite à l’Institut des métiers de l’aéronautique était également au programme. 

Mais quelques jours après le départ de l’ambassadeur du Maroc près de France, Mohamed Banchââboun, difficile de relancer les relations. À cela s’ajoute l’ambiguité dans la position de la France vis-à-vis du Sahara Occidental. Ainsi, la création d’une section de La République en Marche, par des expatriés pour le Sahara occidental est mal passé. La question de la baisse du quota de visas octroyés a également été mal perçue. Cela a notamment été dénoncé par le député des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, Karim Ben Cheïkh. Une situation qui s’explique aussi par la poussée du premier ministre sur les OQTF, qui devrait contraindre Rabat à accepter la reconduction vers le Maroc de ses citoyens « sans papiers ». 

Rappelons enfin que la communauté française au Maroc représente 80 000 personnes, alors qu’officiellement, ils sont 53 800 à être inscrits sur les registres consulaires. Ainsi, parmi nos compatriotes sur place se mélangent des binationaux de retour au Maroc avec une formation française, des retraités au pouvoir d’achat conséquent pour le pays, mais aussi de nombreux investisseurs dans l’immobilier (on se souvient de la ruée sur les riads dans les années 2000-2010), les nouvelles technologies mais aussi la construction navale et ferroviaire comme l’aéronautique.

Enfin, Olivier Becht s’est rendu au Lycée français Lyautey de Casablanca, pour rendre hommage à son proviseur, Stéphane Sachet, décédé le 17 octobre. 

Mais sur le fond, son voyage ne restera pas dans les annales, car du côté marocain on espère vraiment une visite rapide d’Emmanuel Macron. A défaut, les autorités marocaines pourraient penser que la France prend le parti de l’Algérie.