C’est sur une ligne triangulaire que je voudrais vous présenter le podcast d’aujourd’hui. Trois points d’appuis, trois vecteurs d’action, trois lignes de force. Les concevoir séparément aurait été sans doute plus facile. Mais puisque tout est lié, comme nous le rappelle le pape François, voyons comment tout cela s’articule.

L’olympiade, on sait ce que c’est, la fête du 15 août aussi, tous les deux sont en relation étroite, par le biais des vacances. Mais aussi, ils sont liés par l’intermédiaire du dépassement de soi, de ce point de vue, dans le sport ou dans la religion, le même combat. Ou presque.

Nombreuses sont les métaphores sportives dans le Nouveau Testament.

« Si quelqu’un lutte dans les jeux, il n’est couronné que s’il a lutté selon les règles.” (2 Timothée 2,5). Il faut de la maîtrise. Dans la civilisation de la Grèce antique, une grande place est accordée aux jeux sportifs. Les Olympiades en sont l’emblème.

Mais la réussite d’un athlète dépend en grande partie de son entraîneur. A notre époque c’est très à la mode d’avoir son coach, un peu pour tout. Pour la foi sans doute aussi. Dans l’antiquité grecque, les participants aux jeux devaient affirmer sous serment qu’ils avaient consacré pratiquement une année entière aux exercices préparatoires. C’est comme pour préparer un sacrement etc.

En effet, on ne devient pas chrétien sans entraînement non plus. Le chretien, c’est celui qui concourt en vue de la justice et de la paix par des moyens concrets, matériels, mais pour des raisons d’amour suprême et donc purement spirituelles. Et pour y parvenir, un entraînement rigoureux s’impose.

Je cite un poste biblique trouvé sur les réseaux :

“Paul a donné ce conseil : « Exerce-toi en ayant pour but l’attachement à Dieu. » (1 Timothée 4:7) Et quel est cet entraîneur hors pair ? « Le Dieu de toute faveur imméritée achèvera votre formation, il vous rendra fermes, il vous rendra forts. » – 1 Pierre 5:10

L’expression ‘ achèvera votre formation ’ vient d’un verbe grec qui signifie ‘ rendre quelqu’un apte à sa destination, le préparer ’ ; il peut être rendu par ‘ préparer, former ou équiper complètement. Les entraîneurs utilisaient deux méthodes fondamentales : la première incitait l’élève à fournir le plus d’efforts physiques possible pour atteindre le meilleur résultat ; la deuxième visait à améliorer sa technique et son style.”

C’est l’Esprit Saint qui indique comment Dieu lui-même achève la formation chrétienne. Ce rappel est un aveu de dépendance à l’égard de Dieu et aussi un antidote d’orgueil pour produire des anticorps capables de la rendre résistante à l’égard d’une telle tendance fâcheuse, celle de se prendre pour la source de toute réussite. Dans le sport, dans la foi comme dans la vie, la résilience rime avec reconnaissance.

Mgr Dominique Lebrun, à cette époque évêque de St Étienne (paru dans « Présence Mariste » n°256, juin 2008), donne, quant à lui, des indications d’une actualité olympique, voire hongkongaise pour le moins. 

“En fait, nous ne savons pas si Paul a été ou non un sportif au sens où il aurait participé lui-même à la course. Il a dû la fréquenter de près ou de loin puisque, à plusieurs reprises, cette métaphore de la course pour son action, son ministère est reprise. En Gal 2, 2, il fait allusion à sa vie qui est une course. Il explique qu’il a annoncé l’Évangile aux païens « de peur de courir ou d’avoir couru pour rien ».

En Ph 3, 12-14, Paul témoigne de sa vie toute donnée pour le Christ mort et ressuscité : « Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j’ai été moi-même saisi par le Christ … une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et, lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » Dans la 2e lettre à Timothée, il affirme : « J’ai tenu jusqu’au bout de la course. » (4, 7).

Cela dit, St Paul n’oublie pas de rappeler que le sport ne doit pas empêcher d’aller à la messe le dimanche ! Il donne une série de conseils à Timothée : « Exerce-toi à la piété. Les exercices corporels (somatike gymnasia), eux, ne servent pas à grand-chose : la piété, elle, est utile à tout, car elle est la promesse de la vie. » 1 Tm 4, 8.”

La marche est le mode de déplacement le plus naturel dans la Bible. Jésus n’a jamais pris ni train ni avion. La marche est aussi le sport le plus partagé dans le monde et à Hong Kong nous sommes des champions de la marche. C’est bon signe, le signe d’une bonne santé et d’un désir de vivre en harmonie avec la nature, même si cette pratique prend encore plus d’ampleur dans la lutte contre l’enfermement provoqué par la pandémie en cours.

Nous pouvons décrire une telle pastorale de la marche, rien qu’à Hong Kong, en donnant des exemples concrets d’exercices pratiques où la spiritualité des pieds prend toute son importance.

La marche des pères et la marche des mères, la marche de jeunes de l’aumônerie sur les traces de la paix comme valeur fondamentale de chacune et facteur d’unité entre les individus et les peuples.

D’autres jeunes pour lancer la préparation de leur confirmation marchant, escaladant même des roches stigmatisées par les gravures rupestres, témoins de l’aspiration transcendantale par l’art…

D’autres jeunes, en s’exerçant à entrer dans le mystère du salut au travers la pratique de chapelet médité en égrenant les Ave Maria… et bien d’autres. La pastorale de la marche, de péripatéticiens de la démarche spirituelle, est concrète et de plus grande importance pour maintenant et à l’heure de notre mort. 

A noter aussi les marches de familles avec les petits enfants dans les cadres de l’éveil à la foi, dans un contexte interculturel par-ci et interreligieux par-là. La marche des pèlerins de Tai Long Wan pour l’autre fête mariale, celle de l’Immaculée Conception en décembre. 

Voilà, à peu près le tableau complet pour savoir comment marche la CCFHK du point de vue de la dé-marche spirituelle mise en pratique. Comme ailleurs, et cela passe aussi par les chemins de saint Jacques, Cotignac, Chartres, Częstochowa et tous les pardons bretons et autres à l’occasion du 15 août.

Les métaphores sportives ont pour but de démontrer que pour les chrétiens tous les participants sont des gagnants. C’est un peu comme dans les classes maternelles où tous les enfants qui concourent sont gagnants. L’essentiel c’est d’y participer. 

C’est encourageant, c’est prometteur d’une bonne évolution au cours de laquelle chacun donnera le maximum. Sans infantiliser la foi, il y a quelque chose d’enfantin dans la simplicité, non pas pour gagner, mais pour participer et donc gagner. Pour cela il faut un cœur d’ange, comme celui de Marie qui, une fois sa course terrestre achevée, fut enlevée au ciel, telle quelle.

Mais le côté enfantin se termine au porte de la décision à prendre pour y participer. Et une fois ayant intégré le groupe, ce qui est commun de façon plus évidente pour certaines disciplines sportives, mais fondamental pour la foi chrétienne, c’est l’esprit d’équipe. Il s’exprime par la réponse positive à l’appel à la fraternité, pour les participants aux jeux olympiques, un tel esprit élargit à sa façon les efforts sportifs aux dimensions mondiales, et tout comme Fratelli tutti, invite à rayonner de la foi en termes de fraternité universelle. 

Pour le pape, c’est une exhortation en paroles supposées être fondées sur l’expérience personnelle de l’auteur et de l’institution qu’il représente dans son ensemble, Et l’exemple d’esprit d’équipe et de dépassement de soi dans les cadre des règles, pour les sportifs de toutes sortes, physiques et spirituels. Ce qui ne va pas toujours de soi.  

Des contestations de décisions d’arbitres jugés inexactes à la vérité des faits, ou abusives dans une zone grise entre in ou off sont le pain quasi quotidien des responsables. Sauf quand la vérification par preuve irréfutable s’impose, quand c’est vérifiable par les images ou procédés techniques assimilés pour reproduire exactement la trajectoire de la balle, par exemple, pour savoir si en tombant, oui ou non, elle a touché le sol sur la ligne qui fait partie de in. 

Ou encore lorsque certains joueurs refusent de combattre contre untel ou untel, et ceci pour des raisons de refus de fraternité universelle. C’est évidemment contre l‘esprit de l’olympiade. Les règles sont claires, même si celles-ci peuvent parfois évoluer, ce qui est le propre de tout droit positif.

 

Avant les Jeux de Tokyo, le CIO avait annoncé que les athlètes auraient désormais la possibilité d’exprimer leurs opinions politiques dans les médias ou sur les réseaux sociaux. C’est une nouveauté, à comprendre comme une extension de la zone de liberté octroyée aux athlètes. Zone déjà bien occupée par les expressions symboliques à caractère religieux. Reste encore à réglementer au sujet de certaines tenues vestimentaires, ceci est encore en débat pour des raisons pratiques, esthétiques (c’est un euphémisme pour parler de la décence) et pour les motifs religieux. 

Pour ce qui est des opinions politiques, le Comité International Olympique avait précisé que ces manifestations demeuraient prohibées lors des cérémonies officielles de remises de médailles. Le geste d’un médaillé des bras en x, symbole de lutte en faveur de LTBG, au moment de la remise de médailles, pourrait lui valoir une sanction; le CIO a déclaré qu’il allait étudier ce cas. Tempus narrabo, qui vivet videbit.

La reprise à la fin du XIX siècle du concept d’olympiade se situe dans une phase de l’émancipation de l’esprit humain européen à l’égard de la pensée dominante alimentée par la religion chrétienne. Cet esprit, se structurant en dehors et pour l’essentiel longtemps contre la religion chrétienne, rallume symboliquement et parfois concrètement, comme c’est le cas des feux des jeux olympiques, le lien avec les références culturelles voire civilisationnelles antérieures à l’époque chrétienne.

Lorsque Pierre de Coubertin, étudiant à Sciences Po, lance l’idée (pas le premier mais finalement dans les dimensions internationales que l’on les connaît, car déjà un certain britannique était sur la ligne de départ, bien avant lui, sacrés Anglais!), personne ne s’imaginait l’engouement que cela provoquerait dans le monde entier. 

Et la valeur ajoutée à la satisfaction d’être médaillé, surtout en or, n’a d’égal qu’un sentiment de plénitude donné par un amour éternel. Même si le sentiment s’estompe peu à peu, la satisfaction profonde d’être reliée à l’humanité entière et par elle à l’univers entier, reste le point d’ancrage d’une communion qui, elle, ne flétrira jamais. Comme si Marie d’un bond était partie au ciel en emportant tous ses efforts, reliés mystiquement, en faveur de la croissance de l’humanité vers son ultime destin.

L’expression de fraternité lors des compétitions sportives, c’est toujours mieux que les rivalités économiques, d’influences et des conflits plus ou moins ouverts. Le baron de Coubertin a eu une idée très noble de la place du sport dans la vie de la jeunesse.  

L’éducation et l’histoire sont les deux domaines de prédilection de sa vie. Il a surtout donné une dimension universelle pour permettre à la jeunesse d’avoir une bonne condition physique. Et là, la motivation est très locale, comparée avec les aspirations universelles qui en découlent. 

En bon patriote, sans doute se sentant responsable du destin de la France, il veut remédier à un vrai problème. La guerre prussienne de 1870 y est pour quelque chose. En étudiant l’histoire et en constatant l’état physique des jeunes français en comparaison avec celui de leurs camarades prussiens, il est profondément préoccupé de la situation. Ce qui l’inquiète c’est surtout la suprématie évidente de leurs camarades d’outre Rhin et futurs ennemis de différentes lignes Maginot. 

Car les guerres de tranchées se gagnent surtout à l’endurance. Et là, pas photo. C’est d’une blessure profonde que lui vient cette noble idée: lui, l’élève chez les jésuites, sait comment rallumer la foi en un peuple pour lui donner courage et donc force. 

Si encore aujourd’hui l’esprit de compétition est souvent vécu sur le fond de la vraie guerre d’influence et pour certains comme le gage de bon augure de victoires futures, elle est surtout visible lors des compétitions militaires. Si celles-ci se déroulent dans les cadres de compétition sportive à l’image des jeux olympiques, comme ceux de Tokyo, parfois elle se transforme en vrai coup de feu tiré dans la direction d’un compétiteur devenu un ennemi à abattre.

On se souvient des événements tragiques survenus lors des jeux de 1972 à Munich où lors d’une attaque terroriste l’équipe d’Israël a péri. Comment prévenir de cela, et des débordements en termes de réels conflits militaires, c’est un vrai problème, lié à celui de savoir comment éviter les méfaits de la pandémie en cours.

Et encore Fratelli Tutti dans tout cela? La devise des Olympiades Citius (plus vite) Altius (plus haut), Fortius (plus fort), fut proposée par un dominicain français, Henri Didon, tout comme le père des jeux olympiques modernes, promoteur du sport dans les écoles. 

Cette devise, à l’initiative du président actuel CO, Thomas Bach (citoyen allemand), s’est enrichie d’un quatrième mot, Communiter (ensemble).

Et le latin reste la langue de référence, comme pour la messe catholique. Spécialement dans cette période de pandémie, une telle extension à du sens pour attirer une plus grande attention à l’égard des pays moins bien dotés en moyens nécessaires aux compétitions, saines au sens sportif et humain du terme. Et inversement, si l’on prend comme référence économique engagée par pays, pratiquement tous les dix premiers en nombre de médailles se retrouvent vers la fin de la liste. Comme toujours avec les chiffres on peut faire ce que l’on veut ou presque.

Toujours est-il, L’Observatoire Romano suggère que cette initiative consistant à ajouter le quatrième terme est en lien avec Fratelli Tutti. 

Décidément l’influence de la foi chrétienne n’est pas prête à s’éteindre, car c’est là que l’on trouve un vivier inépuisable pour soutenir les compétitions humaines de bonne aloi, dans le respect des personnes et des règles, et dans l’amour inépuisable comme Marie enlevée au ciel pour recevoir une couronne de gloire. 

Une couronne de lauriers dont les Césars se sont glorifiés eux-mêmes et que les saints reçoivent comme signe de reconnaissance de la grandeur de Dieu dans la vie bien humaine, toute humaine et toute ouverte à l’égard du ciel.