Le deuxième soir à Fukuoka nous mangeons un Tempura (friture de poisson, de crevettes et de légumes), un plat portugais, devenu typiquement japonais. Le tempura est une institution au Japon. La particularité de cette friture est la légèreté et la finesse de sa pâte croustillante. Une adaptation bien à la japonaise. Nous le mangeons à la fin. Le dîner se termine. La journée prend fin. Il est à peine 20h. 

 

Nous étions conviés pour 17h00, heure normale qui correspond à la fin du travail. Une table basse, nous sommes inquiets pour nos jambes, s’asseoir par terre, sur un coussin suppose une souplesse que l’âge chasse des articulations et des tendons. Heureusement, nous étions seulement victime d’une illusion d’optique, provoquée par un souvenir de table basse trouvée ailleurs en Asie avec coussins par terre, ce qui nous a induit en une interprétation erronée. Or, la réalité était tout autre. Nous n’avions pas vu, que sous la table, il y avait une fosse pour y mettre les pieds. Nous voilà sauvés. La consolation émoussée de bière et parachevée par le sake a vite fait oublier le petit désagrément émotionnel de naguère. L’intégration dans la culture de nos hôtes commence bien. 

 

Les souvenirs du premier jour passé à Fukuoka sur l’île Honshu sortent facilement des limbes à peine voilant la fraîche mémoire ; ils sortent tels les primevères et d’autres crocus, signifiant le printemps des souvenirs, celui du corps et celui de l’esprit. Tout porte à croire que nous vivons une expérience rafraîchissante pour le corps et pour l’esprit.

Pour le corps, le nombre de pas est fait afin de nourrir l’esprit. Pour l’esprit, le nombre d’Eureka et de nouvelles questions est fait afin de rendre le corps utile.  

 

La nature va s’offrir dans ce concert de renaissance avec les cerisiers en fleurs. Sakura est un spectacle constant que seuls les étrangers ennuyés par la monotonie de couleurs trouvent peu excitant. Nous en avons rencontré un, il parait que c’est représentatif de certaines populations, mais cela reste à vérifier. Un voyage pour vérifier si notre imaginaire est digne de la réalité. Tout comme était à vérifier le prétendu miracle que le couvent des franciscains de Nagasaki aurait été miraculeusement épargné. Mais c’est dans la deuxième partie du voyage.

 

A Fukuoka, le deuxième jour, le déjeuner est pris dans un centre d’aide aux sans-abris et ceux qui ont un minuscule logement, mais ne peuvent pas se nourrir correctement. Le déjeuner est précédé par la rencontre avec le père Marcel Causs (mep), qui dirige le centre. Il est entouré de bénévoles, pratiquement tous retraités (les plus jeunes sont au travail). Parmi les accueillants, tout comme les accueillis, il n’y a que des Japonais. Il y a des endroits où on trouve aussi des étrangers. Tous les jours de la semaine des repas chauds sont distribués dans différents centres.

 

La journée, comme mentionné au début, se termine par un dîner dans un restaurant typiquement japonais autour d’une table basse, mais les pieds dans la fosse. Nous sommes avec Marcel, puis une amie japonaise et son collègue de l’université qui est prof de littérature française à l’Université de Fukuoka. Nous parlons de haïkus, de quatrains, et de La scène de la vie. Tout fier, je suis capable de lui citer le nom d’un auteur japonais du 20 siècle, Santoka, qui a libéré les haïkus des règles très strictes. Cela me va bien, je ne sais pas ce qu’en pense mon hôte, ce spécialiste de Montesquieu et de Voltaire. Je continue de m’extasier devant cette pensée lapidaire, libre et rigoureuse dans la simplicité comme celui-ci : il pleut, il pleut, il neige, il neige, c’est le bonheur.

 

Je partage mes impressions sur la calligraphie qui en général attire mon regard et fait découvrir des mouvements de la main entraînée à la quasi-perfection (qui comme Dieu !?). Le sublime de l’art rejoint le désir secret de l’âme se déversant sous forme d’effluves esthétiques.

 

A Fukuoka, les kamis, ces bons esprits-muses sont là. Vont-ils être aussi là lors de notre passage à Nagasaki ? Étaient-ils présents lors des persécutions des chrétiens et de la bombe tombée par hasard sur la cathédrale de Nagasaki ? Où se sont-ils cachés, pour survivre au moins eux-mêmes ; et inspirer aux autres survivants de s’occuper de leurs morts et de leurs blessés. Souvent, comme Nagai, victimes eux-mêmes, mais vouant leur courte vie aux autres.

 

Dehors, sur une colonne en béton dressé à côté d’une église, la croix surplombe la tour percée dans trois endroits pour abriter trois cloches. Les cloches de Fukuoka, pas seulement celles de Nagasaki (Les cloches de Nagasaki est un livre phare de Nagai Takashi). Elle laisse deviner un édifice religieux, en se rapprochant on aperçoit les longues ouvertures lumineuses pleines de couleurs. C’est la cathédrale. De l’extérieur, une impression décevante, sans doute à cause d’une attente de magnificence des cathédrales du vieux continent. Ici il n’en est rien.

 

Pourtant, la cathédrale de Fukuoka est inspirée du couvent de la Tourette. Le Corbusier influence.

Une adaptation à la japonaise très profondément enracinée dans la surprenante simplicité. En entrant, une déception d’abord, un lieu mal éclairé sans trop savoir ce qu’il abrite. Des formes inidentifiables se laissent deviner dans ce qui est censé être le chœur, mais pas ce que l’on attendait.

 

Et cette impression se maintient une fois entré. Un sentiment d’être en présence d’un bâtiment à l’architecture ratée traverse l’esprit. En toute évidence, l’intégration de l’art sacré chrétien dans l’esthétique japonaise laisse à désirer. C’est presque l’inverse du tempura. Se trouver en face d’un mur gris que surplombe un crucifix avec en bas un amas de figures géométriques à peine identifiable, telles des objets inutiles laissés dans un débarras, cela ressemble davantage à une sacristie poussiéreuse qu’à un chœur d’église, même rarement utilisé. Encore moins à une cathédrale.

 

Rien d’inspirant, bien au contraire, tout porte à croire que c’est vraiment raté. (Cette même impression sera encore plus forte dans la cathédrale de Tokyo). Sur le gris d’un mur tristement nu, une lumière du haut à peine identifiable pour les yeux endormis par la pénombre ne s’impose qu’à la longue. Une fois habitués à la pénombre, les yeux découvrent alors un autel flanqué des deux grands bouquets de fleurs posés par terre que les yeux d’avant prenaient pour des babioles colorées, abandonnés, comme elles dans un endroit sans intérêt.  

 

Le vrai spectacle ne commence qu’alors. Une fois la lumière du haut, suspendue comme de la rosée à peine visible sur une toile d’araignée posée de haut en bas, ayant perdu de son intensité au-dessus de l’autel, c’est alors que les yeux du croyant voient une autre lumière, celle qui émane de l’autel. Un miracle de la foi fait suspendre la loi de la nature. 

 

Tout en prospectant soigneusement l’espace et les objets qui y sont déposés, le regard se porte vers le haut pour voir jusqu’où va se laisser identifier la lumière de l’autel. Et le regard se pose comme un oiseau sur les bras de la croix que la laideur du mur suspend en l’air. Pour les yeux de la foi, l’oiseau s’est voulu être une colombe de la paix, mais une fois posé sur la branche horizontale, il se transforme en un rapace qui, prospectant autour pour s’assurer de l’absence de concurrence, sans tarder, s’apprête à commencer son repas funeste. 

 

L’autel se laisse alors dégouliner de l’eau et du sang. Le festin des noces bat son plein, le royaume de protéines fait vite oublier le royaume de lumière et de paix. La peur n’a rien de mystique. L’exaltation de la foi s’évanouit. Il ne reste que la croix étendue comme un oiseau. L’oiseau ne va pas s’envoler. Une fois le corps du crucifié désossé, pour ce qui lui restera après le repas funeste, celui-ci va s’accrocher aux côtes et aux tibias pour y rester dans l’attente des retrouvailles avec tout son être, dans l’attente de la résurrection.

 

La cathédrale n’est pas un temple Zen, elle ne ressemble pas non plus à un bunker ou un abri anti sismique ou nucléaire. Pour apprécier sa bienfaisance, il faut sortir. Et la relier à tout ce qu’il y a dehors. Sakura, les cerisiers en fleurs, sous le ciel bleu dans la tête, mais chargé de nuages devant les yeux. Une promenade qui aboutit au musée d’art moderne, mais nous aussi, nous devenons décalés, la visite de l’exposition de la calligraphie nous suffit. Une ambiance poétique, les formes difficilement identifiables dans leur signification connue seulement des initiés. Le vagabondage du libre court offert par l’imaginaire rejoint le sublime de l’art japonais qui, à l’image de l’origami, excelle dans l’infiniment petit, fragile et beau. Comme nous.

 

Dans le musée, il y a de quoi recharger les batteries du corps, café, thé, gâteaux et plus, mais pas de quoi recharger les batteries de téléphone. Toutes les prises sont condamnées à l’inaction, sauf celles trouvées dans les toilettes.

 

Les vapeurs sulfureuses du cratère ASO sont la preuve suprême du fait que ce qui compte ce n’est pas la finalité, mais le chemin. La route qui mène au cratère Aso est d’une beauté à couper le souffle, les montagnes couvertes des arbres s’éveillent au nouveau cycle de vie, offrant des dégradés de vert selon l’espèce, véritable prolongement du livre de la Genèse. Or, le cratère demeure inaccessible pour les yeux, la vapeur sulfureuse s’est liguée avec le brouillard, offrant à l’imaginaire bien limité un spectacle immaculé de tout relief et de toute autre lumière que celle que le brouillard permet d’absorber. Fukuoka se termine, Merci à Marianne, étudiante en architecture de nous avoir permis de découvrir la ville et la région.

 

Il y eut un matin, il y eut un soir, le quatrième jour.

 

Et le jour suivant est plein de surprises aussi. Nagasaki, les franciscains, un Japonais sortant du couvent me demande mon nom. Nous le retrouverons le dernier soir avant notre départ. Frère Jacobo, le survivant, mais pas son frère ni sa mère. Il a tout du tempura. Parlez avec lui de tout, “sauf de cela”, précise le chinois qui nous accueille, un remplaçant du philippin, notre contact avec qui nous avons préparé le pèlerinage de la paix. En ce moment, la paix rime avec patience.

 

L’expérience de la banque est instructive. Nous voulons changer de l’argent, Impossible. Heureusement, une Japonaise avec un anglais très agréable (elle est prof d’anglais) nous conduit dans une autre banque où l’on peut le faire. Très belle rencontre avec la japonaise anglophone (suffisamment rare pour le souligner). L’échange se prolonge au fur et à mesure que l’attente dure. Et elle dure, on met la vertu de patience de notre doyenne à rude épreuve. J’ai presque réussi à lui faire promettre que c’est la dernière fois qu’elle trimbale les US dollars pour leur infliger une coûteuse conversion. Au bout de plus d’une heure, elle a eu gain de cause. Normalement, une femme n’a pas le droit de faire des opérations bancaires sans son mari.

 

Des protestants chinois de Californie rencontrés dans un restaurant demandent de bénir la table. Notre ami chinois fait du prosélytisme catholique, bienveillamment accueilli par leur aimable conviction, bien que ferme, celle d’être plus dans la vérité que nous.  

 

Angelus street rappelle une présence chrétienne catholique. Les deux religieuses croisées séparément en témoignent. St Paul street et d’autres d’une même tonalité donnent l’impression que les habitants ici sont plus papistes que le pape. Sur cette “topographie de la ville”, les martyres japonais répartis entre les chrétiens durant les persécutions et surtout des japonais non chrétiens soufflés par la bombe se liguent en faveur de la paix. Ce que rappelle le musée équipé uniquement en folders en japonais. Pour avoir en anglais, il faut demander, est-ce aussi un signe de décalage ? 

 

Le Musée du Dr Nagai Takashi est plein d’effets sonores, que j’entends dans mes oreilles, une sorte “d’acouphènes”, constitués des sons des Cloches de Nagasaki. Fameux livre d’un rescapé, pour quelques années, que m’ont offert il y a 20 ans environ des paroissiens de Groslay pour Noel. Nous allons retrouver Nagai chez Maximilien. 

 

Nous revenons à Nagasaki même, pour suivre sur la vieille route, la dernière étape de chemin de croix des 26 martyrs exécutés après avoir fait 800 km de marche depuis Kyoto, en 1597. Pour eux la promesse de la résurrection entrait dans une phase ultime. « Je ne peux pas renoncer à la foi de peur de ne pas pouvoir entrer au paradis », disait le plus jeune, un adolescent dont le père était aussi dans le groupe. Crucifiés puis transpercés par des lances qui s’enfoncent dans le corps en diagonale de bas en haut, d’un côté à l’autre.

 

Unsen hell, est un charmant phénomène naturel de sources d’eau chaude, dont certains chrétiens ont pu goûter aux “bénéfices” plus qu’à souhait ; ébouillantés, ils étaient prêts au martyr final. Sans martyr, un enfer, à température modérée, le bain dans des sources chaudes, je veux bien. 

 

Le sort des chrétiens cachés était variable, entre ceux débusqués et ceux qui ont réussi à se cacher jusqu’au XIXs. Moi-même durant une heure j’ai joué au chrétien caché en me séparant des autres, et retrouvé sans vouloir changer de rite, comme l’ont fait certains des hidden christians découverts au XIXs qui ont survécu sans prêtre ni sacrement, mais qui avaient de la piété filiale pour la Vierge Marie, et qui avaient l’habitude de prier Jésus devant la statue de Bouddha ; un bel exemple de décalage entre le signe visible et le sens caché. 

 

Le séjour à Nagasaki se termine par la visite du musée consacré à Maximilien Kolbe. La guide, ancienne envoyée du gouvernement japonais en mission de paix dans les pays africains pour gérer le post covid, catholique, allie la foi avec la passion. Chez elle tout est parlant : dévouement et l’envie de faire connaître, pour que plus jamais…

 

Elle nous montre la description de l’état de santé de Maximilien, franciscain fraîchement arrivé de Pologne (1930-1936) faite par un certain Nagai Takashi, jeune médecin spécialiste en maladies infectieuses (tuberculose) et développant la technique de radiologie. Il s’étonnait qu’un homme malade du cœur et tuberculeux puisse travailler autant, sans repos, sans dormir dans la journée. Kolbe lui confie alors son secret en montrant le chapelet. Une rencontre étonnante entre deux géants d’humanité que la foi transformait en géants de sainteté. La cause en béatification de Nagai est instruite à Rome. A Nagasaki, Nagai Takashi est considéré comme un saint.  

 

Jésus est vivant. Nous sommes à Tokyo. Lundi de la deuxième semaine de Pâques, nous célébrons la fête de l’Annonciation dans la chapelle de Mep. Puis la matinée est une longue attente. Il pleut, il pleut, nous attendons, nous attendons, nous sortons et nous revenons. Quand il pleut, on visite succinctement et de loin le palais impérial et on se réfugie dans un musée.

 

D’étonnement (pas de poubelles, chacun s’occupe de ses déchets rapportés chez lui) à l’émerveillement (tout est propre) et d’admiration (des toilettes gratuites partout) au soulagement (les constructions antisismiques), nous nous déplaçons en métro en faisant parfois plus de kilomètres à pied dans les souterrains qu’en surface. Dans les lieux publics, on se déplace en silence, pour ne pas troubler la paix de l’entourage.

 

Tous les 40 ans, les immeubles sont détruits, la reconstruction intègre les nouvelles normes antisismiques. Sauf sans doute le palais de l’empereur qui abrite l’Empereur, un prêtre shinto, de naissance divine. Lors de la reddition du Japon, les Américains ont exigé que l’empereur reconnaisse formellement qu’il est aussi de naissance humaine.

 

La collection d’épées trouvés dans le musée national est une originalité incontestable. La période durant la dynastie Edo (17-19s) est marquée par la paix, (comme cinq siècles avant en Chine) obtenu par l’isolement du monde extérieur et le système de caste. Des Daimyo (locaux vassals) sont obligés de passer un an sur deux à la capitale pour nouer des liens (amicaux !?) Avec l’empereur (comme la cour sous Louis XIV), et à la même occasion les détacher de leur pouvoir local pour affaiblir leur influence (une sorte de limogeage en prime). Les samouraïs ne sont plus ce qu’ils étaient, ils peuvent s’adonner à la littérature, à la philosophie et à l’art de la cérémonie du thé. Même s’ils connaissent l’art de la guerre, leur catana ne servant plus à guerroyer, les swords deviennent des cadeaux qu’il était de bon ton d’offrir en signe de reconnaissance pour les services rendus ou à rendre, et en signe d’amitié, ce qui attache (gratuitement ?).

 

Si vous avez envie de vous replonger dans une période de paix, les bains dans les sources d’eau chaude procurent détente et apaisement. A condition de ne pas jouer au martyre. N’oubliez pas la serviette, mais ne vous encombrez pas de maillot de bain, il ne vous sera d’aucune utilité. Hoka No Hito veut dire des gens différents, décalés. Les Japonais et le Japon le sont-ils vraiment ? Comme disait Aretha Franklin : je ne suis pas grande, c’est les autres qui sont petits. 

 

L’esprit insulaire n’aide pas à s’ouvrir au reste du monde, mais il permet de se concentrer sur la transmission de la culture… japonaise. Et comment cela se passe lorsque l’esprit insulaire se propage sur un vaste continent ? Certainement avec des effets similaires.

 

Le sanctuaire de Yasukuni Jinja est un lieu de pèlerinage national. Le nationalisme japonais s’est développé au cours du XIXs, incité par le nationalisme colonial des européens, il est même devenu conquérant. On connaît la suite.

 

Le sérieux et le tragique ne sont jamais loin de la cocasse. Un prêtre missionnaire, encore en apprentissage du japonais, lors de la messe des Rameaux, au lieu de dire Roba, a dit Loba, ce qui fait que Jésus, au lieu d’être arrivé à Jérusalem sur un âne, est arrivé sur le dos d’une vieille dame. 

 

Une autre particularité de la culture japonaise est le calendrier d’empereur, sauf pour le 1 janvier. Ce jour-là, tout le monde fait la queue, parfois longue de 10 km pour aller au temple Asakusa. Pour s’y assurer de la bonne fortune que les kamis garantissent si l’on est correct dans la vie en respectant les règles de vie et celles des rituels. L’inclinaison rituelle à la fin de la prière, comme la calligraphie, suppose des années d’apprentissage. 

 

La visite de l’église st Joseph (où se présentent les chrétiens cachés), autrefois la première cathédrale (prise en charge par les Mep), actuellement des messes y sont célébrées en français. Puis au programme la visite d’un temple bouddhiste construit dans le style indien après le tremblement de 1923 qui a dévasté Tokyo. Tout comme durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Taxi rouge=libre, 

Taxi vert=occupé.

La circulation est fluide. 

Un miracle qui peut s’expliquer par une conception de réseaux routiers très pragmatique, mais certainement aussi par le respect de règles, dont la politesse. Pour y être à l’aise, il suffit de connaître les codes de fonctionnement. A part cela, tout est clair.

 

Pour terminer une question que beaucoup se posent au sujet de la taille de la plus grande métropole du monde (38 millions, c’est l’équivalent de la Pologne). Tokyo est-il à taille humaine ? Beaucoup répondent par la négative. Et pourtant oui, Tokyo est à taille humaine, celle de la mémoire des habitants. Personne ne connaît toute la ville, mais chaque habitant connaît sa ville, le touriste s’y met aussi et il l’aime.

 

Le pèlerinage de la paix se termine dans l’avion, où je regarde le film anglais sur Napoléon. Aux yeux des Anglais, Napoléon était avant tout un homme sans manière, un motif suffisant pour ne pas l’aimer, même ne pas l’apprécier pour ce qui résiste à la corrosion de l’histoire. 

 

On n’a pas besoin d’aller au Japon pour se rendre compte que nous sommes tous décalés. Pour nous justifier, nous constatons que ce sont les autres qui sont décalés.  

 

Décalé, je le constate aisément, c’est moi qui le suis. En prenant un peu plus conscience, je me cale un peu sur la culture des autres. Au milieu de mon excitation touristique, je me calme aussi, même pour continuer à engranger des bénéfices du pèlerinage de la paix. Ce qui compte avant tout!

 

“Let us forgive each other…

 because no one is perfect.

 

Let us love each other…

 because we are all lonely.”

 

                                (from “Peace Tower”)

 

(Photo : Restes de l’ancienne cathédrale de l’Immaculée-Conception (de l’archidiocèse de Nagasaki) détruite par la bombe atomique en 1945)