De l’inscription de l’IVG dans la Constitution au statut des conseillers des Français de l’étranger, en passant par les élections européennes, la sénatrice écologiste des Français établis hors de France, Mélanie Vogel, revient sur les temps forts de la vie politique du pays et ses conséquences qui vont au-delà des frontières de l’Hexagone. 

Elle a été l’une des forces motrices de l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution en signant la toute première proposition de loi examinée par le Sénat sur le sujet en octobre 2022. Une proposition rejetée de peu. Il aura fallu batailler un an et demi pour que cette avancée fondamentale pour les femmes aboutisse. Résultat : mercredi 28 février 2024, le Sénat se prononce très largement en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution par 267 voix pour, 50 voix contre. « Une victoire écrasante » selon la sénatrice qui explique ce revirement par « une collaboration constructive et solidaire entre parlementaires (…) Il fallait qu’on avance ensemble, de manière transpartisane ». Un autre facteur déterminant selon Mélanie Vogel est l’étroite collaboration entre les élus et les associations féministes engagées dans ce combat qui ont été associées à toutes les décisions stratégiques. Enfin, grâce à la mobilisation de tous, le débat a fini par exister partout « y compris dans les foyers des sénateurs de droite qui étaient contre et qui à un moment ont ressenti une pression importante de la société. »

IVG : l’exemple français

Désormais, la France garantit la liberté de recourir à l’avortement, un signal fort envoyé également aux autres pays. Certains d’ailleurs souhaitent suivre l’exemple français. « Le lendemain du vote au Congrès, une partie du gouvernement espagnol a annoncé vouloir promouvoir une initiative similaire. J’ai des collègues au Portugal, en Belgique, en Autriche qui souhaitent s’engager dans la même direction (…) la simplicité et la puissance de ce message font que, dans d’autres pays, beaucoup ont commencé à se poser la question. L’IVG est-elle une option ou un droit fondamental ? Je pense que ça va faire tache d’huile. » 

Conseillers des Français de l’étranger, des élus de seconde zone ?

Par ailleurs, alors que le 7 mars dernier le Sénat adoptait une proposition de loi sur la création d’un statut de l’élu local, la sénatrice, à travers 12 amendements déposés, tentait d’améliorer celui des conseillères et conseillers consulaires. Accès à la formation, validation des acquis de l’expérience, prise en charge des frais pour assurer les activités liées au mandat… en vain. Les amendements n’ont même pas été discutés. « Ces élus n’ont pas toujours droit à la même considération de la part de l’Etat. Ce qui est problématique dans la mesure où ils sont élus au suffrage universel direct. De là, découle la légitimité démocratique (…) Ce texte souffre d’un angle mort majeur s’agissant des représentants des Français établis hors de France. » 

Les élections européennes de juin : le scrutin de la décennie

Enfin, dernier sujet et non des moindres, les élections européennes qui auront lieu entre le 6 et le 9 juin prochains. Un scrutin pour lequel la mobilisation n’est pas chose facile, d’autant plus quand une partie de l’électorat ne réside ni en France ni même au sein de l’Union Européenne. « L’enjeu de ces élections est existentiel. Le nouveau Parlement européen aura-t-il une majorité disposée à prendre des mesures suffisantes pour lutter contre la crise climatique, contre l’injustice sociale, pour garantir nos libertés (…) ou aura-t-on cette poussée de mouvements nationalistes ? » questionne l’élue. Par ailleurs, Mélanie Vogel rappelle que de nombreuses politiques européennes ont un impact direct sur la vie des citoyens français qui vivent à l’étranger. 

Le vote par internet pour faciliter la participation

Elle lance un appel aux électeurs pour qu’ils exercent leur droit de vote. Un geste qui pourrait être simplifié par le vote en ligne, la sénatrice n’y est pas opposée. « La responsabilité de l’Etat est de faire tout ce qui est possible pour faciliter l’accès au scrutin. Quand vous êtes toute seule à Belém au Brésil, c’est beaucoup plus compliqué que lorsque vous habitez à 400 mètres de l’école dans laquelle vous votez. » Et Mélanie Vogel de conclure : « Aucune difficulté technique ne devrait être un obstacle à l’exercice du droit de vote. »