Une interrogation qui vient du refus de plusieurs pays – notamment les Pays-Bas et l’Allemagne – à mutualiser les dettes européennes pour venir à bout des conséquences économiques que va entraîner le Covid19.

Rappelons pourtant que l’Europe est née sur cette idée de coopération. En créant les conditions d’une communauté d’intérêts, sous l’égide du charbon et de l’acier, les pionniers européens ont rêvé à un destin commun. Des conditions permettant aux pays et aux régions de gagner en compétitivité, permettant notamment à ce que les consommateurs puissent se rendre sur la côte, ou profitent eux aussi du vin, des olives et des formages produits en Europe. Permettant aussi aux pays d’Europe centrale et orientale d’effacer leurs rancunes, pour être intégrés à une communauté fondée sur la liberté, les droits de l’homme et la prospérité.

Or, en temps de crise, la résurgence des intérêts particuliers se fait sentir. Il faut alors savoir s’appuyer sur ses succès, en matière de coopération contre la criminalité transfrontalière, la protection des consommateurs et la lutte contre la pollution. Mais aussi analyser ses échecs, à l’images des refus français et néerlandais de la constitution en 2005, ou l’ambition déçue de devenir l’économie de la connaissance en 2010. Des améliorations restent donc possibles dans les domaines de fonctionnement de la zone€, ou encore de politique d’asile.

Mais à y regarder de plus près, ces échecs ont souvent été le résultat d’un excès de zèle. Les intérêts nationaux n’ont pas seulement été un moyen de maintenir le processus décisionnel au plus près, mais le revers de la coopération internationale. La difficulté de mettre en œuvre ou respecter les mesures en ont été un révélateur. L’UE réussit donc quand elle fait une politique du pas à pas, plutôt qu’avec une ambition à outrance.

La lutte contre cette crise, sur le long terme, va donc véritablement challenger cette capacité de coopération. La souffrance des victimes du coronavirus, engage à agir. Les fournisseurs doivent se rapprocher et se multiplier sur le plan médical. Et comme lors de chaque crise économico-financières, la récession qui nous attend demande des mesures nationales pour consolider durablement les économies et finances publiques respectives. La solidarité doit donc être le maître-mot, tant sur le transfert des patients, que les dons du matériel médical. Il pourrait en être de même concernant l’émission de dette commune. Un dessein qui paraît impossible, car beaucoup de questions se poseraient sur la mise en place de mesures paneuropéennes. Les Pays-Bas la conditionnent à un plan d’investissement détaillé et de finances publiques durablement maîtrisées. Mais tout cela demande une Europe aguerrie sur le plan géopolitique, car la solidarité suppose des efforts de la part de tous. Et si l’Europe veut vraiment agir pour ses habitants, il faut qu’elle se rappelle que des résultats tangibles valent toujours mieux que des perspectives lointaines.