Marine Thomas nous raconte le projet de restauration des récifs des coquillages à Hong Kong.

Elle est manager des projets de préservation de l’environnement et travaille plus précisément sur la restauration des estuaires.

Bonjour merci d’avoir accepté cette interview, pourriez vous vous présenter s’il vous plaît ?

Je m’appelle Marine Thomas. J’ai des origines à moitié Françaises et à moitié Anglaises mais je suis née et j’ai grandi à Hong Kong. J’ai rejoint l’Association The Nature Conservancy en 2014. Auparavant je ne travaillais pas dans la préservation de l’environnement mais dans le domaine de la mode. Mais maintenant, mon rôle à The Nature Conservancy est manager des projets de préservation et je travaille plus spécifiquement sur notre programme qui concerne l’estuaire et sur le développement de la science et des nouveaux projets autour de ce travail de restauration des estuaires.

Pourriez présenter l’association The Hong Kong Foundation of The Nature Conservancy ?

The Nature Concervancy est en faite une ONG internationale de protection de l’environnement. C’est probablement la plus importante en terme de financements et d’étendue des types de projets et du nombre d’endroit où l’on travail autour du monde. C’est un peu moins connu que les autres grosses associations comme WWF, probablement parce que l’ONG s’est concentrée sur les États-Unis durant environ la première moitié de son existence avant de commencer à travailler sur des programmes internationaux. Ce qui distingue The Nature Conservancy par rapport aux autres associations écologistes c’est que nous sommes particulièrement encrés dans la science. Un autre point clé de The Nature Conservancy c’est que nous ne sommes pas dans la confrontation, nous ne sommes pas militants, nous sommes dans la recherche de solutions.

Pourriez vous nous parler du projet de restauration des récifs des huîtres ?

The Nature Conservancy a commencé à travailler sur les récifs des coquillages, car ce n’est pas seulement les récifs des huîtres, depuis près de 20 ans à présent. Ce travail a majoritairement débuté aux États-Unis. Et cela fait je dirais 10 ans que ce travail a été étendu à d’autres endroits dans le monde. A ce jour, nous avons réalisé plus de 200 projets pour la restauration des récifs de crustacés. Je pense que beaucoup de personnes savent que les barrières de corail sont en voie de disparition mais peu de personnes savent que les coquillages créent eux aussi des récifs. En 2017, nous avons voulu réaliser une étude de faisabilité dans le but de restaurer l’habitat des crustacés à Hong Kong. Et nous savions qu’il y avait de fortes chances que cet habitat ait disparu par le passé tout simplement car en étant dans la rivière des perles, nous sommes pleinement dans un estuaire. Par conséquent, l’écosystème des estuaires est présent ici, particulièrement sur la totalité de l’ouest de Hong Kong qui a un écosystème estuarien. Et les estuaires sont bien sûr les milieux où vivent les huîtres.

Quelles ont été les étapes de ce projet de restauration ?

On commence tout d’abord par essayer de comprendre ce qu’il y avait là avant. Parce que si nous parlons de restauration cela signifie bien sûr de recréer quelque chose qui existait là et non de créer quelque chose qui n’y était pas. Ensuite on regarde ce qu’il nous en reste. Et à partir de ce qu’il nous reste on regarde la richesse de cet habitat : est-ce qu’il est fonctionnellement éteint ou est-ce qu’il se reproduit ? Ensuite nous étudions le potentiel de ce milieux et la manière dont nous allons le restaurer. Et puis bien sûr, la dernière étape consiste à réaliser des tests et des projets pilotes de restauration des récifs en regardant les bénéfices que cela aura, en particulier sur la biodiversité. Lorsque l’on a les résultats des projets pilotes, on peut ensuite donner des conseils aux gouvernements sur l’échelle à laquelle nous devrions restaurer ces habitats sur un territoire en particulier, qui est pour notre cas Hong Kong.

Où est-ce que ce projet est situé à Hong Kong ?

Lorsque l’on parle de récifs de crustacés on parle de coquillages qui construisent des habitats structurés. Cela comprend les Ostreidae, c’est à dire la plupart des huîtres à l’exception des huîtres perlières et cela comprend aussi les mollusques. Donc ce sont généralement les deux avec lesquels on travaille. Les huîtres se trouvent quasiment dans toutes les baies estuariennes que vous avez à Hong Kong. Donc Deep Bay, où se trouve Mai Po, la réserve naturelle à la frontière nord ouest de Hong Kong. Ensuite nous avons toute la côte Nord de Lantau qui est un autre habitat d’huître important. Nous avons aussi à l’Est de Hong Kong, le port de Tolo. Et puis dans le Nord, près de Sha Tau Kok nous avons une autre barre de vase.

Quelle est la prochaine étape de ce projet ?

En ce moment, ce que nous faisons c’est que nous finalisons les études scientifiques autour de ce projet et plus spécifiquement cela signifie comprendre la biodiversité associée à ces habitats. C’est comprendre le taux de croissance de ces récifs et puis aussi comprendre quel est le potentiel de survie de ces récifs.

Quelle est l’importance de ces récifs ?

C’est en fait les crustacés qui construisent les récifs, qui construisent l’écosystème des récifs de nos régions tempérées. Ils jouent exactement le même rôle que les écosystèmes des barrières de corail. Et ils sont aussi d’importants espaces de nursery pour les jeunes poissons et les jeunes crabes. Donc les récifs produisent des poissons. Ces écosystèmes de récifs, à l’image des récifs coralliens, sont des barrières. Ils protègent nos côtes des ondes de tempête et sont un système naturel de défense contre les inondations. Et les huîtres sont des filtres à eau naturels. Une autre chose inconnue du public est que nous avons globalement perdu cet écosystème. Et nous l’avons perdu il y a environ 200 ans. C’est pour cela que ce n’est pas quelque chose qui est généralement connu. Aujourd’hui nous avons une estimation, basée sur des études scientifiques réalisées il y a 10 ans de cela. Nous avons perdu 85 % de cet habitat mondialement. Ce qui veut dire essentiellement que cela en fait l’habitat marin le plus en voie de disparition sur la planète. Il a effectivement disparu car nous l’avons éliminé pour le brûler et en faire de la chaux. Et une grande partie de Hong Kong fut construite avec cette chaux. La bonne nouvelle pour nous à la différence d’autres endroits dans le monde, c’est que nous n’avons pas besoin de réintroduire cette huître, elle est déjà là. Ce dont nous avons besoin c’est de redonner à cet habitat quelque chose de dur sur lequel ces larves puissent s’installer et créer une structure de récif. L’un des problèmes que nous avons, c’est que ces habitats ne sont pas protégés à Hong Kong. Nous avons un lieu à Deep Bay où il y a un site de restauration. Et en août, nous allons en faite construire un nouveau récif et nous avons besoin de nombreux volontaires pour faire ça.

Hello, thank you for this interview, could you present yourself ?

My name is Marine Thomas. I am originally half French, half English, but I was born and raised in Hong Kong. And I joined the Nature Conservancy in 2014. Previously actually I was not in conservation. My background is fashion. But now at the nature conservancy my job is conservation project manager and specifically I work on our estuary program and on developing the science and new projects around specifically our restoration work of estuary.

Could you present The Hong Kong foundation of the Nature Conservancy ?

The Nature Conservancy is a global environmental NGO. It is actually probably the largest in terms of founding and in wreath of scope of work and places where we work around the world. It is a little less known than the other big ones for example WWF probably because it was focused on the US for the first sort of half of its life before it started working on international programs. What sets the nature conservancy apart from other ENGOs is the fact that it is deeply rooted in science. And the other key point about the Nature Conservancy is that we are non confrontational, non advocate and solution focused.

Could you talk to us about the oyster reef restoration project ?

The Nature Conservancy has been working on shellfish reefs, because it is not only oyster, for almost 20 years now. And a lot of that work started in the US and now for the past 10 years it has expended to other places in the world. And today we have worked on about 200 restoration projects for shellfish. I think a lot of people understand or know corral reefs in the fact that they are in trouble but very little people know that shellfish also create reefs. In 2017, we wanted to establish a feasibility study for restoring a shellfish habitat in Hong Kong. And we knew that there was a high chance that this habitat would have been lost in the past simply because being in the Pearl river delta we are very much in an estuary, so the estuarine ecology is present her. Especially the whole west part of Hong Kong is very much and estuarinecal system. And estuaries of course is where oysters live.

What are the steps of the oyster reef restoration project?

It first start with trying to understand what was there before. Because of course if we are talking about recreating something that was there, not creating something that wasn’t. And then you understand what we have left. And based on what we have left, how healthy is that habitat. Is it for example, functionally extinct or is it reproducing? And then we have to establish the potential and how we are going to restore this habitat. And then of course the final stage, is doing some test and some pilot scale reef restoration looking at the benefits particularly on biodiversity. And once we have the pilot scale results we can then advise the government on what kind of scale we should be restoring this habitats at in a particular geography which is in our case, Hong Kong.

And where precisely is that project located in Hong Kong?

When we talk about shellfish reefs, we talk about shellfish that creates structured habitats. And with that you have oysters, particularly true oysters and muscles. So those are usually the two that we work with. And so, oysters are find pretty much in every single little estuarine bay you have in Hong Kong. You have deep bay, which is where Mai Po is, on the very North west border of Hong Kong, then we have all the Northern coast of Lantau, that is also a very important oyster habitat, you have also on the east side of Hong Kong Tolo harbor and then we will also have in the North, near Sha Tau Kok, another mudflat.

Could you tell us what is the next step of that project ?

At the moment what we are doing, we are actually finalizing the science around those pilot projects, and specifically that is understanding the biodiversity that is associated with this habitat, it’s understanding the growth rate of these reefs and also understanding I guess the survival potential of these reefs. It is actually the shellfish, the habitat building shellfish, that built the reef ecosystem of our tempered regions. So they play pretty much the same function as coral reefs ecosystems. And they are important nursery grounds for juvenile fishes and crabs. So they produce fish. An other thing that these reefs system do, again like coral reefs, they are barriers, they protect our coast lines from storm surge and again they are a natural defense system from flooding. And an oyster is a natural water filter. Another thing that many people don’t know is that we’ve lost most of this ecosystem, globally. And we lost it around 200 years ago. That’s why it is not something that is so part of common knowledge. Today an estimate, based again on a scientific study that was done 10 years ago now, we’ve lost 85% of this habitat globally. It makes it the most endangered marine habitat we have on earth, which have effectively disappeared because we have ripped this habitat out to burn it up and make lime. And in fact a lot of Hong Kong was built with this lime. The good news for us, unlike other part in the world, is that we don’t need to reintroduce that oyster, it is already in there. What we need to give back is something hard for that larvae to be able to settle on and create a reef structure. One of the big problem that we still have is that these habitats is not protected in Hong Kong. We do have a location in deep bay where we have a restoration site. And in August, we will actually be building a new reef and we need a lot of volunteers to do that.