Alors que l’on attendait des élections par vote électronique entre le 21 et le 26 mai, et une élection dans les urnes les 29 et 30 mai, ce sont près de 20 circonscriptions qui pourraient être privées de scrutin consulaire en ce mois de mai. La faute à un amendement déposé par le gouvernement, vendredi, lors de l’adoption du projet de loi relative à la gestion de la sortie de crise. Cet amendement stipule que si la situation sanitaire d’un pays d’accueil ne permet pas l’organisation d’un scrutin, ce-dernier sera reporté par mesure de sécurité dans un délai de 4 mois.

Quelques lignes qui ont fait bondir les élus de l’opposition. La Sénatrice Evelyne Renaud-Garabedian s’étonne « que cet amendement n’intervienne que quelques jours avant le début des opérations de vote ». Constat partagé par le Président du groupe Solidarité et Ecologie à l’Assemblée des Français de l’étranger, Mehdi Benlahcen. La Présidente de la fédération des Français de l’étranger du Parti socialiste, Cécilia Gondard, énumère les différents manquements de la part du Gouvernement, dans ces élections, exigeant ainsi « la plus grande transparence sur les pays concernés, les critères retenus, et les explications sur l’impréparation d’un scrutin dont les conditions particulières sont retenus ». Enfin, le Sénateur LR Ronan Le Gleut, prévient qu’il « suivra avec attention le débat à l’Assemblée nationale, avant l’examen du texte au Sénat le 17 mai ». Et que « le gouvernement aurait pu prévenir les parlementaires des Français de l’étranger, plutôt que de prendre tout le monde par surprise ».

De son côté, la majorité tempère. Notamment par la voix de la députée LREM des Français d’Asie et d’Europe Occidentale, Anne Genetet, qui estime qu’avec l’amendement 146 de l’article 11, la Direction des Français à l’étranger (DFAE) « fait preuve d’agilité et de souplesse ». D’autant que, selon l’élue, les élections ne seront reportées que s’il est impossible d’ouvrir au moins un bureau de vote dans la circonscription concernée. Cela ne se produirait qu’en cas de confinement strict dans le pays d’accueil, ou de mise en place de mesures de limitation des déplacements. Une vingtaine de circonscriptions consulaires devraient donc être impactées, sur les 130 qui existent. Si l’on pense à l’Inde, la Tunisie et le Canada anglophone, la liste définitive des circonscriptions qui verront leurs élections déplacées après l’été, sera communiquée par la DFAE, le 21 mai au matin, pour un début des votes électroniques, dès midi.

Et les conséquences sont nombreuses, sur le mandat des conseillers consulaires actuels, mais aussi sur ceux qui seront prochainement élus. Les uns et les autres ne dépendront pas des mêmes statuts. De plus, le report des élections de conseillers, modifiera celle de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), dont les 90 membres sont élus par les 500 personnes qui composent les Conseils consulaires et les délégués des Français établis hors de France. Enfin, les élections sénatoriales, déjà reportées en 2020, pourraient pâtir de cet ajournement des élections consulaires. Entre 20 et 65 grands électeurs pourraient rejoindre le corps électoral au tout dernier moment. Pas suffisant pour modifier l’issu du scrutin, selon Anne Genetet. Mais cela prouve, en tout cas, que l’élection est rendue encore plus complexe, alors que la situation était connue depuis plus d’un an, maintenant…