Notre chroniqueur et fondateur de la société d’études et de stratégies économiques Lorello Ecodata – Philippe Crevel – ne s’y est pas trompé. L’investiture du président américain pour son deuxième mandat a changé le monde et les échanges commerciaux pour de nombreuses années.
Premier choc : pour la première fois depuis 2022, le PIB américain a reculé de 0,3%, selon une estimation du ministère du commerce des USA, publiée en mai. Cela s’explique notamment par la précipitation des américains sur certains produits fabriqués à l’étranger, de peur que leurs prix bondissent avec les nouveaux droits de douane. Mais cela entraîne inévitablement des dépenses en moins à venir. Car jusqu’alors, les marchandises étaient très peu taxées, seulement entre 1 et 4% de taxe en général. Ils sont passés entre 10 et 50% , représentant un basculement par rapport à la manière dont le commerce était organisé depuis la Seconde guerre mondiale. Or, taxer fortement ces produits doit permettre, selon Donald Trump, de les produire aux Etats-Unis pour moins dépendre de l’étranger. C’est un retour à ce que l’on appelle le « protectionnisme« , car on « protège » la production nationale.
Or, l’augmentation des droits de douane décidée par l’administration américaine actuelle ne s’inscrit pas dans la tradition des USA. La surproduction autour de la sidérurgie (avec des droits de douane grimpant à 50%), s’apparente même à une protection d’une industrie en fin de vie. Donald Trump utilise alors ces droits de douane comme des armes, remettant en cause le principe de multilatéralisme érigé en principe de base par l’Organisation Mondiale du Commerce. L’administration Trump a voté un certain nombre de mesures douanières temporaires contre des pays dont les pratiques commerciales sont jugées déloyales.
Ainsi, les revendications territoriales fantasques de Trump sur le Canada, le Panama et le Groenland, mais aussi le chantage aux taxes douanières, laissent à penser que le second mandat de Donald Trump s’annonce compliqué. Le règne de la loi du plus fort et de l’unilatéralisme, une attitude impérialiste et néocolonialiste débridée et des initiatives à l’emporte-pièce vont façonner et fracturer la scène internationale et l’ordre mondial imposé après la Seconde guerre mondiale, souvent par la force, par les États-Unis eux-mêmes. Le Dollar est de plus en plus contesté, comme monnaie de référence. Or toute l’architecture monétaire mondiale depuis des décennies repose sur un flux libre entre les économies avancées. Les investisseurs du monde entier investissent en dollars car ils ont confiance dans le système, pas parce qu’ils y sont contraints. Mais les Etats-Unis ne peuvent se prévaloir d’une capacité de coercition sans limites. Cette instabilité grève la croissance mondiale et inquiète le FMI, qui anticipe un risque de crise majeure.