Chômage au plus bas depuis 2008…

Le Gouvernement s’est félicité des chiffres du chômage, publiés la semaine dernière, qui a diminué de 0,4% au dernier trimestre 2019, pour atteindre les 8,1% sur l’ensemble du territoire. Son plus bas niveau depuis fin 2008, et le début de la crise. Cependant il s’agit d’un taux supérieur à la moyenne des pays occidentaux. L’autre statistique encourageante pour l’exécutif, c’est le taux des 15-64 ans en emploi, qui croit, pour atteindre 66%, alors que 49,3% des contrats de travail sont des CDI, quand celui des individus en sous-emploi, a diminué de 0,5 point en 1 an. L’emploi salarié dans le secteur privé s’est ainsi accru de 0,2%. Et sur l’ensemble de 2019, on a compté 210 000 employés de plus dans les entreprises, contre 163 000 en 2018. Des résultats encouragés par le rebond de l’Industrie, qui a enregistré 7 900 créations nettes de postes, et la construction, qui a embauché 42 200 personnes supplémentaires. Les mesures d’allègement du coût du travail ont également profité aux personnes les moins qualifiées, tout comme l’assouplissement des règles encadrant la relation employeurs/employés, qui réduit la peur de l’embauche. Enfin le développent de l’apprentissage et les gros efforts en matières de formation sont à mettre au crédit du Gouvernement.

…une histoire de statistiques…

Mais cela ne doit pas cacher une autre réalité : l’exclusion de statistiques de toutes les personnes voulant travailler, mais ne bénéficiant pas du statut de chômeur, car ne remplissant pas certaines conditions. L’INSEE evoque ainsi le halo du chômage, soit 1,7 millions de personnes, fin 2019. Un nombre en progression de 0,2 point sur l’ensemble de l’année, pour atteindre les 4%, son plus haut niveau, cette fois, depuis 2003.

La colère sociale est donc à aller chercher du côté du coût croissant du logement ; de la faiblesse de la mobilité sociale ; de la dégradation de la structure des emplois ; ou encore de la pression sur les systèmes de protection sociale due au vieillissement démographique. Et pourtant, la situation économique de la France tend à s’améliorer.

Mais le niveau de tension reste fort. La Réforme des retraite en est l’une des manifestations. Mais cette crise est avant tout celle du logement. Avec une augmentation du prix de l’immobilier, un nombre de constructions en baisse, et des règles d’urbanisme contraignantes, le ratio du prix des maisons par rapport au salaire nominal, a augmenté de plus de 40 points en 20 ans.

Autre point de crispation : les transports, avec des emplois concentrés dans les agglomérations, alors que la population est contrainte d’habiter en périphérie. Le temps de transport s’allonge et les infrastructures n’ont pas suivi l’évolution de la population.

… et cache une panne de l’ascenseur social ?

Enfin, la mobilité sociale ralenti fortement depuis la fin des années 80. Si près de 90% des candidats sont admis au BAC, l’accès aux grandes écoles n’est permis qu’aux catégories aisées. Science-Po a créé une filière spéciales pour recruter au sein des zones d’éducation prioritaire, mais cela est marginal. Et puis l’ascension sociale se détermine davantage par les diplômes, que les compétences professionnelles, comme ce fût le cas dans l’Industrie, dans les années 60-70. Ainsi, moins de 10% des enfants d’agriculteurs ou d’ouvriers font partie des cadres ou professions, dites, intellectuelles, quand 50% des enfants de cadres, le deviennent. Un basculement s’est également opéré, avec l’emploi industriel qui a diminué de 25% en 20 ans, pendant que les services domestiques ont progressé de 20%. Or, les salaires dans les services sont moins élevés de 12 000€/an que les salaires dans l’Industrie.

Enfin l’augmentation de la précarité de l’emploi, et le développement des CDD, intérim et temps partiel, voire en micro-entreprise, contribue à accroître les tensions sociales. Ainsi, les prestations sociales ont joué un rôle d’amortisseur des crises depuis 30 ans. Et il faut désormais relever le défi du vieillissement de la population. 27% de la population aura plus de 65 ans en 2040, contre 16% en 1999, ce qui fait augmenté les dépenses de santé et de retraite de 17 à 20% du PIB. La sacralisation de la retraite, rendant ainsi très difficile, tout projet de réforme.