À Hong Kong, les expats qui quittent la ville sont désormais bien plus nombreux que ceux qui arrivent.

Singapour reste en tête de leurs destinations favorites, mais d’après l’enquête du South China Morning Post, certains choisissent également de s’envoler pour l’Australie, le Canada ou le Royaume-Uni.

Frontières fermées aux voyageurs et quarantaine obligatoire de trois semaines pour les résidents de retour de l’étranger : ces mesures, déjà adoptées en 2020 au plus fort de la pandémie, sont loin d’être ressenties comme des signaux positifs par les expatriés installés à Hong Kong, où désormais le nombre des départs définitifs l’emporte sur celui des arrivées, rapporte le South China Morning Post.

 

Chez Asian Tigers, une société de relocalisation, sur les derniers dix-huit mois le nombre de clients quittant Hong Kong est trois fois supérieur à celui des nouveaux arrivants. Rob Chipman, son directeur, explique :

Le plaisir de vivre à Hong Kong tenait en grande partie à la totale liberté d’aller et venir : partir en vacances, revenir au pays, rendre visite à sa famille, partir en voyages d’affaires. La quarantaine de trois semaines a vraiment fait pencher la balance.”

 

Le déménageur Allied fait état de chiffres qui vont dans le même sens : les clients qui ont quitté Hong Kong en 2021 ont été presque deux fois plus nombreux qu’en 2019. Simultanément, l’entreprise a enregistré une baisse de 43 % du nombre de personnes s’installant à Hong Kong.

 

En revanche, le nombre d’ex-résidents à Hong Kong qui partent s’installer à Singapour aurait pratiquement doublé par rapport à la période précédant la pandémie. Un phénomène que le South China Morning Post met au compte des stratégies différentes adoptées par les deux cités face au Covid :

À l’instar de la Chine continentale, Hong Kong applique une politique de tolérance zéro tandis que le gouvernement de Singapour, estimant qu’il n’est pas possible d’échapper indéfiniment au virus, a décidé d’apprendre à vivre avec. Par conséquent, la cité-Etat a une politique plus souple aux frontières. Les voyageurs vaccinés venant des États-Unis, de Grande-Bretagne ou de Corée du Sud ne sont plus soumis aux quarantaines – une décision saluée par le monde des affaires.”

 

Chua Hak Bin, un économiste qui travaille pour le groupe bancaire et financier malaisien Maybank, n’est pas surpris que les centres d’affaires régionaux profitent de l’exode des expatriés de Hong Kong. Mais il souligne que dans le cas de Singapour des restrictions en matière de visas pourraient constituer un obstacle. Alors de nombreux professionnels des secteurs juridique et bancaire sont tentés de s’installer à Singapour, les entreprises de la cité-Etat sont soumises à de fortes pressions politiques pour qu’elles donnent la priorité aux professionnels locaux.

 

Une donnée qui n’est sans doute pas étrangère au fait que beaucoup d’expatriés de Hong Kong optent pour d’autres destinations. 

John Hu, du cabinet de conseil John Hu Migration Consulting, spécialisée dans le traitement des visas d’affaires pour des pays comme les États-Unis, le Canada et l’Australie, a ainsi enregistré une augmentation de 30 % des demandes en 2021. Actuellement, le cabinet traite de 20 à 50 demandes par mois.

 

Les clients de John Hu sont presque tous des chefs d’entreprise ou des professionnels âgés de 40 à 50 ans. Les récents développements politiques à Hong Kong – tout récemment, la fermeture de deux médias pro démocratie – confirment les craintes des milieux d’affaires quant à l’attractivité de Hong Kong, souligne-t-il.

 

Pour l’économiste Chua Hak Bin, l’exode des expatriés est un signe très inquiétant pour l’avenir :

Si les expatriés ne ressentent plus la même envie d’y vivre et d’y travailler, Hong Kong risque de perdre une partie de son caractère unique et de sa diversité. Si l’on ne retrouve plus au sein des entreprises ce mélange de nationalités et de talents différents, la ville va ressembler de plus en plus à n’importe quelle autre ville chinoise et perdra son statut de plaque tournante des affaires à l’échelle mondiale.”

 

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Article de Courrier International

Source : South China Morning Post

Photo Pixabay/cc (Courrier International)