Si la discipline budgétaire a été mise de côté, le temps de résorber la crise, la réunion des ministres des Finances, la semaine dernière, devait clarifier les choses, entre les partisans d’un assouplissement des règles, et ceux d’un retour rapide à l’orthodoxie budgétaire.

La Commission européenne a promis de relancer une consultation citoyenne à l’automne, notamment après les élections législatives allemandes. Un débat déjà prévu avant la pandémie, qui devait limiter le déficit public à 3%, et la dette à 60% du PIB. Mais il prend désormais une autre dimension. 

La chute d’activité combinée aux dépenses des gouvernements pour protéger les entreprises et l’emploi ont fait s’envoler la dette. Le ration de dette publique de tous les pays réunis a atteint 100% du PIB, contre 86% en 2019. Surtout, le choc a touché bien plus durement les pays du sud, les plus endettés, qui vivent davantage des services liés au tourisme, premières victimes des restrictions sanitaires. Or, un strict retour au pacte budgétaire d’avant-crise entraînerait une réduction brutale des investissements publics. L’effondrement de la dépense minerait aussi la lutte contre le changement climatique, et la transition énergétique des bâtiments. Le commissaire européen à l’Economie plaide pour une politique de croissance, seul moyen, selon lui, de réduire les déficits. Une politique partagée par Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne et la plupart des pays du sud, et de la France également. En revanche, les pays du nord, dits « frugaux », qui s’inquiètent de devoir payer pour les excès supposés de leurs voisins, redoutent l’abandon de la rigueur budgétaire, même s’ils ne ferment pas la porte à une réforme. Des pays qui estiment que le retour de la croissance, attendue à 4,8%, offre assez de flexibilité pour réinstaurer le pacte dès 2023.

De plus, par rapport à la crise des années 2010 qui avait exposé les fractures de la zone euro et failli torpiller la monnaie unique, l’UE s’affiche cependant plus solidaire après son plan de relance de 750 milliards d’euros financé par une dette commune. La Commission ne s’est pas interdite de modifier le pacte de stabilité d’ici la fin d’année prochaine. La tendance est donc à une réduction de la dette réaliste, pour permettre aux Etats de trouver un équilibre, entre viabilité budgétaire et nécessité de soutenir la reprise économique, comme le demande le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.