Elle, la réflexion, pas la transgression, est déclenchée par un podcast pour améliorer mon anglais.

 

On y développe l’idée d’apprentissage, de la langue en l’occurrence, et ce de deux manières, par un engagement émotionnel profond (deliberate), et par un apprentissage passif (listening to).

 

Si apprendre le vocabulaire et la grammaire supposent un engagement émotionnel profond, la motivation se présente comme clé du succès, ce qui suppose de se faire (joyeusement) violence pour apprendre. 

 

L’apprentissage passif se fait de façon smooth lorsque l’on regarde un film ou l’on écoute un podcast, où on vient à la messe en spectateur plus ou moins attentif…

 

Mais, sauf dans le cas de la messe, cette distinction concerne les adultes, elle n’est pas opératoire pour les enfants qui, en général, tout ce qu’ils apprennent, ils le font à fond, et même parfois à la messe, très sérieusement s’acquittent de leur devoir. Et en même temps, ils sont dans un état de jouissance en apprenant de nouvelles choses. Et c’est ce qui les intéresse avant tout au caté et donc à la messe.

 

Pour eux tout est sujet d’apprentissage dans la joie; qu’est-ce que t’as fait à l’école?, on a joué toute la journée. Moi aussi je garde un tel souvenir de mes premiers mois à l’école, ce qui a commencé à inquiéter les parents, mais la maîtresse avait raison. 

 

Petits, ils retiennent tout, puis petit à petit ils apprennent comme par inadvertance dans une attention de plus en plus capable de se diversifier sur plusieurs centres d’intérêts à la fois.

 

Ce qui conduit à l’acquisition de la capacité multitâche, puis avec l’âge cette faculté se réduit de plus en plus devenant unidirectionnelle, comme elle l’était chez le tout petit. Les oreilles ne captent plus tous les sons, la barrière de son audible devient de plus en plus gênante. 

 

Sauf que, de façon générale, avec l’âge, ce processus s’accompagne d’une baisse considérable de l’implication, pour être deliberate en dégage une moindre dose émotionnelle, et même si elle y est, les résultats, comparés avec l’enfance, sont plutôt décevants.

 

Tout cela parce que nous sommes confrontés à nos propres limites.

 

Le bébé transgresse les limites, ceux de communiquer et de se mouvoir, il le fait de façon totalement naturelle. Comme s’il était programmé pour de tels dépassements. A quel prix !?

 

Combien de chutes avant de se tenir sur ses deux jambes et se déplacer. Certes, ces chutes pour la plupart des cas sont bien amorties à cause de la souplesse du corps et de ses proportions.

 

Avec la croissance, la tête, très lourde, est la moins stable en comparaison avec d’autres parties du corps, et elle est de plus en plus éloignée du sol où sont posées les pieds, et lors d’une chute ça fait de plus en plus mal. 

 

Mais comme la pluie n’arrête pas le pèlerin, la souffrance occasionnée est pour la plupart vite oubliée, car inconsciemment intégrée dans le processus. 

 

Et pour certains, elle est intégrée dans le processus de dépassement de soi, l’alpinisme ou la navigation surtout en solitaire et tous les autres marathons, y compris le dépassement de Rafael Nadal qui en connaît bien le prix en termes d’abnégation et de souffrance, en sont des exemples.  

 

Et avec l’âge ça se gâte aussi de ce point de vue : plus on avance dans la vie avec l’idée que toute souffrance est mauvaise, plus on la sépare de l’apprentissage par la transgression. Évidemment il ne s’agit pas de les envoyer au front pour apprendre la vie, un sport pratiqué avec passion suffit. 

 

C’est vrai aussi pour la communication; combien de balbutiements avant d’acquérir une certaine fluidité dans la communication langagière. 

 

Et combien de patience face à une volonté à transgresser de la sorte d’autres limites, patience de l’entourage, car opiniâtreté de l’enfant et de l’adulte aussi.  Les blocages qui en résultent sont souvent les marqueurs de l’évolution dans l’acquisition de l’expérience, dont les effets ne sont pas toujours très positifs. 

 

Nous voilà au cœur de ce thème, car il n’y a pas d’apprentissage sans transgression. Quoi à apprendre et comment transgresser de façon bénéfique pour le sujet qui agit ainsi?

 

Ce ne sont pas des questions subsidiaires, au contraire elles touchent à l’essence même de ce qu’est l’apprentissage.

 

Pour le prouver, partons d’un autre constat, très simple, l’enfant apprend et donc transgresse de façon naturelle, malgré lui, mais alors toutes les limitations de sa liberté ne sont que des contraintes considérées comme injustifiées.

 

C’est comme dans toute sa vie, où l’apprentissage et donc la transgression se confondent avec le grignotage des zones obscures, inconnues, pour les conquérir, absorber, posséder, habiter, en jouir…

 

Et quand ce grignotage est remis en cause, l’exclamation, pas seulement de l’enfant, mais si spontanée et naturel pour constater avec dégoût : “Ce n’est pas juste!” résume ce mal-être provoqué par la limitation de la zone de liberté qui touche soi-même ou d’autres avec qui on est de mèche pour, au moyen de projections faites sur eux, comprendre soi-même, les autres et le monde.

 

Jusqu’à ce qu’il assimile la règle de base à savoir qu’il n’y a pas d’épanouissement de la liberté sans que les limites le contraignent et ainsi le tonifient. Mais il ne fera pas comme l’entourage le souhaitera, il le fera pour certaines choses et pas pour d’autres. 

 

Tout en brûlant ce qu’il adorait quand il était petit (y compris les parents, mais surtout “leur monde”) pour adorer ce que l’on lui demandait de brûler; surtout les limites qui ainsi remises en cause, franchies, explosent et volent en éclats.

 

Mais alors, si c’est ainsi, pourquoi ne pas anticiper? Un joint proposé par le père à son fils adolescent pour l’initier au bien-être dans la jouissance, comme d’autres conduisent leur progéniture, surtout masculine chez la prostituée; la fille sera plutôt préservée d’une telle expérience, quoique le principe d’égalité n’a pas de limites par principe de la bonne réputation, elle va y échapper ou pas. 

 

Ces sont des exemples très à la limite, dont l’évocation n’a pour but que de pousser à l’extrême le raisonnement, en vertu duquel on va se poser cette question: 

 

Pourquoi ne pas y conduire délibérément sans leur montrer des limites quelles qu’elles soient.

 

C’est la version la plus extrême et contradictoire, car pas de limites, pas de transgression. Ou alors se faisant un bon apôtre d’une pédagogie positive pour préserver l’enfant non seulement de tout traumatisme, mais de toute mauvaise influence d’un monde qui est plein de limites, dans le style : l’enfer c’est les autres qui nous empêchent de vivre épanouis.

 

Car derrière les limites se cache le désir de l’épanouissement vers lequel pousse la nature et ses outils sensibles qui détectent des sensations jugées comme bienveillantes, positives.

 

Il y a à distinguer alors entre la transgression qualifiée de faute technique, les calculs, l’orthographe, la géométrie… Et celle qui conduit à l’apprentissage de la vie dans sa subsistance.

 

On apprend à occuper la surface en la transgressant dans ses limitations internes (les cahiers à carreaux ou en lignes droites parallèles) et externes (déborder le cadre donné).

 

Quand l’enfant use d’un crayon 🖍️ ou autre pour accomplir ses premières œuvres d’art, c’est sans aucune intention de transgresser, la transgression se présentera à la suite de la limitation qui existait dans la tête des parents, mais lui l’enfant ne la connais pas. 

 

Dans cet ordre pédagogique, d’abord on transgresse, puis le on constate. 

 

La limitation est accueillie avec des larmes de tristesse momentanée, et souvent à répétition jusqu’à l’intégration de la consigne sous forme d’un tel interdit ou alors jusqu’à l’abdication de part ou autre.

 

Bienheureux ceux qui de la transgression font leur fond de commerce, la subversion serait alors à l’origine d’un changement futur proche ou lointain (Chanel, Rousseau, et sur les versants chrétien, Thérèse de l’Enfant Jésus, Maximilien Kolbe). 

 

Ou alors, ce serait un flop dont personne n’est très fier, quand c’est pour l’expression artistique, la casse est bien limitée, mais c’est infiniment plus grave quand ça touche une transgression relationnelle accomplie dans l’esprit d’un abus de pouvoir. Sans consentement ou avec.

 

Dans l’éducation du plus jeune âge on va lier l’apprentissage par la transgression avec la responsabilité (fauteur payeur).

 

La responsabilité vient avec la conscience, et celle-ci pour bien remplir son rôle cherche à être éclairée,

 

-soit par la raison (les Lumières en sont le porte-drapeau)

-soit par la philosophie de vie ou la religion.

 

Bienheureux les inconscients, car ils ne savent pas ce qu’ils font et pour qui on va même implorer le pardon (Jésus, Etienne et tous les autres). 

 

Mais avec la prise de conscience collective (insécurité, écologie, faim et soif de la vérité…) on va suppléer à l’ignorance personnelle. 

 

Le droit en est le garant, jusqu’à ce qu’il ne devienne à son tour remis en cause et obsolète (le cannabis, le comportement relationnel) et gare à celui qui l’ignore, dans certains pays, ça peut coûter cher, très cher, y compris la vie en rançon pour la multitude de ceux qui voyant le montant de la facture finissent pas se laisser dissuader de l’imitation d’une pareille imprudence. 

 

Il y a donc des transgressions circonstancielles occasionnées par le droit positif, purement humain, et il y a des transgressions par rapport aux droits dits immuables, de fondations transcendantales.

 

Même ces dernières sont inégales dans leurs énoncés et le traitement (sanctions), elles se font la guerre suivant la religion, comme celle des boutons pour savoir qui contrôle mieux le territoire et ce qui s’y trouve.  

 

Tout ceci va concourir, chacune pour sa part, à la prise de responsabilité, car prise de risque de se tromper, de se fourvoyer, de se faire attraper, de décevoir…. La silhouette de l’enfant prodigue se profile à l’horizon de l’humanité en quête d’elle-même au moyen de l’apprentissage de sa liberté. 

 

Et tout cela au risque de la vie, (danger d’enivrement et donc perte de repères stables), bien heureux qui échappent au pire, malheureux qui ne s’en sortent d’aucune manière.

 

Le chrétien s’en sort comme il peut, au moyen des coups de confiance qu’il s’administre pour ne pas désespérer de tant d’apprentissages ratés, pour ne pas se laisser écraser par le poids de la responsabilité.