La docteure en littérature, spécialiste en relations internationales – Florence Baillon – et l’élue consulaire aux USA – Laure Pallez. Mais aussi l’historien et élue binationale – Hélène Demeestre – se sont posées la question de l’allégeance en politique, et de la gestion des tensions entre ses deux pays, lorsqu’un binational se présente en politique. Une véritable enquête, à la rigueur universitaire avérée, a été effectuée auprès d’élus, de personnel de l’administration, mais aussi de compatriotes à l’étranger. 

Rappelons d’abord que la double-nationalité vous octroie les mêmes droits et responsabilités que le reste des habitants de ce pays. Et sachez qu’une cinquantaine de pays acceptent la double nationalité en politique. L’Espagne et la France ont signé un accord en 2020. Mais il est rare, car d’autres pays exigent que leurs ancêtres ou leur lignée soit reconnus pour jouer de la double nationalité. C’est notamment le cas d’Israël, l’Italie et l’Irlande. Les Pays-Bas ne la reconnaissent que que dans des cas très spécifiques. L’Estonie et l’Autriche ne le feront que si le passeport a été remis dès la naissance. Et pour les Slovaques, il faut être né dans ce second pays, ou avoir épousé quelqu’un de cette nationalité. Alors que dans près de 25 pays à travers le monde, allant d’Andorre, à la Chine, en passant par le Congo, l’Iran, Monaco, et le Zimbabwe, vous perdez automatiquement votre nationalité en cas d’acquisition d’une autre.

La double-nationalité n’est donc pas si évidente, alors qu’en France, on estime à 1 million 700 mille, le nombre de binationaux. Ils sont ainsi français pour la France et considérés comme Français de l’étranger mais s’ils vivent dans le pays de leur deuxième nationalité. Et parmi leur sujet d’étude, le cas de Manuel Valls a été étudié, avec des allers-retours entre la France et l’Espagne. En tout, ce sont 8 élus des Français de l’étranger qui ont été choisis pour être décortiqués. Ils sont ainsi élus aux Pays-Bas, au Canada, en Espagne, en Belgique, en Thaïlande, au Bénin, et deux aux Etats-Unis. Et si aucune action publique n’a été engagée pour connaître, comprendre et anticiper, les autrices de l’étude ont proposé la création d’un observatoire de la binationalité. Cela servirait notamment à maintenir le lien avec la France, ce que notre pays a eu tendance à négliger. Puisque pour les autrice, la binationalité est une chance, en terme de francophonie, de diplomatie, et de politique…