Ce mardi, les ambassadeurs des Etats membres de l’UE se sont réunis à Bruxelles, où les sirènes des convois diplomatiques n’ont pas cessé. L’avenir de milliers d’Afghans s’est décidé alors que Kaboul vit sa deuxième journée, comme capitale de l’Emirat islamique d’Afghanistan. 

Ce mardi, les Afghans qui ont de l’électricité ont vu une télévision d’Etat qui diffuse essentiellement des programmes islamiques, pré-enregistrés. Pour preuve, Maulvi Ishaq Nizami a repris ses fonctions de directeur des médias afghans qu’il occupait 20 ans auparavant. Tolo TV, 1è chaîne privé du pays, et très axée sur le divertissement, a cessé d’émettre ses programmes habituels. Et dans son journal télévisé, la présentatrice a interviewé un responsable taliban. Une ouverture en accord avec les déclarations des nouveaux dirigeants du pays. Une amnistie générale a été promulgué pour tous les fonctionnaires d’Etat, les appelant à retourner au travail dès ce mercredi. Des femmes ont également manifesté dans les rues de Kaboul.

Mais les Etats membres sont conscients des risques qui pèsent sur ceux qui ont collaboré avec les occidentaux. Ces-derniers et leurs familles seront donc pris en charge. Une large politique de visas a donc été décidé, et les vols ont pu reprendre avec le calme revenu à l’aéroport. Si la Belgique et la Pologne ont fait une liste des collaborateurs afghans sur 20 ans, l’Allemagne et la France ont saisi une liste de 1 000 personnes. La France dont ainsi rapatrié une centaine de collaborateurs et d’expatriés. Un pont aérien a ainsi été ouvert entre Kaboul et sa base aux Emirats arabes unis, dont les autres pays européens pourront profiter. 

Dans l’après-midi, un AirbusA310 à destination de Paris-CDG a décollé d’Abu Dhabi. 45 ressortissants français et de pays partenaires, exfiltrés de Kaboul, étaient à bord. D’autres rotations sont également prévus dans les jours à venir. 

L’Afghanistan étant revenu à l’organisation chassée 20 ans après les attentats de 2001, l’OTAN n’a eu d’autre choix que d’acter la nouvelle situation. Son Secrétaire Général – Jens Stoltenberg – a fustigé « l’échec des autorités afghanes » à s’opposer aux talibans. La Russie et la Chine, elles, enfoncent le clou devant l’échec mené par les Américains. Mettant en avant le bilan humain de deux décennies d’interventions américaines. En revanche, chez les alliés, un sentiment de gâchis s’est répandu. Lundi soir, Emmanuel Macron s’est, ainsi, adressé à « ceux qui ont combattu, aux familles des 90 morts et de ceux qui ont été grièvement blessés » en Afghanistan. Pourtant, des voix se sont élevées pour dénoncer des morts pour rien, comme le père d’un soldat français, décédé dans une attaque embarquée à Uzbin, il y a 13 ans aujourd’hui. 

L’onde de choc d’un retour aussi rapide s’est donc propagée dans le monde occidental, qui devra à coup sûr, s’interroger sur l’universalité de son modèle…