La fête de la Toussaint est accompagnée en amont par la fête de la commémoration de nos fidèles défunts et en aval par la fête d’Halloween. C’est ainsi dans le paysage culturel social de nos vies. 

Si la commémoration du 2 novembre est une conséquence logique qui découle de la foi chrétienne, il n’en est pas ainsi pour le 31 octobre et ses citrouilles. Car d’aller fleurir les tombes et allumer des bougies, c’est en signe de la résurrection espérée pour eux, comme pour ceux qui le font.  

Alors que se faire citrouille, qui fait peur par les grimaces qui ne trompent pas sur leur intention, c’est pour faire sortir de leurs tombes les morts d’autrefois dont on n’a plus peur, mais on veut se faire peur, juste un peu pour ne pas oublier que l’on est vivant. 

Un jeu d’enfants qui amuse les adultes tout en favorisant la vie sociale dans le quartier, en réseau relationnel scolaire ou de voisinage. Une activité sociale comme une autre pour sortir de l’ordinaire de la vie et dans cette période de la pandémie tout est bon à prendre. 

C’est comme s’embarquer pour un vol for nowhere proposé par une compagnie aérienne de Hong Kong. Juste s’envoler pour 90 minutes dans un avion de ligne régulière et faire le tour dans l’air pour admirer le coucher de soleil avant de revenir sur le même tarmac. Tout cela au prix d’un billet Hong Kong Wuhan, ça fait rêver aussi. 

Pour redescendre sur terre, d’une communion à l’autre, Halloween propose une irrigation sociale appuyée sur quelques gadgets commerciaux pas trop chers pour retrouver l’ambiance de la fête foraine et ses manèges et barbes à papa. La toussaint et la fête suivante proposent une irrigation des vaisseaux sanguins spirituels de la communauté chrétienne alimentée par les globules rouges de l’espérance. 

Une manière différente de lutter contre l’anémie, voire leucémie qui épuise le corps social dans la lutte contre l’ennui qui condamne à l’errance faute de trouver un but et la trajectoire pour y tendre. Le seul moyen proposé de lutter contre la morosité ambiante est un tel divertissement. Mais comme dans tous les divertissements, il y a des bonnes choses comme des mauvaises pour l’organisme qui y est soumis. Tout dépend du but recherché.  

Ceci en guise d’une grande introduction.

De façon bien détournée par rapport à ces trois fêtes, mais non sans lien, je vous propose maintenant une méditation sur le témoignage de la foi qui est au coeur des fêtes chrétiennes des 1 et 2 novembre et sur ses conséquences. En d’autres termes une méditation sur l’espérance chrétienne vécue concrètement à partir d’un exemple de vie. Je vous propose une méditation à ce sujet largement inspirée d’une communication faite par un haut responsable de la Curie romaine.  

la Curie romaine c’est l’ensemble des institutions ecclésiastiques destinées à gérer les affaires de l’Eglise catholique. Cela va de la gestion de la célébration des sacrements en passant par la manière de communiquer et jusqu’à gérer les finances. Dans la manière de communiquer je mets tout le service diplomatique bien connu comme le plus ancien système d’ambassades établi un peu partout dans le monde. 

Mais la diplomatie vaticane ne se contente pas d’une représentativité passive. Elle est accompagnée des services d’actions engagées dans de divers domaines de la vie publique et sociale partout dans le monde. Parmi ces services se trouve le conseil pontifical Iustitia et Pax. Il a pour objectif de promouvoir la justice et la paix dans le monde, fondées sur le principe chrétien de dignité de la personne humaine et son droit à être ainsi pris en considération par tous les niveaux d’actions exercées sur chacun, sur les plans économique et relationnel. 

Le haut digniteur en question raconte ses souvenirs de travail à la Curie romaine, mais ce n’est pas quelqu’un qui se glorifierait lui-même en mal de reconnaissance, voire de prestige perdu avec le passage à la retraite. Il parle de son chef d’autrefois décédé depuis. Mgr Crepaldi parle du cardinal Văn Thuận. Un italien travaillant avec un vietnamien, rien d’anormal à la curie romaine qui est un organisme international, un patchwork de cultures et langues, et d’histoires aussi. On est pas à un srilankais, ghaneen ou autre allemand, voire argentin près. 

Il témoigne de son chef: “durant les dernières quatre années de sa vie il était à la tête de Iusticia et Pax, il impressionnait par sa gentillesse, la bonté et la paix intérieure qui émanait de lui, tout marquée par une grande foi”. Pour le moment il n’y a rien à remarquer au sujet d’un diplomate de la Curie romaine, même s’il est engagé dans un service où il faut être bien sur le terrain pour être bien dans sa fonction. Mais c’est la suite qui est plus étonnante: 

“Il n’y avait pas en lui trace d’aigreur ou de ressentiment et encore moins de haine.” Et pourtant on aurait pu s’attendre à quelqus chose de cela de la part d’un homme qui a passé 13 ans en prison à cause de sa foi. Le Cardinal Văn Thuận, poursuit son ancien collaborateur, “partageait facilement les souvenirs…. dont certains prennent une signification bien particulière dans ce temps de la pandémie”. 

Il m’a raconté, disait-il que pendant une nuit passée en prison, il a entendu une voix qui lui disait: “pourquoi tu t’inquiètes tant? Tu dois distinguer entre les oeuvres pour Dieu et Dieu lui-même. Tout ce que tu as voulu faire, les visites pastorales, formation des séminaristes, des laïcs, les missions tout cela ce sont des actions, des oeuvres pour Dieu, mais pas pour Dieu lui même. Si Dieu a permis que tu en sois éloigné et que tu les remettes entre ses mains, fais le tout de suite, aies confiance en lui. Dieu fera cela bien mieux que toi même. Tu as choisis Dieu, pas ses oeuvres” .

Mgr Crepaldi poursuit en constant qu’ainsi le cardinal était gratifié par la grâce de l’espérance et que lui même durant la semaine sainte de cette année marquée par la pandémie et ses restrictions dans la situation de lockdown complet, avait compris le témoignage du cardinal Văn Thuận. Il a compris que nous, dit-il, évêques, prêtres nous avons à mettre Dieu à la première place et cela doit nous suffir. 

Je ne suis ni, évêque italien, ni cardinal vietnamien, tous ayant leur propre expérience propre, mais j’ai aussi ressenti durant la semaine sainte un appel à approfondir la foi au moyen d’un allégement mental des actions à mener où à envisager. 

Le pape François a donné un exemple que les médias n’ont pas manqué de mettre en exergue pour le bonheur des uns et une petite gêne des autres, peut-être de l’intéressé lui-même. Un exemple de la solitude comme lieu d’approfondissement de la place de Dieu et donc de l’espérance.

Mais cette solitude ne peut être synonyme de non action, sous couvert de manquer des vitamines spirituelles, de ce peps qui met en ébullition l’adrénaline nécessaire pour agir. Alors que c’est si facile de tomber dans un marasme qui s’apparente d’un coma spirituel qui zombifie des belles actions d’autrefois et fait peur aux enfants avides de nouveauté toujours fraîche d’appel à grandir. 

L’autorisation récente des messes publiques fait ressurgir ce besoin de se retrouver entre les fidèles. Besoin dont le manque s’était fait sentir de plus en plus durement au fur et à mesure que les mois passaient sans voir l’horizon de la fin. Ce besoin s’accompagne chez certains d’un autre, celui de devoir approfondir la foi surtout au moyen de l’espérance à faire grandir dans un monde qui est à la fois beau et fragile. 

“Mgr Crepaldi souligne comment le COVID-19 met à mal les grandes erreurs du temps : le naturalisme qui enseigne la bonté de la nature et notre devoir de « connexion » avec elle, le panthéisme, mais aussi le rejet de la doctrine sociale de l’Eglise et son principe de subsidiarité nié par le mondialisme supranational.

Et de rappeler aussi que le mot latin « Salus » signifie certes santé, mais aussi salut, et que le salut n’est pas forcément la santé ici-bas comme le savaient bien les martyrs.

Il est vrai que Mgr Crepaldi fait partie des évêques qui sont sortis de leurs cathédrales pour bénir leurs villes avec le Saint Sacrement alors que les fidèles ne pouvaient plus venir à la messe.

Le texte est « revigorant », constate l’auteur d’un poste trouvé sur un site. 

Pour terminer je vous propose de méditer à partir du Psaume 84 qui relie l’espérance chrétienne à la Justice et la paix et à la vérité qui rend libre. 

PSAUME 84

02 Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jacob ;

03 tu as ôté le péché de ton peuple, tu as couvert toute sa faute ;

04 tu as mis fin à toutes tes colères, tu es revenu de ta grande fureur.

05 Fais-nous revenir, Dieu, notre salut, oublie ton ressentiment contre nous.

06 Seras-tu toujours irrité contre nous, maintiendras-tu ta colère d’âge en âge ?

07 N’est-ce pas toi qui reviendras nous faire vivre et qui seras la joie de ton peuple ?

08 Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

09 J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? + Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; * qu’ils ne reviennent jamais à leur folie !

10 Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre.

11 Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ;

12 la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice.

13 Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit.

14 La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.

C’est sur la foi en la résurrection qu’est fondée la justice divine. Nous sommes loin des citrouilles et de leurs lumières blafardes, la justice divine est dans l’amour sans farde. Cela nous enracine dans la fête de la Toussaint et se poursuit dans la commémoration de nos fidèles défunts. Là, où la paix et la justice s’embrassent, c’est pour la joie de notre coeur qui résonne jusqu’à dans le ciel.