J’ai entendu le professeur de psychologie Olivier Houdé raconter l’expérience suivante : deux par deux les élèves d’une maternelle se racontaient une anecdote l’un en face de l’autre autour d’une table, puis chacun prenait la place de l’autre pour imaginer ce qu’il avait pensé ou ressenti. Cet exercice a eu pour résultat d’améliorer les relations dans la classe et de pacifier la cour d’école.

Cette histoire m’a fait penser à une phrase que vous avez peut-être déjà entendu prononcer soit par votre coach, soit par un manager éclairé : « La Carte n’est pas le Territoire » « La Carte n’est pas le Territoire » … Cette phrase veut dire que la représentation de la chose n’est pas la chose qu’elle représente.

Elle est d’Alfred Korzybski philosophe américano-polonais. Et elle est l’un des présupposés de l’école de Palo Alto et a inspiré la PNL et la Gestalt.

Pour illustrer ce concept, je raconte souvent la petite histoire du poulet qui traverse la route et je donne la parole à différents penseurs pour expliquer la raison de ce mouvement ! ARISTOTE pense que c’est la nature du poulet de traverser les routes, KARL MARX dit « C’était historiquement inévitable ». BOUDDHA aurait pu dire « Poser cette question renie votre propre nature de poulet. » et GALILÉE assène « Et pourtant, il traverse. »

Nous utilisons beaucoup ce concept dans nos métiers d’accompagnement et guidons nos clients dans leur vision du territoire : comment faire pour changer le cadre (comme en photo).

Comment savoir selon la situation zoomer ou dézoomer et changer l’angle de vue d’un problème ou d’une problèmatique ?

Alors qu’est-ce que vous pouvez faire de cette phrase dans vos équipes et autour de vous ? Vous utilisez déjà ce concept puissant quand vous devez rallier vos collaborateurs à un point de vue ou une décision stratégique que vous avez prise, ou bien encore quand vous voyez poindre une divergence d’opinion qui pourrait aller jusqu’au conflit.

Et vous pouvez aller un cran plus loin car cette capacité à se mettre à la place d’un collègue, d’un collaborateur ou bien d’un client peut s’apprendre et comme un muscle se travaille ! Cette capacité s’appelle l’empathie.

Je vous propose un exercice pour vous d’abord, qui vient du courant de la Psychologie Positive. Attention ! Cet exercice peut être extrême ! Choisissez quelqu’un de votre entourage avec qui vous avez l’impression que tout vous oppose, avec qui peut-être vous êtes en conflit ouvert ou larvé depuis des années … Puis, faites une liste de choses que vous pourriez avoir en commun : peut être exercez-vous le même métier, avez-vous fait la même école, partagez les mêmes convictions spirituelles ou religieuses, peut-être avez-vous tous les deux des enfants, pratiquez le même sport … Relisez votre liste, voyez-vous cette personne sous un jour nouveau ? En tout cas, essayez de la voir comme un être humain qui a des goûts, des envies et qui a vécu des expériences qui vous sont proches ! Il fait partie du même groupe que vous, celui des humains !

Voici un autre exercice possible avec un collaborateur excédé qui arrive dans votre bureau en râlant. Premièrement accueillez et nommez son émotion. Une fois la pression descendue, montrez-lui une chaise vide dans votre bureau, et dites-lui « je te propose pour quelques minutes de t’asseoir dans ce fauteuil et d’imaginer que tu es la personne qui t’a mis en colère ». Une fois assis, posez-lui des questions, acceptez son inconfort et demandez-lui de répondre du point de vue de l’autre. A la fin de votre entretien, faites-lui regagner sa chaise.

En analyse transactionnelle, nous disons que nous pouvons aller de l’avant ensemble quand je m’accorde de la valeur et quand j’accorde de la valeur à l’autre.

Je vous encourage à pratiquer et muscler votre empathie et cela commence quand vous prenez conscience que la Carte n’est pas le Territoire !