Une situation qui n’est, en tous cas, pas nouvelle, car les pays se sont basés sur le principe des avantages comparatifs. À savoir que chacun s’est spécialisé dans la production de biens ou services, où il est le moins mauvais. Mais la crise sanitaire vient remettre en cause cette logique, concernant les biens, dits, stratégiques. Encore faut-il définir ce qui est stratégique.

Car personne n’aurait pu prédire qu’un simple masque en papier devienne à ce point prépondérant. Et si la France a abandonné sa production à des pays asiatiques, c’est pour éviter un coût économique non négligeable, qui aurait pu réduire d’autres dépenses, peut-être plus indispensables. On peut donc estimer que l’arbitrage en faveur des masques, aurait pu affaiblir les investissements pour la recherche du cancer ou les infections virales.

Mais cette logique prévaut également dans d’autres domaines stratégiques comme le secteur de la télécommunication. Ainsi, le deuxième producteur de télécom du monde – l’américain Cisco – possède un chiffre d’affaires 4 fois inférieur au leader mondial, le chinois Huaweï. Et dans le domaine de l’informatique, le leader français, Qwant, a le plus grand mal à s’imposer, et a dû s’adosser à Microsoft et son moteur de recherche « Bing ». La Direction Interministérielle du Numérique française estimant, ainsi, que Qwant est dépendant à Bing à hauteur de 64%, et 100% concernant les images. Une dépendance qui se décline également concernant les batteries électriques, ou encore la production éolienne. À titre d’exemple, la batterie la plus puissante de France a une capacité de 1,1 Gigawatts, contre 217,2 Gigawatts pour la plus chinoise la plus puissante du monde.

Mais si la tentation de souveraineté économique semble illusoire, dû notamment à l’étroitesse du marché français, l’absence d’un marché de capitaux, et le poids des barrières linguistiques, la relocalisation d’activités jugées stratégiques ne passera par le retour de l’Etat protecteur. Mais bel et bien en créant un environnement favorable, notamment au travers de l’Union Européenne.