C’est à l’occasion de la semaine de la francophonie, qui s’est achevée le 21 mars, que le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme et des Français de l’étranger – Jean-Baptiste Lemoyne – a rappelé que ce plurilinguisme sera l’objectif de la France, lors de sa présidence de l’UE.
Un moyen de renforcer l’influence et le pouvoir de la France, en renforçant « le statut, l’usage et le rôle de sa langue », selon la chercheuse en sociolinguisme à l’Université de Strasbourg, Olga Turcan. Ainsi, des actions concrètes, mais pas encore présentées, seront mises en place pour élargir la place et le rôle de la langue française dans le monde.
La feuille de route, présentée il y a 3 ans, par le Président de la République, est claire : « L’effort de soutien aux systèmes éducatifs des pays francophones d’Afrique » avait atteint 356 millions d’€ en 2020. Mais encore faut-il savoir si la France a prévu le même type d’investissements au sein de l’UE ? Notamment pour renforcer son pouvoir, son influence, et sa capacité de décision dans le cadre d’une organisation internationale.
Une stratégie qu’expliquait le Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes – Clément Beaune – sur Twitter, la semaine dernière. Selon lui, le Brexit et la présidence française de l’UE, doivent donner « un coup d’accélérateur à la pratique du français en Europe ». Cela pourrait notamment passer par la pratique du français « dans les réunions, dans les sommets, et le faire de manière plus offensive », selon Clément Beaune. Une vision largement partagée par Jean-Baptiste Lemoyne, qui avouait ne pas se résoudre à ce que la langue anglaise devienne l’espéranto, lors d’une interview à TV5 Monde. Il estimait même qu’« utiliser uniquement l’anglais est un appauvrissement total. »
Pourtant, la législation européenne reconnaît les 24 langues officielles des Etats membres, comme langues officielles de l’UE. Ainsi, les institutions ont le choix de la langue utilisée pour leur envoyer les textes, et les réponses sont rédigées dans la même langue, ensuite, comme le précise l’article 2 du Règlement de la Communauté Economique Européenne de 1958. Pourtant, seuls l’anglais, l’allemand et le français sont les langues de travail effectives au sein de la Commission européenne. Un document du Secrétariat général des Affaires européennes rappelle d’ailleurs que tous les agents publics français « doivent toujours privilégier l’usage du français, et veiller à ce que son statut de langue officielle et de langue de travail soit respectée ».
Cette présidence française de l’UE est donc l’opportunité de réaffirmer la place de la langue française dans les instances européennes. D’autant que selon les présidences tournantes, on a observé que la rédaction de textes en français, encourage celle de textes multilingues. Le taux de textes rédigés en français, avait ainsi doublé lors de la présidence française de 2008.