La situation s’est tendue le samedi 29 février, lorsque le Président turc – Recep Tayyip Erdogan – a annoncé sa volonté de ne plus retenir les migrants provenant de la région syrienne d’Idlib, en proie aux attaques de l’armée de Bachar Al-Assad. En tout, ce serait près de 25 000 personnes qui ont tenté de passer la frontière pour entrer en Grèce, et ont fait face à la répression des forces de l’ordre grecques, répondant à coup de gaz lacrymogènes. Les autorités grecques affirment même que 183 migrants ont été interpellées, et un certain nombre emprisonnées.

Mais cette situation est surtout rendue complexe par le fait qu’Ergogan se soit senti trahi après l’accord passé avec l’UE, en mars 2016. L’Union Européenne promettait de verser 6 milliards d’€ à la Turquie, pour que cette-dernière garde les réfugiés syriens qui fuyaient la guerre. Or, il n’y aurait qu’1 milliard d’€ qui aurait été versé depuis, et le président turc a déclaré « ne plus vouloir d’argent ». Alors que le pays a accueilli plus de 3 millions et demi de réfugiés, Erdogan considère que le pays « a dépensé 40 milliards d’€ » et que « Personne n’a le droit de jouer avec l’honneur de la Turquie. » Conséquence, un mystérieux intermédiaire turc aurait envoyer un SMS a de nombreux migrants, et des bus auraient été affrétés gratuitement vers la frontière greco-turque pour déverser des milliers de migrants, encouragés à aller en Grèce, mais pas en Bulgarie.

Car une rencontre a eu lieu le 2 mars, entre Erdogan, et le premier ministre bulgare – Boyko Borissov – qui a soutenu la Turquie durant une réunion avec l’OTAN. Borissov se veut même un intermédiaire avec les différents pays de l’UE, en voulant organiser une rencontre à Sofia, « pour régler le problème à long terme, sur le retour des migrants, les actions militaires en Syrie, et le rôle de l’OTAN ».

Finalement, la présidente de la Commission européenne – Ursula Von der Leyen – du Conseil européen – Charles Michel – et du Parlement européen – David Sassoli – se sont rendus à la frontière gréco-turque le 3 mars dernier. Le représentant de l’UE pour la politique étrangère – Josepp Borrell – était accompagné du commissaire européen chargé de la protection civile et la coordination de l’aide humanitaire, Janez Lenarcic. Ils devaient rencontrer les autorités turques pour évaluer les besoins sur le terrain. Mais lors d’un entretien téléphonique, le ministre turc des Affaires Etrangères – Mevlut Cavusoglu – a répété q’u’Ankara s’en tiendrait à l’accord UE-Turquie de mars 2016. Affaire à suivre…